Tartare, fais moi frais

J’ai le courage de me lever de bonne heure et de partir jogger sous une chaleur déjà écrasante. Je retourne à la cité interdite, toujours avec de la musique pop dans mes écouteurs. Je me suis trimbalé de bonnes grosses daubes qui me donnent la pêche pour courir. Après le petit déjeuner, destination la Colline de charbon et la ville tartare. De l’hôtel, nous reprenons le chemin de l’entrée nord de la cité interdite via Wusi dajie. L’entrée de la colline de charbon est en face de la porte nord. L’ensemble ne devait faire qu’un du temps de l’empire. Nous prenons nos billets (4 Yuans) et grimpons au sommet. Nous arrivons au centre et une pagode se dresse, protégeant un immense bouddha scrutant la cité interdite. Il est midi, le soleil est au zénith. Le spectacle est inouï, instantané saisissant de la grande mutation de la ville, et offrant une vision imprenable sur la cité interdite qui brille au soleil grâce à la multitude de tuiles dorées sur les toits des pagodes et des murs. C’est également rassurant. Avant d’arriver à Pékin, nous pensions trouver une ville maculée de tours. Il restera in fine le centre historique, retapé massivement à l’arrivée des jeux olympiques.
Nous redescendons de la colline par le côté ouest. Cette colline est apparemment artificielle et fut élevée avec la terre provenant des douves lors des aménagements effectués au XV ème siècle. Tout est dicté par les impératifs de la géomancie protégeant le palais impérial au nord. En arrivant plus bas, nous trouvons une trentaine de personnes dansant en couple ou seules sur des rythmes chinois puis occidentaux. Nous sortons du parc pour nous diriger vers les lacs un peu plus à l’ouest, et commençons par l’île des Hortensias, promontoire artificiel que domine un dagoba blanc de type tibétain, emblème du lac et de ses passages. D’après nos lectures, il fut dressé au tout début des Qing (XVII ème) à l’occasion de la vite du Dalaï-lama, venu rendre hommage aux Mandchous qui remplaçaient les Mongols dans leur rôle traditionnel de suzerains. Je ne pense pas que l’actuel Dalaï-lama aurait le droit à un tel honneur de nos jours (gné). Je pense également qu’il faut éviter de porter des T-Shirt free Tibet dans Beijing. Même si nous avons l’impression d’être dans une ville comme les autres, il ne faut pas oublier que nous sommes dans une dictature communiste qui tente de se refaire une virginité en montrant son côté mercantile et clinquant occidental. Tout est fait pour endormir les habitants, et c’est bien fait. La plupart des sites historiques que nous visitons sont plus proches de Disneyland que du Louvre, car tout est retapé à l’identique. Statues, temples, parcs. Alors que sous Mao on détruisait tout ce qui était culturel, on reconstruit tout massivement, comme si rien ne s’était passé. On attribue les catastrophes culturelles aux neuf puissances colonisatrices présentes en Chine au début du XX ème siècle (UK, France, Japon…), mais on ne parle jamais des ravages du communisme et de la révolution culturelle ou tout ce qui était passé et culture était rasé ou détruit.
Après s’être baladé dans la forteresse circulaire, nous prenons le bateau pour traverser le lac Beihhai pour rejoindre la rive ouest et continuer notre visite. Nous arrivons au lac Qianhai et un panneau « Welcome to lotus Lane » nous attend. Nous le traversons et arrivons dans un endroit pseudo-branchouille débutant par un Starbuck (il y en a décidemment partout), et constitué d’une foultitude de café pour touristes bobos et Pékinois friqués. Le contraste est saisissant avec les hutongs qui subsistent encore derrière. Direction ensuite la tour du Tambour, et enfin la tour de la cloche sur Jiugulou daije. Il est 19 heures, nous sommes crevés et prenons un taxi pour rentrer à l’hôtel. Un passage salvateur par la piscine et direction le restaurant de la veille ou nous avions si bien mangé. On remange comme des porcs et roulons pour rentrer à l’hôtel.

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