Sentiment étrange (I)

J’ai parfois le sentiment d’être prisonnier: Il y a presque deux ans, j’ai fait une minuscule dépression. Avant cela, je ne pouvais pas comprendre Snooze. J’étais vidé. Je n’avais plus d’avenir. Je n’avais plus d’envie. J’étais triste, je n’avais plus de sentiment, et surtout, je ne savais pas pourquoi. Je me souviens avoir le cul sur le canapé, immobile, avec un regard de zombie fixant le mur en face. Snooze a trouvé les coordonnées d’un psychiatre dans le bottin en urgence. J’ai eu un rendez-vous dans la journée.
Seulement, je ne savais pas que ce genre de trouble ne pouvait pas être réglé rapidement. On ne peut pas prendre un comprimé et se sentir immédiatement mieux. Le médecin peut bien entendu prescrire une benzodiazépine ou même un anti-dépresseur. Les effets ne sont malheureusement pas instantanés. J’ai découvert que la psychiatrie n’était pas une médecine d’urgence.
Au fil des rendez-vous, mon état s’est amélioré. On sent quand cela va mieux. J’avais l’impression de vivre sur une balance. Je sentais alors que j’étais au milieu, en équilibre. La mauvaise période était derrière moi mais je sentais qu’un rien pouvait me faire basculer du mauvais côté. J’étais prudent. J’évitais toute tension. Au bout de deux mois, mon médecin m’a proposé de passer d’une thérapie à une analyse. J’ai accepté. Intellectuellement, j’étais tenté par cette nouvelle expérience. J’avais alors rendez-vous trois fois par semaine. J’en ai beaucoup discuté avec mon boss. Il a été d’un grand soutient.

J’ai parfois l’impression d’être prisonnier: C’est ce que j’ai découvert au début de l’analyse. Je suis prisonnier du temps, de mes obligations professionnelles, et de mon entourage. Je suis prisonnier de mon entourage. C’est bien plus qu’une forte impression. C’est certainement un choix. Je me sens responsable de ma mère et de ma grand-mère. Je suis enfin passé de l’autre côté, on l’on devient l’assistant, et plus l’assisté. Je me sens des responsabilités. Je souhaite qu’elles soient heureuses. Les appeler au téléphone ; descendre voir ma grand-mère en Auvergne, avoir des projets en commun. La vie sans famille est dure. Je n’ai pas de frère, de sœur, d’oncle ou de tante. Mon foyer est monoparental.
Je me force à aller déjeuner le dimanche midi chez ma mère. Je me force. C’est égoïste. Je devrais être heureux de passer quelques temps avec elle mais ce sentiment est en permanence gâché par le caractère répétitif et obligatoire de la situation. J’ai installé le rite du déjeuner dominical et je dois l’assumer maintenant. J’échappe quelques fois au rituel. Je sens alors que je la blesse. Ma mère m’a pourtant toujours affirmé ne jamais être possessive comme sa belle-mère. C’est un échec.

Dimanche dernier, j’ai déjeuner avec ma mère. La matinée est vite passée. J’ai pris mon vélo. Je me suis changé les idées. Nous avons discuté. J’avais ensuite rendez-vous avec Snooze, Alexandre, Caroline et Jérôme au loup blanc. Leur brunch s’est écourté et nous nous sommes finalement retrouvés face au centre Pompidou. Nous avons terminé à la maison. J’étais très heureux de les revoir.

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