Le marché aux tissus, le marché au thé et les nombres magiques

Nous avons décidé de consacrer cette journée à la visite des marchés. Nous souhaitions trouver un tailleur pour nous faire des costumes sur mesure. Nous avions déjà trouvé notre bonheur à Beijing. En deux petits jours, les costumes étaient prêts. Il était possible de choisir la forme, le nombre de poches, les boutons et la couleur de la doublure. Il fallait se rendre rue de la soie, un mélange de boutiques de tailleurs, de marchands de thé, de restaurants et enfin de fake market.


Le marché au tissu de Dongjiadu lu, situé dans la vieille ville au sud du Bund, est réputé pour ses boutiques de confection. Nous nous y rendons en taxi.
C’est un moyen de transport très pratique. On en trouve n’importe où et à n’importe quelle heure, il suffit de les héler. De nombreuses voitures sont climatisées, et prendre un taxi se transforme en moment de détente et de rafraîchissement. Face au siège passager se trouve le compteur qui est activé en basculant vers l’arrière un gros bouton. Certain conducteur Pékinois « oubliaient » d’activer le compteur et nous réclamaient plus de trois fois le prix de la course. A la fin de notre séjour, nous n’hésitions pas à activer nous mêmes le compteur. Pour indiquer la destination, il est prudent de se munir d’une carte. Même si vous présentez une adresse en chinois, on peut tomber sur un chauffeur ne sachant hélas pas lire.
A Shanghai, nous sommes toujours tombé sur des taxis honnêtes. Le prix minimum de la course est de 11 RMB et le compteur défile assez lentement. Nous en avons eu pour 14 RMB pour aller du nord du Bund au sud de la vieille ville. Contrairement à la capitale, le parc automobile est assez récent. On ne trouve pas de vieille Citroën BX. Le chic est d’être le propriétaire d’une voiture Volkswagen.
Les guides indiquaient que le marché aux tissus se trouvait au 118 Donjiadu lu mais notre chauffeur nous a conduit un peu plus au sud, au 399 LuJiaBang Road (Nancang street), devant un immeuble moderne de quatre étages.

Contrairement à la rue de la soie, les vendeurs n’essayent pas de vous entraîner dans leurs échoppes. Nous parcourons l’ensemble du bâtiment et tombons sur un tailleur proposant de beaux modèles (Huaxia Clothing Factory). Je m’étais fixé comme limite le prix payé à Beijing, 800 RMB par costume. J’avais pensé à apporter avec moi le pantalon d’un costume pour le faire copier. La vendeuse me propose 650 RMB par costume. Snooze se laisse également tenter. Nous commandons trois costumes et le prix passe à 550 RMB. Un supplément de 20 RMB nous est demandé car nous demandons de choisir la couleur de la doublure. Je commande également un pantalon noir et quatre chemises faites également sur mesure. Pour l’équivalent de 150 Euros, je renouvelle ma garde-robe. Tout sera prêt d’ici mardi prochain.
Nous décidons de nous rendre par curiosité du côté de Donjiadu lu et traversons la vieille ville. Comme attendu, l’ancien marché a été détruit et transféré sur LuJiaBang depuis le 4 avril dernier. Ici, aucun touriste. Les conditions de vie semblent très difficiles, mais personne ne semble malheureux.

Les gens vous sourient. C’est le dernier espace de vie réservé aux habitants modestes. Le quartier est déjà cerné par les tours et sa mort est certainement programmée. Les maisons ne font pas plus de deux étages. Des terrasses sont aménagées.

On trouve des éviers sur le trottoir. Des femmes lavent le linge et des enfants nous font des grimaces. Nous nous perdons dans le dédale de petites rues.

Certains endroits sentent un mélange d’urine, de bouffe et de merde. La chaleur et l’humidité n’arrangent rien. Ici, personne ne nous propose des bars à putes ou des massages. Le temps semble arrêté. C’est le vrai Shanghai qui s’ouvre à nous. Nous sommes très émus. Ce n’est pas de la pitié. Juste un mélange d’admiration et de compassion. Je n’arrive pas à décrire un tel sentiment.

Nous tombons par hasard sur le marché aux tissus de Waicangqiao Jie. On trouve ici tout ce qu’il faut pour confectionner des vêtements : du tissus, du fil, des boutons. On trouve aussi des marchands de chaussures. Je cherche des tongs, mais ils ne connaissent pas la taille 46 ici, mes pieds les font marrer.

Nous prenons à nouveau un taxi pour nous rendre au marché au thé sur Datong lu, au nord-ouest de la ville, juste derrière la gare centrale. Cette partie semble avoir été préservée du bétonnage mais pas pour longtemps.

Des marchands de thé se trouvent à l’extérieur, mais la plupart est regroupée dans le marché couvert qui ressemble à une petite artère du grand bazar d’Istanbul.

Des dizaines de boutiquent proposent de nombreuses variétés de thé. On choisit, on goûte, on se renseigne, on écoute. On marchande aussi. Nous pénétrons dans le marché. Les gens sont surpris de nous voir débarquer. Nous demandons conseil à un vendeur (peu parlent anglais). Nous recherchons une certaine sorte de thé vert au jasmin et du thé au litchi. Il nous fait goûter ses meilleurs crus et nous commençons à sympathiser. Il s’appelle Chen Xing Xin, mais son nom « occidental » est Candy car il adore tout ce qui est sucré. Son frère n’a pas encore de surnom. Il est tout petit. Nous lui proposons « Shorty » et il éclate de rire. Il aime également cuisiner. Il aime bien « Cookie ». Nous choisissons plusieurs sortes de thé. Candy ne vend pas de boîte, mais nous accompagne dans une boutique en vendant. Il nous explique que les chinois adorent les boîtes décorées en métal argenté car elles peuvent conserver le thé jusqu’à trois ans. Je lui explique qu’elle ressemble à des urnes funéraires et que je serai ravi de conserver aussi bien les cendres d’un proche pendant trois ans.
Nous recherchons également des petites tasses et des filtres en métal. Aucun problème. Une autre boutique propose tous les articles nécessaires à la préparation du thé. Candy est très bavard. Ca tombe bien, moi aussi. Nous discutons de tout et de rien. Il nous explique que certains chiffres sont très prisés comme le 8. Huit se dit « ba » en chinois (avec un accent grave sur le a). Et ba est proche de « fa » qui signifie chance. En gros, plus il y a de 8, mieux c’est. Les jeux olympiques de Pékin vont débuter le 8/8/8. La Jinmao Tower de Pudong s’élève sur 88 étages. Les chinois ne semblent pas adorer le 250 (« liang bai wu ») qui a une prononciation proche de « personne étrange » en chinois. Le 4 n’est pas plus prisé. Cela ressemble à « fou ». Et très peu d’articles sont proposés par 4. Candy nous donne de nombreux échantillons à tester à notre hôtel. Nous comptons bien repasser lui acheter du thé blanc et d’autres thés parfumés. En sortant, je ne résiste pas à une glace au lait, mais il faut vite la manger avant de se la prendre sur les chaussures.

La soirée est classique. Nous dînons dans un restaurant proposant de nombreuses variétés de nouilles. En sortant, un vélo se fait renverser par un taxi. Il faut bien comprendre que les chinois roulent comme des tarés et ne respectent pas toujours les feux. Ainsi, une voitures s’arrêtera-t-elle à un feu rouge de carrefour uniquement si elle compte le traverser. Si par contre elle souhaite tourner à droite, le feu rouge n’existe pas, et on se fait très facilement tailler un short. Même chose pour les vélos et les scooters.
Ici, le cycliste est à terre et ne semble pas bouger. Personne ne vient à son aide et c’est tout juste si les autres cyclistes ne lui roulent pas dessus. Ils lui font de plus comprendre qu’il fait chier tout le monde en étant allongé sur la chaussée. Il comprennent tous qu’il a eu un accident mais klaxonnent par principe. C’est vraiment marche ou crève.

Nous n’avons qu’environ 500 mètres à parcourir entre le restaurant et l’hôtel et pourtant on nous propose une bonne vingtaine de fois des « massââââges » et des « bars à putes ». Des femmes vendent des langues de belle-mère sur le trottoir ainsi que des roulettes à fixer sous les chaussures. Je me laisse bien évidemment tenter (marchandage honteux à 20 RMB). C’est le casse-gueule le plus total. Snooze les essaye à l’hôtel et tombe directement en arrière sur le cul en se tordant le poignet.

Je ne suis pas certain de les ramener à la maison.

6 commentaires sur “Le marché aux tissus, le marché au thé et les nombres magiques

  1. @ Bouhouuuuuuuuu j’aurais du partir moi aussi a cette periode car en temps que mauvaise patriote et n’aimant pas bcp le foot; je vis un calvaire. Si je ne tue pas un supporter avant lundi 10 juillet lendemain de la finale ( car la France va gagner) ce sera un miracle .
    Dis roidetrefle tu peux marchander pour moi un sac Vuitton s’il te plait……

  2. SI je te disais qu’il s’interessent au foot egalement. Aujourd’hui on pouvait lire dans les journaux des titres comme « French revolution », « France a step away from final » ou « England and Brazil struck down by curse of big Phil and Zizou » :jittery_tb:
    Quant au sac Vuitton, je vais voir ce que je peux faire mais l’a police a fait une descente dans le fake market juste apres notre passage…

  3. Alors impression de mi-chemin…Shangai ou Pekin??
    Au fait, il fait tres chaud ici aussi! Adieu les saucisses cocktails, bonjour les saucisses de Morteau…et si ca continue, pour votre retour je fais honneur a nos origines auvergnates…j’adopte l’integrale Bibendum Michelin!
    Bisous…eclatez vous bien mes chouchous….

  4. Impression a mi-chemin: je crois que ce n’est pas comparable. On va a Pekin pour les spots « historiques », la grande muraille, la cite interdite, et on va a Shanghai pour surtout le business (ce qui n’est pas notre cas) mais aussi pour se plonger dans un autre monde bien loin de celui de Paris. C’est ultra speed, il fait 35??ᬨ? depuis cinq jours et c’est aussi humide qu’a Mahe, on passe de Manhattan aux quartiers insalubres, d’un temple bouddhiste a un sex-shop…
    Par contre, la nourriture est bien meilleure et plus variee que dans la capitale…ouf!

    Je crois aimer les deux.

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