J’en ai marre d’avoir un spoutnik qui fait bip-bip dans la tête

Cela fait environ une dizaine d’année que je souffre de maux de tête. Entre simple mal de crâne, céphalée, migraine, mon cœur balançait. J’étais persuadé d’être rentré dans la secte des migraineux. Mes douleurs étaient pulsatiles, unilatérales, intenses, sans aura et parfois accompagnées de nausées. Je me nourrissais donc allégrement d’aspirine, de paracétamol, d’ibuprofène ou de triptans. Les crises ont évolué avec le temps. D’un simple événement ponctuel, les crises se sont allongées et pouvaient durer plusieurs semaines. Plusieurs événements quotidiens le jour ou la nuit, une céphalée de tension permanente, l’impression d’avoir un spoutnik greffé sous la tempe, et une douleur, de plus en plus présente. Une douleur montant en puissance. L’impression d’avoir une aiguille enfoncée derrière l’œil. Une envie de se taper la tête contre un mur.
Mes migraines ont duré près de dix ans jusqu’à la fin de l’année 2004. Et depuis, plus rien. Jusqu’au 15 août dernier. Aucun moyen de me débarrasser de cette fichue « migraine ». Les crises étaient régulières, à heure fixe, jusqu’à quatre fois par jour. Les plus douloureuses étaient les nocturnes. Douloureuses et épuisantes.
Je commençais à m’inquiéter sérieusement. Mes proches et mon entourage professionnel gorgé de bobologues m’invitaient à aller consulter un spécialiste mais je n’osais pas enclencher la machine de peur de me voir diagnostiquer une saloperie. Kyste, méningiome, gliome. J’avais peur que l’on découvre un syndrome tumoral. Cette peur était irrationnelle mais bien présente.

Je me suis donc rendu aux Urgences Maux de tête à Lariboisière. Ce n’était pas une urgence car je n’étais plus en crise, les événements durant environ une heure. C’est une des raisons qui me poussait à ne pas m’y rendre, de peur d’y aller pour rien. J’avais tout faux.

L’hôpital de Lariboisière est situé derrière la gare du Nord. Le service d’urgences ressemble, comme beaucoup d’hôpitaux, à la cour des miracles. Un patient se chie dessus, un alcoolique vomit, le service de sécurité est appelé pour maitriser une personne agressive. C’est le lot quotidien des urgences. J’ai eu la chance d’y travailler il y a quelques années et je me suis vite souvenu de la rudesse des nuits passées à la Pitié et des week-ends très agités en particulier.

Un comptoir est spécialement réservé aux maux de tête. Un agent vous prend rapidement en charge et vous dirige vers le service des admissions. En quelques minutes vous obtenez un visa magique pour pénétrer dans le service du bonheur. On oublie rapidement les cris et l’agitation du hall d’accueil. Ici, tout est calme et insonorisé. Aucune lumière agressive. Les néons sont bleus, c’est le paradis.

Un infirmier fort sympathique vous prend immédiatement votre tension et votre température et un spécialiste accompagné d’un interne vous prend en charge. Même si la fonction d’un CHU est l’apprentissage des futurs médecins, il est parfois difficile d’entendre le spécialiste décortiquer votre cas en direct live en utilisant des abréviations que vous connaissez par cœur et demander à l’interne ce qu’il en pense. Il est également pénible d’entendre « ah, vous faites une description bien technique, vous devez passer beaucoup de temps sur internet à vous renseigner » et de se forcer à ne pas balancer un SCUD du genre « ta gueule connasse, le Vidal, c’est moi qui l’écrit ».

Globalement, la consultation se passe bien et le spécialiste semble très compétant et rassurant. Je lui parle de mes craintes et il me répond que la plupart des patients est persuadée que les maux sont provoqués par une tumeur. Quinze petites minutes sont nécessaires pour obtenir un scanner, chose rare à l’AP, et un bilan sanguin est réalisé. J’ai vraiment flippé pendant quelques minutes, mais ma charmante spécialiste s’est précipitée sur les images et m’a fait un clin d’œil. J’étais immédiatement rassuré. Quelques minutes plus tard, elle me décrit ma maladie et le traitement et m’explique comment gérer les crises. J’ai toujours mal mais suis enfin rassuré.

Tout ça pour quoi ? Et bien tout simplement pour inviter tous les migraineux à se rendre dans ce service extraordinaire qui changera certainement leur vie et pour féliciter l’AP-HP d’avoir osé monter une telle structure.

20 commentaires sur “J’en ai marre d’avoir un spoutnik qui fait bip-bip dans la tête

  1. Je sais que tu as raison, je sais que je devrais y aller. Mais la peur est la plus forte et je redoute (c’est en l’ecrivant ici que je percois a quel point c’est vrai) de recevoir la punition de ma tabagie : un diagnostic fatal. 🙁

  2. He bien tu me donnes une idee? Je ne suis pas migraineuse pour un sous, ni meme deux d’ailleurs. Mais Ma fille ainee l’ai et de facon terrible parfois. Je savais que ces urgences existaient a Paris, mais je ne savais pas o??⬨?. La prochaine fois, je l’emmene la bas.
    Merci

  3. Merci. C’est note. Je sais o??⬨? j’irai a la prochaine. Je sais que ce ne sera surement pas mon intention sur le moment mais aujourd’hui, je le veux. Marre de cette douleur.

  4. On oublie souvent les deux autres composantes de la douleur : la fatigue et la peur.
    Mes voeux de retablissement. (Mais je croyais que le coca, c’etait bon contre la migraine :dunce_tb: )

  5. dommage qu’un tel service ne soit pas en place dans notre belle metropole (lille)
    Cependant moi mon medecin gere ca tres bien on surveille chaque annee par un scaner et une consultation neuro (en effet pour moi les migraines sont liees a une tumeur benine infra centimetrique) on a quand meme mis 16ans pour le decouvrir puis comme tout malade chronique on finit par oublier de se soigner…

  6. @ Madeleine: « Truffade en ete, amitie assuree » c’est mieux, non?
    Un hypotenseur pour la cephalee de fond a prendre jusqu’a 15 jours apres la derniere crise et un triptan injectable pour la crise. Pour l’instant, je n’ai plus mal, mais cela peut revenir demain comme dans 5 ans…

    @ Cecilou: Moi, je suis certain que nous allons acheter du J dans quelques semaines, he he he…

    @ Arnaud: A??⬨?

  7. Tu decris la un bel exemple de notre incompetence en medecine : la gestion de la douleur, son evaluation et son traitement. Heureusement que tu as pu beneficier d’une telle structure, inexsitante en province.
    Toujours est-il que ce dont tu souffres est une des pathologiques les plus algiques qui existent. Ils t’ont donne de l’oxygene a haut debit ? C’est ce que je pensais qu’on preconisait en cas de crise.

  8. Ping : Le Poupouning

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