Par Céciloo Zonzon, grosse dondon rose bonbon.

Combien de fois ai-je-entendu depuis sept ans cette phrase de la voix faussement enjouée de la dame de France Télécom ? Cent, deux cents, des milliers peut-être. Pourtant aujourd’hui elle résonne totalement différemment : ce n’est pas vers mon portable que je viens de faire le transfert d’appels de mon cabinet mais vers celui de Jean-Guimauve.
Et oui, me voilà en congé maternité. Je ne vais pas voir de patients pendant plusieurs mois. Sur le papier, cela sonne plutôt bien. Cependant, je ne peux m’empêcher d’avoir une petite boule au creux de mon estomac. Allez, j’arrête mon cinéma… Je rentre tranquillement à la maison et je profite de ma première après midi de femme au foyer. Un petit repas tranquillou. Avant de partir, je pense à étendre les 8 bodies, 5 dore-bien, 15 bavoirs, le bonnet, les mini-chaussettes, les 4 brassières, juste au cas où.

Car il y a trois jours je me suis fait une petite frayeur : après une série de contractions bien plus balèzes que d’habitude, je suggérais sans trop y croire à Jean Guimauve que j’allais peut-être accoucher. Ce qui me valut une séquence de réanimation de l’heureux futur papa qui, blanc comme un linge, s’est écrié :

« Ah non pas aujourd’hui, je ne suis pas pret. Va t’allonger »

Je me suis vraiment sentie soutenue et me suis dit qu’il fallait vraiment préparer la valise. Réglons définitivement les questions pratiques car va y avoir du boulot question préparation paternelo-émotionnelle. Je décide donc de m’attaquer à la préparation de l’appartement qui pour le moment est parfaitement adapté à deux trentenaires pouvant recevoir leurs potes pour une soirée pizza-mojitos-cigarettes-qui-font-rire, plutôt qu’un transat ou même une couche culotte. Ma semaine s’écoule donc entre les cartons pour la cave, le classement de papiers, les lessives, l’huile de lin sur les parquets, le montage de la table à langer et du lit du bébé, les lessives (oui, oui…encore), la préparation de la fameuse valise (et ses non moins fameux slips filets qui réduirait le sex-appeal de Pamela Anderson à celui de Maité en deux secondes….), les lessives (…), les petits plats pour Jean-Guimauve (c’est la moindre des choses il prend soins de mes patients …).

Et là…..c’est le drame !

Vendredi matin, petit déjeuner avec mon chéri avant qu’il parte au boulot. Je sens monter une irrésistible envie de pleurer. Tiens bon…aïe , aïe, aïe….rien à faire… C’est bien là… J’éclate littéralement en sanglots…de gros sanglots qui partent du bas du dos remontent tout le long de ma colonne vertébrale pour surgir par mes yeux, mon nez, ma bouche …Sarah Bernard n’a qu’a bien se tenir…je m’auto-fais peur devant une telle réaction. Jean-Guimauve pétrifié bouche ouverte devant une tartine qui vient de stopper sa course tente de se remémorer le numéro de téléphone du Samu Psychiatriques… Just in case !

« Non, mais tu comprends…snif…j’ai pas vu le jour de la semaine…snif…et puis je vais en reprendre pour quelques mois encore…snif…je crois que ma réaction est un peu excessive…snif…peut-être les hormones de ces derniers mois condensées …snif…, mais je suis pas faite pour être une desperate housewife ».

Je sens qu’il est grand temps d’accoucher ou mes crazy-hormones vont finir par faire fuir l’heureux futur papa.

En attendant, j’ai une lessive à étendre.