Octobre rouge et Novembre bleu ?

Cent trois Américains ont été tués le mois dernier en Irak. Beaucoup prédisaient un enlisement et une vietnamisation du conflit déclanché par le gouvernement républicain américain. C’est chose faite. Le dictateur va être pendu, mais la situation empire de jour en jour. Ces 103 morts ont peut-être enfin permis de faire prendre conscience aux citoyens américains les plus radicaux du merdier dans lequel leur président les avait plongés. Merdier diplomatique mais également économique. L’Amérique vit de plus en plus à crédit. Même si le chômage est près de deux fois inférieur au notre, il y a de plus en plus de pauvres. Les déficits sont devenus abyssaux. Chose impensable il y a quelques années : la Chine communiste est devenue le principal bayeur des Etats-Unis. Le système est au bord de l’implosion. Et tout le monde va trinquer.

La Chambre des Représentants a enfin basculé. Les choses vont peut-être commencer à changer après ces élections. Mais ne vendons pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Même si le parti de Bush est affaibli, son équipe reste toujours aux commandes. Et souvenons nous que Bill Clinton n’a jamais été aussi populaire qu’après le raz-de-marée Républicain de 1994. Les Républicains refusaient de voter les projets de Clinton et bloquaient toutes les dépenses. Résultat : les comptes ont vite été assainis et les déficits budgétaires supprimés, avant que Bush n’arrive au pouvoir.

Cependant, quelques jours avant les élections, le clan Démocrate était bien optimiste. Il se murmurait déjà dans les couloirs du Capitole que Nancy Pelosi, l’actuelle chef de file de la minorité Démocrate, pourrait présider la chambre des Représentants.

Les élections ne sont pas aussi simples qu’en France. On ne choisit pas qu’un seul représentant. Les « Midterms » permettent (i) de renouveler entièrement la chambre des députés, (ii) un tiers du Sénat, (iii) 36 sièges de gouverneurs (dont 22 actuellement aux mains des Républicains), et enfin (iv) de se prononcer sur 208 référendum spécifiques à chaque Etat. Les démocrates doivent-ils ainsi prendre aux Républicains six sièges au Sénat et 15 à la Chambre des députés pour pouvoir imposer leur politique.
Les référendums font partie de la vie des Américains. On vote souvent car le pouvoir, contrairement à la France, est assez décentralisé. On vote pour tout et n’importe quoi. On s’exprime. C’est la démocratie. Les électeurs ont notamment eu à se prononcer sur l’interdiction de l’avortement ou du mariage entre homosexuels. On connaît les Etats. Toujours les mêmes.

Aucun incident majeur n’est venu perturber les votes, même si les élections ont mal débuté dans l’Ohio où des incidents ont été enregistrés avec des machines à voter électroniques dans une école primaire d’un quartier noir à majorité démocrate. Comme en France, certaines circonscriptions ont été redessinées afin de favoriser le candidat Républicain sur place. Qu’importe. L’électeur n’a pas semblé être dupe cette fois-ci.

Mais je me pose toujours la même question. Pourquoi les représentants démocrates n’usent-ils pas des mêmes armes que les Républicains, parti n’hésitant pas à fouiller dans les poubelles, sortir des histoires sordides de coucherie et ainsi démolir l’adversaire. Justement peut-être parce qu’ils sont Démocrates. J’aime penser que ce parti a plus de conscience. Je suis bien naïf, le passé a démontré le contraire. Survivre dans la jungle politique américaine nécessite de posséder une carapace associée à des dents pointues et des griffes acérées.

Et maintenant ? Que va-t-il se passer. Dans tous les cas, la prochaine majorité aura pour but de favoriser les intérêts américains, financiers et diplomatiques, en sortant le plus dignement possible du marasme Irakien. On parlera sans doute d’alliance nationale. Les Démocrates devront également préparer les prochaines élections présidentielles. Le risque de ces deux prochaines années serait qu’il ne se passe rien de bien excitant, à l’instar de la France en période de cohabitation. Côté Républicain, on a deux ans pour brûler les dossiers trop compromettants et enterrer les cadavres.

Et si les Démocrates allaient jusqu’au bout, en déclanchant une procédure de destitution du Président ? Bill Clinton avait frôlé la sortie pour une histoire de gâterie et de cigare. Georges W Bush risque plus gros. On peut facilement lui reprocher sa gestion calamiteuse de la crise Irakienne, les centaines de jeunes vies perdues inutilement, mais également le retard à l’allumage désastreux après le passage de l’ouragan Katrina en Louisiane.

L’impeachment est possible. Ce serait un juste retour de bâton.

3 commentaires sur “Octobre rouge et Novembre bleu ?

  1. Je ne pense pas que les Democrates iront jusque la….ils vont preparer les elections presidentielles de 2008, la facile reelection d’Hillary C a NYC va lui donner des idees.
    Rhalala si mon homme n’etait pas aussi frileux , j’emigreraiss ans regrets, vers ce pays qui me fascine tant

  2. Aujourd’hui est un bon jour. D’abord une bonne claque pour Bush et son equipe. La demission de Donald Rumsfeld, encore une bonne nouvelle.
    Enfin une prise de conscience des Americains. S’ils avaient pu agir ainsi il y a deux ans, et ne pas reelire Bush cela aurait ete encore mieux !
    A bientot.

  3. @ Queeny: Je pense malheureusement que tu as raison…

    @ Fauvette: Oui, c’est un bon jour, meme si finalement on peut regretter le faible nombre de personnes ayant vote et ces resultats qui, meme s’ils donnent la majorite aux Democrates, ne sont pas vraiment ecrasants avec un Senat divise en deux et une avance de 30 sieges a la Chambre des representants…

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