La première fois que je loue une chambre dans un motel pourri, que je pique une tête dans le golf du Mexique…

… et que j’assiste à une parade de Noël en compagnie d’une bigote hystérique.

Oui, je me la joue triplement à la Fcrank aujourd’hui (j’ai demandé la permission, oui M’sieur Dames).

J’ai fait le plein de premières fois sur la côte ouest de la Floride en décembre dernier.

Suite à notre périple au pays des parcs d’attractions, nous avons décidé de quitter Orlando de très bonne heure et de longer la côte ouest. Notre voyage a débuté par Tampa, ville industrielle sans grand intérêt, puis par Sarasota et enfin Venice. La côte Ouest nous a semblé être très différente de la côte Est.
C’est le lieu de villégiature de nombreux retraités et tout est conçu pour leur confort. On y trouve de nombreuses résidences privées composées de villas indépendantes, de services médicaux et de services de sécurité. C’est également un endroit riche en Golfs. Bref, le retraité s’installe ici pour finir ses jours sous un doux climat et en toute sécurité. L’ambiance est assez flippante et on a l’air de traverser un mouroir de luxe. Le fondateur de Domino’s Pizza vient même d’y bâtir une ville sécuritaire exclusivement réservé aux catholiques. On achète une propriété et on attend la grande faucheuse. Ambiance.

Nous avons décidé de nous installer pour la nuit à Naples suite aux conseils du guide du routard. Un de mes fantasmes était de me la jouer Bonnie and Clide et de dormir une nuit dans un motel typique américain et je n’ai vraiment pas été déçu. Le guide conseillait le « Sea Shell Motel »,

« un gentil motel nickel égayé par des palmiers et des bougainvilliers. Chambres au confort standard (climatisation, télévision, sans oublier frigo et micro-ondes pour les plus chères. Préférer les logements entourant la grande piscine, moins bruyants. Une bonne adresse à deux pas de l’animation et des restaurants du vieux Naples »

Bonnie, c’était moi, le flingue en moins.

Notre voiture rouge Saturne faisait de nous des rebelles. Nous nous sommes garés, sommes descendus l’air terriblement viril et avons demandé à l’accueil s’il restait une chambre face à la piscine.

La tenancière avait la clope au bec et son bébé à la main. Elle nous a regardé bizarrement et nous a demandé si nous travaillions dans l’architecture ou le design. Cela devait être la question type pour demander si on était pédé dans la région. A Shanghai, le code était:

« have you seen Brokebake Mountain ? »

En fait, toutes les chambres donnaient sur la piscine. Quant au côté « nickel », la chambre était crade, très bruyante, et surtout très chère (le prix de la chambre à partouze). Le réfrigérateur dégageait une odeur étrange et inconnue sur Terre et faisait le bruit d’une moissonneuse-batteuse, l’hygiène de la salle de bains était douteuse et je n’ai pas eu envie de mesurer la quantité de bactéries pathogènes gravitant autour de la lunette des toilettes.
Mon compteur interne vibrait et m’indiquait 12 sur l’échelle cradingue (échelle ne comptant que dix niveaux). La Bree van de Picpus qui sommeille en moi n’a pu résister à l’envie de courir au WalMart (le carrefour local) le plus proche de l’hôtel afin d’y acheter une réserve de lingettes tueuses de germes. C’était une question de vie ou de mort. Snooze était consterné.

La chambre nous a réservé d’autres surprises. Un néon géant flashait en permanence sur la fenêtre de notre chambre (sans rideau), les éboueurs sont passés en plein milieu de la nuit et un jardinier est venu tondre la pelouse à 6h00 du matin. Petite précision : le jardinier n’avait rien à voir avec le tondeur de pelouse(s) de Desperate Housewifes. Il était vieux, moche et bedonnant.

L’hôtel était situé à dix rues à l’est de la plage. La baie de Naples (prononcer nai-peu-l’s) est magnifique (et vide en cette saison). De nombreux retraités font leur footing ou pêchent sur le grand ponton. La plage est bordée de luxueuses villas.
La mort est un business. En même temps, la cité est pleine de vieux (et d’oranges) bien mûrs. Une bonne partie du mobilier urbain est donc sponsorisée par un ex-habitant, ça sent donc le sapin.

Une colonie de pélicans a trouvé refuge dans la baie. Ils ne sont pas sauvages et semblent parfaitement cohabiter avec les habitants et les touristes. Ils représentent le symbole de la ville.

Nous avons profité de belles éclaircies pour lézarder sur la plage et nous baigner dans le golf du Mexique. Le bain fut tonique et vivifiant, la température de l’eau étant à peine plus élevée qu’en Bretagne en été (c’est à dire toujours très basse). Je suis vite sorti de l’eau, avec la classe et le déhanchement de Ursula Andress dans James Bond contre Docteur Nono. Snooze s’en moquait. Il jouait encore avec sa fichue fichue PSP.

La ville est riche et le montre. Elle possède sa cinquième avenue, constituée de magasins de luxe et de restaurants branchés. Toute la petite communauté était bien excitée. Une parade de Noël était prévue en fin d’après-midi sur cette grande et belle avenue, et nous avons été invités à nous installer en compagnie d’autres badauds sur un bord de trottoir.
C’est une autre facette très sympathique des Américains. Ils entament facilement la conversation avec des inconnus, vous parlent de tout et n’importe quoi et adorent le plus souvent l’accent français (sooo cheerfull). La conversation peut s’éterniser s’ils ont déjà mis les pieds en Europe.

Nous pensions voir défiler le Père Noël et ses lutins. Cette parade donnait en fait l’occasion à toutes les communautés visibles et morales de défiler, de souhaiter un joyeux Noël et de distribuer des confiseries à tous les spectateurs. Nous avons ainsi vu défiler le Sénateur, le Maire, le Shérif, la chorale, les pom-pom girls, la fanfare, l’association des joueurs de golf, les retraités, les paralysés, les accidentés de la route, les joueurs de football américain, les pompiers, les différentes églises, les pêcheurs, plus d’une heure de défilé au total.
Une espèce de Tati Danielle bigote n’hésitait pas à pousser les enfants afin de récupérer les confiseries lancées depuis les chars. Une véritable salope.

J’étais très fier d’avoir récolté autant de cochonneries (notez que la paroisse distribuait des pièces en chocolat customisées). Nous avons fini la soirée par un suicide alimentaire dans un « Diner » situé à quelques blocks de notre motel tout pourri.

Et bien croyez moi ou pas. C’est bon de se faire exploser la panse.

8 commentaires sur “La première fois que je loue une chambre dans un motel pourri, que je pique une tête dans le golf du Mexique…

  1. Une bonne adresse à deux pas de l’animation et des restaurants du vieux Naples

    vous auriez pu vous douter que ce guide était pourri… ils ne savent même pas que Naples est en Italie et pas en Floride :blink_tb:

  2. Sympa la chambrette du motel des Souillons ! J’espère que Gloaguen va te rembourser ton Guide du Routard !
    Mais en vacances, tu pourrais oublier ton côté Bree quand même ! De l’aventure, de l’aventure roidetrefle Cracra !
    Et en plus tu piques les bonbecs des petits nenfants américains ! Oh.

  3. @ Nono: Rhaalala c’est americains…ils pensent même que Paris est au Texas, les Cons

    @ Fcrank: Nan, pas question!

    @ Fauvette: Impossible de virer Bree…je suis possédé…au secours Fauvette!

    @ Miz: ui…Snooze et son côté Monsieur Propre…et encore, j’ai l’impression qu’il a quand même dégonflé, non? :laugh_tb:

  4. j’ai connu des hôtels bien pires au costa rica, le genre avec des cafards dans les toilettes et les cabines de douche… Mais bon, pour 3 euros la nuit, on s’attendait pas à beaucoup mieux!

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