Frau Muller est une grosseu zalope

Quel est l’imbecile qui a propagé la rumeur affirmant que les classes d’Allemand première langue étaient les meilleures? On m’a exporté par la faute de ce couillon deux fois par an en Allemagne pendant toute ma scolarité. A l’époque, on parlait encore de République Fédérale d’Allemagne. Manque de chance, j’ai eu beaucoup de mal à accrocher avec les études en général et avec la langue de Goethe en particulier. J’étais en pleine période Ugly Betty et je passais plus de temps à m’empiffrer et à rêver au fond de la salle qu’à apprendre mes déclinaisons. J’ai donc eu la joie de redoubler ma 5ème (oui, je sais, c’est franchement la honte :blink_tb: ). Je faisais le désespoir de mes professeurs qui pensaient très sérieusement à m’orienter vers un BTS charcuterie. J’ai eu très chaud aux fesses.

Mes parents ont donc été obligés de prendre le taureau par les cornes. Il fallait réagir vite. La solution a été rapidement trouvée. Je devais m’immerger dans une famille Allemande. C’était très simple sur le papier. Un peu plus compliqué en réalité car nous partions toujours en groupe et ne pensions qu’à une seule chose, nous retrouver entre français et faire les 400 coups. Le premier séjour fut donc en demi-teinte. Echec linguistique total mais premières impressions du pays très positives. C’était la première fois que je partais seul sans un membre de ma famille. C’était donc la fête du slip dans le Schleswig-Holstein tout près de Hambourg. Nous allions à l’école le matin et passions nos après midis le cul dans la Baltique. Chouette été.

L’hiver suivant fut plus austère car j’ai atterri dans la Sarre chez une famille catholique pratiquante. Nous passions notre temps à prier et à nous rendre à l’église. Le chef de famille était sous-préfet affilié à la CDU. Michael, le fils ainé, parlait parfaitement le français. Je n’ai donc pas beaucoup progressé pendant mon séjour mais j’ai vraiment sympathisé avec la famille. Ma mère est venue nous rejoindre et j’ai pris l’habitude de leur rendre visite tous les hivers. Mais j’ai vite découvert une autre facette des voyages linguistiques quelques mois plus tard en me rendant dans les environs de Cologne.

Ach Cologne, cholie peutite fille te Rhénanie tu nort trafersée par le Rhin et totée d’une colossale cathédrale abritant les reliques des rois mages. Ach, Cologne, Patrie de la famille Tenardier Muller et de leurs 14 enfants. Frau Muller portait la culotte. Elle me faisait très peur. Son regard était glacial et elle passait son temps à crier un martinet à la main. Son mari était plutôt absent et ne m’a jamais adressé la parole. Ce charmant couple avait adopté de nombreux enfants et faisait office de famille d’accueil pour d’autres. Dans la journée, la mère Muller était nounou. Cerise sur la forêt noire, ils avaient « convié » trois français en même temps. Nous étions donc 17 mouflets au total. Nous n’avions aucune intimité. Tous les garçons dormaient dans un dortoir sous le toit et chacun préparait son repas, principalement constitué de chips, de pain de seigle et de Nutella. C’était génial. Nous bouffions n’importe quoi n’importe quand. Si un résident n’était pas sage, il était puni et enfermé de longues heures dans un placard à la cave.

Le fils ainé nous (les trois français) avait pris sous son aile. Il venait d’être majeur et avait un poste d’agent hospitalier. Lui seul possédait une armoire fermée avec un gros cadenas. Elle était remplie de fioles bizarres et de trucs tranchants ramenés de son lieu de travail. Il nous demandait parfois de venir le chercher. Il nous ouvrait alors les portes du local à ordures de l’hôpital. Notre rôle était clair. Nous devions ouvrir un maximum de sacs et récupérer seringues usagées et autres instruments rigolos. Un fois rentrés, nous jetions tout dans la baignoire et lavions méticuleusement notre trésor. C’était en plein milieu des années 80. Ma mère aurait été ravie de voir son fils infecté par le VIH ou une jolie hépatite en rentrant à la maison. Ambiance.

J’ai passé quelques heures dans la cave après avoir supplié d’appeler ma mère. J’ai réussi finalement à m’échapper de la baraque et à rejoindre le bureau de poste le plus proche afin de passer un coup de fil en France. Cela faisait une dizaine de jours que je végétais chez les dingues. Ma mère a débarqué le lendemain par le premier train et a soufflé dans les bronches de la vieille Muller. Elle ne parlait pas un mot d’allemand mais certaines expressions sont heureusement universelles. Police et polizei sont deux mots très proches.

Encore une fois, je n’avais pas progressé en Allemand.

Mais qu’est-ce que j’avais pu bouffer comme Nutella! :king_tb:

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