L’important, c’est la santé

La pièce centrale de notre appartement est la cuisine. C’est la raison pour laquelle nous avons acheté si rapidement dans le dixième arrondissement. J’ai toujours considéré cette pièce comme principale. Tout d’abord pour une raison technique. Lorsque nous étions étudiants, nous vivions dans un petit appartement constitué d’une chambre et d’une cuisine. La chambre faisait également office de salon, bibliothèque et salle de jeu. C’était le territoire naturel de Snooze, déjà rongé par l’épilepsie et l’hyperactivité à force de passer ses nuits à jouer avec ses consoles. Je me suis donc vite retranché dans la cuisine, transformée pour l’occasion en bureau. Si Snooze accaparait canapé et télévision, je régnais en monarque absolu sur le réfrigérateur et la cuisinière, instruments hautement stratégiques pour rendre un mari docile et aimant et le forcer ainsi à rester la maison. La cuisine est avant tout ma pièce préférée car elle représente un endroit convivial et chaleureux ou il fait bon recevoir ses amis.

Tout comme ma mère et mes grands parents maternels, j’ai vite éprouvé le besoin de stocker de la nourriture. Les placards de Picpus regorgeaient de denrées et le réfrigérateur américain nous permettait de stocker un bœuf dans le congélateur. Notre nouvelle cuisine nous offre heureusement la possibilité de conserver une plus grande quantité de réserves. Nous pouvons dorénavant résister à une invasion chinoise sans le moindre problème. Snooze est horrifié lorsqu’il ouvre les placards et tombe sur des kilos de pâtes alimentaires et de riz, des dizaines de pots de confiture ou sur ma réserve de sucreries. Il n’est jamais tombé sur ma planque de chocolat et autres confiseries située dans un placard collé au plafond, inaccessible pour une personne mesurant moins d’un mètre quatre-vingts.

C’est en lisant un récent billet publié par l’excellent Marcel Dugomier (blogueur turbinant sous mac OS 7.3 et surfant toujours sous Netscape 2.0) que je me suis aperçu, horrifié, que je n’éprouvais pas seulement le besoin de stocker de la nourriture, mais de stocker tout court. Lorsque nous recevons des amis dans le salon, ils prennent généralement place dans le canapé ou dans un fauteuil. Certains s’assoient même sur une grosse boîte en bois recouverte d’un coussin. Ils n’ont pas idée qu’ils ont le cul posé sur une arme de destruction massive. C’est une boîte magique contenant plusieurs kilos de médicaments.

Je suis marié à un pharmacien depuis 42 ans (groumph) et évolue depuis tout petit dans le milieu médical. Par mes parents, par mes études et plus récemment par ma profession. Côtoyer directement et indirectement au quotidien la maladie m’a rendu hypochondriaque. Je présente fréquemment tous les signes du gliome, d’une leucémie aigue ou d’un cancer digestif agressif. Lors de mes récentes crises de migraine, j’étais persuadé avoir développé une tumeur cérébrale. Hépatite, bronchite, méningite bactérienne ou virale sont mes pires ennemis. Sans compter sur une éventuelle hernie ou une sciatique.

Je dois donc avoir sous la main une réserve de médicaments pour parer à toutes les éventualités. Nous possédons ainsi une quantité non négligeable d’antibiotiques à large spectre (doses pour deux personnes pour deux semaines), de corticoïdes, d’antimigraineux divers et variés (injectables ou par voie orale), antihypertenseurs (toujours pour la migraine), bétabloquant (pour le stress des examens ou les présentations), antihistaminiques, analgésiques, anti-inflammatoires, anti-caca mou, pro caca mou et autres antispasmodiques. Marcelchou nous invitait récemment, sur une idée de Spicy Life, à dévoiler le contenu de notre boîte à pharmacie. Marcel a apparemment fumé la moquette car nous n’étions pas invités à montrer le contenu de notre armoire à pharmacie mais juste l’ensemble de nos produits de beauté. Ici, point de crème, masque ou sels de bain, mais une photographie illustrant mes réserves médicamenteuses (pensée émue pour Petit Lu).

C’est peut-être l’occasion de lancer une nouvelle chaîne, celle des intoxiqués du suppositoire. :king_tb:

La prochaine étape est la transformation d’une partie de notre chambre en bloc opératoire. Toute personne à la recherche d’une pharmacie de garde un dimanche soir dans le quartier de la place de la République est bien entendu la bienvenue à la maison.

*La plupart de ces médicaments n’ont pas été remboursés. Je ne suis donc pas responsable du trou de la sécurité sociale.
**En cas de doute, ne pas hésiter à demander l’avis de votre médecin ou votre pharmacien.

4 commentaires sur “L’important, c’est la santé

  1. oula la, moi qui pensais être la seule tarée à utiliser plus de placards que de raison… Je n’en suis pas pour autant rassurée, rien ne me dit comment stopper cette folie d’emmagasiner une tonne de nourriture, des vêtements pour 8 gardes robes (environ 5000 vêtements) dont je m’assure qu’ils vont être vendus sur ebay ou à la prochaine brocante… pourtant, avant d’être mère, je me contentais dans mon appart’ d’un matelas posé à même le sol pour dormir, d’un canapé, d’une table et deux chaises, et je n’achetais à l’épicerie que des tomates fraîches, du maïs et du thon en boites… L’envahissement matériel m’a englouti… je suis débordée de bordel qui ne me sert à rien, m’étouffe mais me rassure ? Est-ce que sans toutes ces fringues qui jonchent 3 triples armoires et 25m carrés de mon grenier me réchauffent ? Je ne pourrais même pas m’en servir en cas de guerre… c’est nul. Faut que je m’améliore, et donc que je me débarrasse… il paraît que l’on respire mieux après…

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