J’aime le café noir comme une nuit sans lune au pôle nord

Vendredi dernier fut véritablement mon premier jour de rentrée. J’ai retrouvé les trottoirs du douzième arrondissement pour tapiner toute la matinée en compagnie de mes copines Kozlika, Traou et Gilda. Nous nous étions donné rendez-vous peu avant 7h00. Une cinquantaine d’amateurs nous entourait. Madama Abricot était également présente. Elle motivait les troupes en distribuant des fruits secs achetés au marché d’Aligre. C’était le début de la troisième saison des prosélytes lyriques. Les billets pour Tosca étaient mis en vente aux guichets de l’opéra de Paris et il fallait se lever de bonne heure pour obtenir nos places secrètes de la mort qui tuent. La récompense fut certainement une petite ballade chez un vendeur de biens culturels et l’achat de la première saison de Twin Peaks enfin disponible en DVD.

Première impression : La série n’a absolument pas vieilli. Le générique plonge immédiatement le spectateur dans une ambiance faussement paisible. Des images au ralenti de la douce ville de Twin Peaks (31 201 habitants) se chevauchent et laissent place à l’intrigue, à la violence et à la folie.

«Diane, 11h30 du matin, nous sommes le 24 février, j’arrive dans les faubourgs de Twin Peaks, dix kilomètres au sud de la frontière canadienne et vingt kilomètres à l’ouest de la frontière de l’Etat. Je n’ai jamais vu un aussi grand nombre d’arbres de toute ma vie ».

Ce sont les premiers mots prononcés par l’agent du FBI Dale Cooper (Kyle MacLachlan découvert dans Dune et retrouvé actuellement dans la troisième saison de Desperate Housewives), venu enquêter sur le meurtre mystérieux de la jeune Laura Palmer. Mais qui à tué Laura Palmer ? C’est le fil conducteur de la première saison de cette série hors du commun composée d’un pilote et de sept épisodes sortis du cerveau torturé de David Lynch au début des années quatre-vingt-dix. Je me souviens encore de sa diffusion sur La Cinq au printemps 1991. Ce fut très certainement le seul programme de qualité proposé par cette chaine, alors robinet à séries merdiques et à dessins animés japonais pourris.

Laura palmer est retrouvée morte un matin d’hiver au bord d’un lac. Toute la communauté est traumatisée. C’est la première fois que la ville est confrontée à un assassinat. Laura est la fille de Sarah et Leland Palmer, avocat de Benjamin Horne, homme d’affaire véreux propriétaire de la moitié de la ville. Les parents de la jeune fille sombrent dans la folie après le meutre de leur fille unique. Tout le monde a quelque chose à cacher. On apprend vite que l’innocente Laura n’était pas un enfant de cœur. Entre prostitution, alcoolisme et trafic de cocaïne, la jeune fille était hantée par de nombreux démons. Petit à petit, le spectateur sombre dans la vie des personnages et découvre la part d’ombre de chaque individu. Personne n’est innocent. On connait rapidement le nom de l’assassin. Bob a tué Laura Palmer. Le regard de Bob est terrorisant. Bob est une ombre, une présence qui prend bien des formes. Cet avatar du mal est combattu par une société secrète dont les membres se reconnaissent en se caressant le visage de l’index.

Des feux rouges de signalisation aux néons des restaurants, en passant pas les tons ocres des décors intérieurs et de la fameuse chambre au rideau rouge, le feu est omniprésent. « Fire walk with me » fut même le titre du film sorti quelques mois plus tard, film d’une intense violence censé clore l’aventure en mettant fin aux énigmes non résolues de la série. Le feu contraste avec les décors extérieurs, le lac, la forêt et la scène du crime, tous froids et sombres.
Mais Twin Peaks est avant tout une série remplie de personnages atypiques, à l’image de Nadine Hurley, inventrice de la tringle à rideaux silencieuse, de la femme à la bûche, des sublimes Audrey Horne (Sherilyn Fenn, seule capable de faire un nœud sur une queue de cerise avec sa langue) et Josie Packard (Joan Chen), du nain à la chambre rouge, de Blackie O’Reilly, tenancière du « Jack n’a qu’un œil » et enfin de Donna Hayward (Lara Flynn Boyle).

Twin Peaks, c’est également « Invitation to love », le feuilleton préféré de Lucy Moran, secrétaire du Shérif :

« Grace à Jade, Jared à décidé de ne pas en finir avec la vie. Il a modifié son testament. Il lègue les tours à Jade à la place d’Emeraude. Mais Emeraude a découvert la vérité. Emeraude l’apprend et veut séduire Chet pour s’emparer du nouveau testament. Si Montana tue Jared à minuit, Emeraude et lui auront les tours mais elle va le saouler et il ne s’en doute pas. Pauvre Chet ».

Un véritable « Cœur à ses raisons » avant l’heure. Enfin, la série ne serait rien sans la bande originale envoutante composée par Angelo Badalamenti. Trois morceaux sont interprétés par Julee Cruise (Falling, The Nightingale et Into the night), déjà repérée dans « Until the End of the Word » de Wim Wenders avec son titre « Summer kisses, Winter tears ». Le thème principal (Laura Palmer’s Theme) a même été samplé et remixé par Moby en 1991 (Go).

Et tadaaaa, superbe transition car Moby est également le compositeur du générique de la Vengeance dans la peau, mettant en scène un Jason Bourne sous hormone et clôturant la trilogie écrite par Robert Ludlum. Paul Greengrass, caméra à l’épaule, livre un film survitaminé. Jason est super fortiche. On s’en était déjà rendu compte dans l’opus précédent. Après avoir échappé à une explosion de voiture dans les rues de Tanger, Matt Damon (qui sent plus le pipi que d’habitude) est capable de poursuivre un tueur sur les toits de la ville et de lui regler son compte dans une scène de baston mémorable. Le moment était idéal pour se rendre au cinéma. La moitié de la France était devant son poste de télévision pendant le match France Irlande. Le Mk2 Quai de Loire était presque vide. De Londres à Paris, en passant par Tanger et New-York, Jason Bourne retrouve enfin la mémoire et connait toute la vérité sur son passé d’agent de la CIA. On regrette que Robert Ludlum soit décédé il y a quelques années et qu’aucune suite ne soit prévue. En espérant qu’Universal mette vite la main sur les droits du Réseau Bouclier.

Aucune transition necessaire pour aborder le sujet de Montcuq cher à Ronochouchou. Hasbro, propriétaire de la marque Monopoly a décidé de consulter les internautes pour préparer la nouvelle édition du jeu. Il était ainsi proposé de voter pour sa ville préférée. Le sondage a été victime de son succès et surtout de joyeux trolls qui ont commencé à soumettre la ville de Montcuq. La proposition a fait boule de neige et cette ville s’est retrouvée en tête du classement. Comme le conclue finement Le figaro, ce vote donne à Montcuq la perspective de se retrouver sur la case la plus chère du Monopoly, à la place de la rue de la Paix. Personne ne sait comment le fabriquant de jouets va réagir.

Last but not least, des nouvelles de Nadine d’amour. Après une abscence mysterieuse vendredi dernier, Nadine s’est encore retrouvée au poste hier, après avoir giflé son voisin. Cet après-midi, j’ai reçu un mail m’indiquant que son médecin lui avait diagnostiqué une « gastro-entérite aiguë » et qu’elle était arretée pour la journée. Enfin, Nadine m’a contacté par téléphone pour m’expliquer qu’elle avait refilé la diarrhée à sa fille, et donc qu’elle ne pourrait venir travailler cette semaine.

Je l’aime ma Nadiiiiine. :wub_tb:

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