On commence à prendre les paris?

Je me souviens parfaitement de ce week-end du mois de mai 2007. Nous étions en pleine transhumance et il fallait commencer les cartons. Le temps était à l’orage. Il y avait de forte chance pour que le candidat de droite soit élu Président de la République. Mon engouement pour la campagne m’a fortement surpris. J’ai toujours voté pour un candidat et non pour un parti. Mes premiers souvenir en politique remontent à 1981. J’étais petit et la branche paternelle de ma famille était persuadée que les chars russes allaient débarquer sur les Champs-Élysées si François Mitterrand passait. Ma mère a voté socialiste pour filer un ulcère à son futur-ex-mari lorgnant déjà vers la droite extrême. La gauche est finalement passée deux fois de suite et le pays a pour la première fois de son histoire expérimenté la cohabitation. Ces périodes furent curieusement les plus appréciées des français.

J’ai pu m’exprimer pour la première fois en 1995. J’ai naturellement voté pour Jacques Chirac. Le Socialisme était pour moi associé à austérité, magouilles, crise économique et crise sociale: ratés du gouvernement Maurois, désillusions de l’équipe Fabius, cohabitation Chirac, cafouillis des équipes Rocard, Cresson et Bérégovoy et enfin nouvelle cohabitation Balladur. Il me fallait du changement et le programme du candidat corrézien était le seul à proposer du sang neuf. Je trouvais également la trahison Balladuro-Sarkozienne fort peu élégante. Nous avons malheureusement perdu douze longues années, douze longues années d’immobilisme et d’absence de grandes réformes, alors que nos voisins européens profitaient d’une croissance insolante pour assainir leurs comptes et préparer ainsi plus sereinement l’avenir. Le coup de génie de Nicolas Sarkozy fut certainement son habileté à se faire passer pour un chancre de la réforme et de la rupture alors qu’il avait participé et participait encore aux gouvernements Villepin et Raffarin. Entouré d’une équipe remarquable, communiquant redoutable et faisant face à une candidate sans saveur, inexpérimentée et peu soutenue par son propre parti, le résultat fut sans surprise et incontestable.

Courrier international reprend cette semaine un article publié par le quotidien britannique « The Independant »: « Imaginez un instant de Gaulle en lunettes noires et pull à col roulé, installé à la terrasse d’un café de Versailles avec la chanteuse pop qu’il vient d’épouser. « Imaginez-le (Jacques Chirac) au Vatican, tripotant compulsivement son téléphone portable pendant que ses potes sont présentés au pape, dont Jean-Marie Bigard, l’humoriste le plus vulgaire de France. Si vous avez raté les derniers épisodes du soap Sarko, voici un bref résumé: moins de quatre mois après la rupture spectaculaire de son deuxième mariage, le Président qui souhaite restaurer les valeurs catholiques, a épousé une belle chanteuse pop gauchiste et libertaire, Carla Bruni, qui a un jour déclaré que la monogamie l’ennuyait follement. L’analogie avec le soap opéra n’a rien d’exagéré. Avec des conflits quasi quotidiens impliquant d’anciennes épouses, des confidents d’anciennes épouses et des fils issus de mariages antérieurs, le palais de l’Elysée commence à ressembler à Dallas et au ranch de la famille Ewing ». Tout est dit. Qui pourrait respecter un individu aussi grossier et obscène?

Cette allure à la fois vulgaire et racoleuse pourrait facilement être pardonnée si le citoyen lambda avait l’impression que les décisions prises allaient dans la bonne direction. Facteur inattendu pour le Président et son gouvernement, l’environnement économique international (1) est bien plus morose que prévu et plombe allègrement les déficits publics. Les marges sont inexistantes et le paquet fiscal laisse un goût amer, presque autant que les robes Dior, l’incompétence et l’aveuglement du ministre de la justice, les gaffes des différents secrétaires d’Etat, la visite de Kadhafi, l’augmentation de salaire indécente, le copinage avec Poutine, le charisme de poulpe de David Martinon, le casse-toi pauv’ con ou le prix des produits laitiers. Dois-je aborder le sujet des connivences avec les industriels détenteurs des médias les plus influents, notion purement inconcevable dans les pays Anglo-saxons? Le plus dur a gérer sera certainement l’amertume des nombreux élus UMP battus aux municipales ou non sollicités pour participer au gouvernement, élus prêts à poignarder sans remords le fils prodige.

Le retour de bâton est sévère et les attaques ne sont pas toujours justifiées. Ne dit-on pas récolter ce que l’on a semé? Je suis cependant prêt à parier que les électeurs vont massivement voter pour lui en 2012. Après mon cul, ma bite en gros plan pour un 52-48 en sa faveur.

(1) Quand tout va bien, seul le gouvernement est responsable. Quand tout va mal, c’est la faute à la conjoncture internationale. Un grand classique.

18 commentaires sur “On commence à prendre les paris?

  1. C’est un billet très intéressant mais fais gaffe car certains lecteurs ne vont retenir que la dernière phrase de ton dernier paragraphe :laugh_tb: … pour 2012 !

  2. rhooooo le beau lapsus calami : « se faire passer pour un chancre de la réforme et de la rupture »
    un chanCre ou un chanTre ? :thumbup_tb:

  3. Comme quoi, la communication y’a qu’ça d’vrai ma bonne dame… une ch’tite phrase par-ci, un p’tit mot par là et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes… le lapsus relevé par Garfieldd est savoureux, « le chancre élyséen » :clap_tb:, ça fait un joli titre pour un prochain bouquin, non?

  4. Je me méfie de Sarkozy comme de ta photo de ta bite en gros plan, si c’est juste pour voir la lumière de l’urètre, merci bien! :jittery_tb:
    Sinon j’ai bien peur que 2012 soit une annus horribilis aussi!

  5. argh je crois malheureusement que tu as raison pour 2012…surtout si le ps ne se fout pas un pied au cul !
    Le pire avec le ps, c’est lorsque j’entend parler des élus locaux (genre Valls) je trouve leur discours plus intéressant et moins langue de bois que celui des vieilles têtes qu’on a l’habitude de voir (je mets Royal dans le lot)
    Mon grand regret ça sera toujours Rocard, je peux me tromper mais lui avait l’air un minimum intégre lorsqu’il aurait pu être présidentiable avant que Mitterrand ne le sacrifie !
    En attendant hier soir j’ai préféré aller au ciné voir Rec plutôt que d’écouter notre cher président nous réexpliquer que le mécontentement des gens est dû à une mauvaise communication et non pas à ses mesures de merdes :furious_tb:

  6. Tu me connais, j’aurais infiniment regretté de passer à côté de ce billet, moi qui ne te suis fidèle que depuis si peu de temps que je n’avais pas eu l’auguste chance d’admirer ton non moins auguste postérieur … Tu penses bien que j’ai désactivé mon contrôle parental qui s’était bêtement déclenché quand j’ai cliqué la première fois, n’ayant pas reconnu qu’il ne s’agissait pas d’un de mes gamins derrière l’écran … Merci, ma journée est illuminée du soleil qui commence à pâlir à ma fenêtre …
    Cela dit, passons aux choses sérieuses : roidetrefle, y a comme qui dirait du mou dans la corde à noeuds … enfin si je puis prendre la liberté de m’engager dans de telles métaphores ici … !
    Tu vas me reprendre tes études tout de suite, la sous-activité ne te réussit pas, tu es sur la mauvaise pente …
    Bon, sous le coup de l’énervement, de la rage, je veux bien admettre que tu aies volontairement écrit que NS était le « chancre de la réforme » et non son chantre, je veux bien pousser mon extrême amabilité jusqu’à accepter qu’il s’agisse d’un jeu de mots … !
    Mais par contre, et parce que ce serait par trop incohérent avec le soit-disant jeu de mot sus-cité, « le fils prodige », non, c’est pas possible ! ou alors c’est inconscient, je m’explique pas, dans ce cas il faut consulter rapidement … (en premier lieu, un psy, et en second lieu l’évangile, Lc15, merci !)

  7. @ JM: Rhalala j’espère que non! :blink_tb:

    @ Garfieldd: Pour tout t’avouer, lorsque j’ai commencé à écrire ce billet hier soir, j’ai bien tapé chancre à la place de chantre. Je me suis marré du lapsus et je me suis vite dit que la syphilis correspondait bien à l’homme (et me suis surtout dit que Manue n’allait certainement pas passer à côté) :thumbup_tb:

    @ l’Elephant: Je trouve que cela lui donne un côté sympathique. Un bon gros chancre mou tout vert dégoulinant. :jittery_tb:

    @ MarcelD: Nan, la bibite et les bouboules aussi. :laugh_tb:

    @ Absinthe: Rocard a malheureusement été flingué par ses copains… :dunce_tb:

    @ Manue: C’est cadeau, ça me fait plaisir. :wub_tb:

    @ Thié Rit: Non mais dit, bien entendu. J’ai la plus jolie bite de mon quartier. :blush_tb:

    @ Fab la reine de tout l’univers: Tu n’es pas encore une reine, laisse ça aux vieilles. Tu es une jolie princesse! :wub_tb:

    @ Mich » toujours en finesse: Faut relancer le concours de bannières crades! :clap_tb:

  8. la dernière fois que j’ai dit que le mot qui me venait spontanément à l’esprit pour décrire Sark01er était « vulgaire », on m’a répondu que c’était « vulgaire de penser comme ça ». Je lucine :blink_tb:

  9. @valérie de haute savoie : Méfies toi de cette abeille, elle dit beaucoup de conneries !

    D’accord, je sors… :thumbdown_tb:

    @Chonchon: Nous serons nombreux à attendre 2012 avec impatience pour le lot de consolation (j’avais écrit « consommation » quel lapsu(ce)s !) :blush_tb:

  10. « Chancre » et « bite » dans le meme post, hmmm… Pour information : ils ont une consultation gratuite de vénérologie à l’Hopital Saint-Louis. Glauque à souhait, très bon sujet pour un futur billet. Demander Gisèle à l’accueil.
    Sinon, au bilan du chancre dont nous parlons, il y a aussi la fascination infantile pour la période nazie qui coincide vraiment curieusement avec des quotas d’expulsés que n’aurait pas reniés un Goebbels. Y a t’il un psychiatre dans la salle ?

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