Et viva Espana

Je fais partie de la génération d’élèves a qui on a faussement affirmé que les classes Allemand première langue vivante avaient le plus fort taux de réussite. Rien ne valait la rigidité germanique. Mes parents m’ont donc forcé à apprendre la langue de Goethe dès la sixième, puis l’anglais en quatrième. Etant une véritable dinde en allemand, mes parents m’ont naturellement exporté deux fois par an outre-Rhin. Les séjours linguistiques n’ont jamais renforcé ma grammaire ou mon vocabulaire, juste mes fesses et mon ventre. Toutes les familles qui m’ont accueilli étaient de bonnes vivantes. Je passais mon temps à me gaver de sucre et de matières grasses. Le bonheur. Je n’ai donc jamais appris le moindre mot d’espagnol à l’école. Un comble car mon meilleur ami de l’époque avait des parents espagnols et était bilingue. Sa famille avait quitté l’Espagne Franquiste à la fin des années 60. Sa mère faisait des ménages et son père était peintre.

Il y avait une grande différence de qualité de vie entre la France et l’Espagne avant que le pays ne rejoigne la communauté européenne dans les années 80. Beaucoup d’immigrés vivaient chichement dans leur pays d’accueil mais avaient réussi à mettre assez d’argent de côté pour faire construire de jolies maisons dans leur pays d’origine. C’était le cas des parents de François. Ils trimaient comme des bêtes et louaient un appartement modeste à Paris. Lorsqu’ils rentraient en Espagne pendant les mois de juillet et d’août, ils avaient à leur disposition une magnifique villa dotée d’un splendide jardin et d’une piscine. Ils étaient véritablement les rois du pétrole. Le tempérament de ses parents était différent. Son père était modeste ne faisait jamais étalage d’une réussite quelconque. Sa maman un peu moins. Elle adorait parader à la messe, vêtue d’un imposant manteau de fourrure, et refiler au curé des liasses de pesetas devant une assemblée médusée. La puta.

C’est donc en leur compagnie que j’ai pour la première fois mis les pieds en Espagne. J’ai passé deux années de suite l’été en Galice, région située au nord du Portugal. Personne ne parlait français. J’ai donc été obligé de me mettre très rapidement à l’espagnol. Rien de plus facile lorsque l’on passe son temps à jouer. On commence à apprendre deux ou trois mots de base, les règles de politesse, certaines coutumes, puis à compter et enfin les gros mots et autres insultes gratinées (les seuls mots qui restent en général, hijo de puta, mierda, maricon, Cecilia Albeniz). L’apprentissage est très rapide. Je suis retourné en Espagne un peu plus tard. J’étais en seconde et mon école organisait un voyage de fin d’année à Madrid. L’ambiance était différente. J’étais en compagnie de mes amis et nous étions bien loin de nos parents. Le soir, les enseignants accompagnateurs n’étaient plus présents pour jouer au chaperon et nous surveiller, c’était la fête du slip. Olé.

L’hébergement était original. Nous étions censés être accueillis dans des familles. Deux français par foyer, pas plus. La réalité était différente. Nous étions logés dans des appartements de vieilles biques déséchées célibataires en banlieue madrilène. L’accueil fut original. Nos hôtes devaient venir nous chercher en voiture à la gare pour nous conduire dans leurs appartements. La femme qui nous hébergeait était venue en compagnie de sa meilleure amie qui logeait également deux autres élèves de notre classe. Les deux connes se sont amusé à faire la course avec leurs Seat pourries. Il arriva ce qu’il devait arriver. La course s’est brutalement arrêtée après que la voiture de notre poursuivante se fasse défoncer par un camion après avoir grillé un feu. La conductrice n’a pas été blessée. Une des deux Françaises à l’arrière a terminé aux urgences. Son nez était cassé. Nous avons ensuite découvert des chambres spartiates. Notre hôte était une radasse de première. Elle coupait le chauffe-eau dès que nous dépassions trois minutes sous la douche et nous forçait à conserver le papier aluminium qui servait à emballer la tortilla qui nous servait de repas de midi.

Je ne suis retourné en Espagne que bien plus tard en compagnie de Snooze, Moustic, Marylène, Cécilou et Dédé. Les grands parents de Moustic possédaient un grand appartement sur l’île de Majorque à Santa Ponca. L’appartement donnait directement sur la baie, évitant ainsi la vue sur la ville bétonnée à l’extrême, comme presque toutes la côte des Baléares. Nous y séjournions uniquement pour nous retrouver et nous détendre. Nous connaissions également les meilleurs endroits pour se baigner et profiter de plages désertes et apprécions les ballades dans l’arrière pays. En été, les îles étaient envahies par des anglais et des allemands en short. Les tour operators cassaient les prix et permettaient à des populations d’amateurs de bourrage de gueule pour pas cher sous le soleil méditerranéen. Ils sortaient en bande, buvaient jusqu’à frôler le coma éthylique et dormaient/cuvaient la journée sur la plage ou dans des hotels bunker immondes.

Wala. Je suis depuis hier à Barcelone en compagnie de Snooze, Tori et Harry. La ville pue, la bouffe est grasse, le temps est pourri, mais je suis persuadé que le séjour sera vraiment sympatoche.

17 commentaires sur “Et viva Espana

  1. Barcelone, lieu de perdition :furious_tb: ! 7 garçons pour deux soeurs Picard et des gloussements à décoller les implants mammaires les mieux accrochés. Enjoy !

  2. rhoaaaaaaa moi aussi j’ai fait le schéma classique lv1 anglais et allemand en lv2 … et m^me deux ans de latin ….
    il ne me reste rien , évidemment !!
    et barcelone c’est plutôt agréable, enfin tout au moin dépaysant
    bibises

  3. AHHH latin grec anglais et un peu d’espagnol( c’était il y a longtemps,longtemps) et aujourd’hui portugais brésilien vive les langues du sud :clap_tb:

    Attention à Barcelone on parle catalan (chocolat et café a peu apprécié :blink_tb:)comme tu comprends l’occitan (Bort les orues est en pays occitan!)tu n’auras pas de problème car les 2 langues sont trés proches :jittery_tb:

  4. Je confirme, le catalan c’est très proche des langues d’oc alors c’est assez facile de s’y faire l’oreille quand on vient de là.

    Aaaahhhh, Barcelone… faut aller au resto « Organic », carrer de la Junta del Comerç, dans El Raval (l’ancien Barrio Chino, en direction du MACBA à partir de la Boqueria). Très bon, pas cher, bio, végétarien, très très sympa et surtout pas gras ! 🙂 Z’ont un stand à la Boqueria aussi (tout en haut à l’opposé des Ramblas) mais c’est moins bon je trouve.

    Et puis marchez, marchez, marchez ! La villes est une splendeur, y’a de quoi pousser des « waaaaaa » à tous les coins de rue, pas que l’architecture si riche et si connue mais toutes les couleurs méditerranéennes, les vieilles rues de la Ribera, la vue depuis le parc Guëll et la redescente en ville à pieds comme une lente plongée toute en douceur, les annonces bilingues du métro et la p’t’ite musique de 4 notes que j’ai toujours gardée en tête depuis mon tout premier séjour il y a 10 ans,… Il y tellement de choses à faire, là-bas ! Même si oui, ah que oui, la ville est extrêmement polluée et avec le temps de ces temps-ci, ça doit remugler grave, certes.

    Profitez bien !

    (ah oui, moi c’était anglais-allemand-latin-grec, la seule chose que je sais dire en espagnol c’est « dos cañas por favor » 😉 bé ça m’a été utile plus d’une fois)

    Ah oui, un dernier truc immanquable. Le petit déjeuner à La Granja qui est carrer dels Banys Nous (une rue perpendiculaire à la carrer de Ferran, vers le bas de la rue (i.e. plutôt vers les Ramblas), qui donne presque sur la plaça del Pi).

    Ah !, et puis les balades matinales dans les rues autour de la carrer d’Avinyo, quel pied… enfin bon, j’arrête…!

  5. Alors comme moi j’ai eu la chance d’apprendre l’espagnol à l’école, j’y suis allée deux fois, à Barcelone … mais c’était au siècle dernier, au tout début des années 80 … avant la transformation de la ville par les JO et tout et tout … Il paraît que si j’y retourne maintenant je ne reconnaîtrai ni les murs ni les rues qui ont vu ma jeunesse … mais j’ai quand même drôlement envie ! Ramène des photos pour nous faire un joli reportage !

  6. Alors, l’indispensable :

    « Salut, y força’l canut » (Saloute, i forçaaal’canoute), pour souhaiter bonne santé aux membres de l’assemblée (et à leurs membres, aussi) :king_tb:

  7. Barcelone, comme toutes les grandes villes espagnoles, nous fait réaliser à quel point les villes françaises (meme la ville du bon Bertrand) passent à coté de ce que la modernité a de bon. Profitez-en bien, joder !

  8. @ Samantdi: J’ai beaucoup pensé à toi et aux chaudasses Picard! :bye_tb:

    @ Saperli: Bah. Il suffit de mettre des ar, des as et des os un peu partout et le tour est joué. Hopla! :thumbup_tb:

    @ Orpheus: Trop tard ma chattounette. Je suis à l’aéroport. Barelone, c’est le tiers monde côté wifi. La loose. Je n’ai pas pu me connecter plus tôt. :annoyed_tb:

    @ fiuuu: Arg. J’avais oublié le latin. :dunce_tb:

    @ Rouge-cerise: Deux ans pour moi, pas plus. And the winner is Rouge Cerise! :king_tb:

    @ Alain: Tu as raison. Le catalan est plus facilement compréhensible que le castillan. Et c’est très joli à entendre. :happy_tb:

    @ Mirza: Gné. Si j’avais pu me connecter avant. Parce que côté gras, c’est le pompon ici. :huh_tb:

    @ Manue: Toutes mes photos sont moches. J’ai un peu les boules. :thumbdown_tb:

    @ Mich »: Muchas Gracias Michos! :wub_tb:

    @ Sameplayer: Tu prêches un convaincu. Easy. :laugh_tb:

  9. moi comme bon petit belge j’ai appris le français, le néerlandais , puis l’anglais! j’ai aussi pris quelques cours d’allemand (deux mois) et de musique , langage universel (là je compte plus les années ça me fout le bourdon) l’espagnol je m’y étais mis en 76 parce que mon premier voyage me conduisit au Mexique ! l’espagne ce fut en 78 et Marbella dasn un hotel où maintenant je n’aurais plus les moyens de poser un orteil , mais je rêve de Barcelon point de vue architectural s’entend

  10. Pour revenir a ton 1er paragraphe j’ai constaté dans mon entourage qu’aucun élève ayant pris allemand au collège/lycée n’était capable d’aligner 3 phrases (contrairement à ceux qui comme moi ont pris espagnol) … est-ce une généralité à votre avis ? :huh_tb:

  11. @ Joseph: On va dire pour l’architecture alors. Mais la ville n’a rien à envier à Bruxelles notamment avec son parcours art déco. :happy_tb:

    @ Cartouche: J’ai quand même tenté de m’y remettre il y a un an et la base revient vite. Quant à aligner trois phrase, pas certain d’en être capable, tu as raison. :huh_tb:

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