Le pain surprise

La première fois que j’y ai assisté, c’était en compagnie de Cécilou, Delphine, Nicolas et Snooze. Je m’étais bien habillé pour l’occasion. Il faisait un temps de chien et mon costume a vite été trempé. Nous avons tout d’abord fait un saut chez Moustic et embrassé Alexandre et Agathe. Nicolas était resté à part et avait organisé le buffet. Je me souviens encore de délicieux canapés, de pains surprise et autres petits fours. Il y avait même des bonbons bien chimiques pour les enfants. Muriel, la soeur de Mous, avait un peu trop bu. Médicaments et alcool faisaient décidément un bien mauvais mélange. Elle était toute guillerette à l’idée de nous présenter le nouveau fiancé qu’elle avait rencontré quelques jours plus tôt lors de son internement à la Maison Blanche. Les deux tourtereaux prévoyaient déjà de se marier en plein été, dans la grande maison bourgeoise de son oncle. Elle était radieuse de bonheur. Nous passions dans les rangs et proposions de remplir les verres vides. Muriel passait derrière nous et les vidait. Lors du retour sur paris, nous avons décidé sur un coup de tête de prendre un billet d’avion pour New York et d’y passer un week-end à faire les fous.

La seconde fois fut bien plus éprouvante et surtout moins rock n’roll. Les parents de Cécilou nous avaient donné rendez-vous en milieu d’après-midi en gare de Claye Souilly au nord de Paris. Il faisait très chaud. Vicky et Vincent étaient présents avant nous. Nous ne connaissions pas grand monde et sommes restés un peu à part. J’ai failli arriver en retard la troisième fois car je m’étais planté de station. Je suis arrivé juste à temps après m’être perdu dans une ville de banlieue que je ne connaissais pas. J’avais une nouvelle fois oublié mon portable. Il m’était donc impossible de demander à un ami de venir me chercher. Je suis également arrivé en retard la quatrième fois. Le point de rendez-vous était pourtant à Paris, mais je suis parti dans la mauvaise direction en sortant du métro. J’ai heureusement vite retrouvé Cécilou, Jean-Guimauve, Mimi Zonzon, Nicolas et Vicky.

Nous avons assisté aux funérailles de la grand-mère de Snooze cet après-midi. C’était ma cinquième fois. Elle avait choisi de se faire incinérer. Les parents de Snooze sont venus nous chercher avec Absinthe et Mathieu place de la nation afin de nous conduire au funérarium. L’ambiance était particulière car leur grand-mère était une véritable pétroleuse qui leur menait la vie dure. Une sorte de Tati Danielle qui passait beaucoup de temps à raconter des horreurs, hiérarchisait des petits-enfants et prenait un malin plaisir à ne pas respecter les traitements prescrits par ses différents spécialistes. Snooze commençait à perdre patience et ne souhaitait plus la voir.

Tadaaah. Saviez vous que l’assemblée générale de la fédération française de crémation s’est tenue en mai dernier à Lamoura, dans le Jura, que la thématique de l’année était l’environnement et que plus de 27% des morts de l’année 2007 avaient choisi de se faire incinérer ? Si la majorité des familles choisit de conserver les cendres, un faible pourcentage les disperse dans la nature. Mais attention. Si les cendres peuvent être dispersées en pleine nature, elles ne peuvent l’être sur les voies publiques.

Il y a toujours un je-ne-sais-quoi de comique dans un funérarium. Un sbire à la tête de mafieux accueille le plus souvent la famille et les proches. Une fausse fontaine se trouve près de l’entrée qui donne sur un jardin souvent hideux, jardin maculé de vilaines pierres portant des noms de défunts. Une musique d’ascenseur est diffusée en continu, sorte de sous saint Preux du pauvre censée accompagner la famille dans l’épreuve. La salle de recueil, interdite aux fumeurs, est sobre et contient quelques jolis tableaux représentant cascades et forêts. Un représentant du funérarium invite la joyeuse assemblée à se recueillir et à prononcer quelques mots pour la défunte. Personne ne bouge. Ambiance. Snooze et Absinthe étaient tristes. Rien de plus normal. Même si les relations avec leur grand-mère étaient tendues comme un string, elle faisait partie de leurs vies. C’est toujours comme ça la mort, un grand jeu de chaises musicales qui fait un peu mal, surtout lorsqu’on ne s’y attend pas.

Et il n’y avait même pas de pain-surprise. Merde. :annoyed_tb:

14 commentaires sur “Le pain surprise

  1. Toutes mes confuses pour ce qui suit maiiiiiis…

    « interdiction de fumer » dans un funérarium, je trouve ça plutôt salé.

    Hum.

    Sinon, et fort du bon vieil adage selon lequel moins par moins ça fait plus (enfin cela n’inclut pas les nombres complexes auxquels je n’ai jamais rien compris), le sous Saint-Preux du pauvre, ne serait-ce pas la quintessence de Verdi?

    Amicalement.

    Al.
    Tiens, je vais me réécouter le concerto pour une voix, avec Danielle Licari. Pensée à Snooze et à sa famille

  2. Alors bon, je risque d’être longue, un peu … j’ai hésité, et puis comme je vois que ça n’inspire pas trop les commentaires, cette note … finalement, j’y vais !
    Pour moi, deux souvenirs de crémation, un si ce n’est bon, tout au moins émouvant et chaleureux, et l’autre catastrophique …

    Le premier n’était pas destiné au départ à être un bon moment : la cérémonie religieuse, à la Chapelle du Val de Grâce où elle était décédée, suivie de la crémation, au Père Lachaise, d’une amie qui nous avait quittée à 33 ans d’un cancert des voies épathiques et bilaires qu’elle avait supporté de longues années durant … Elle s’était mariée moins d’une semaine avant de mourir, en toute connaissance de cause, avec son compagnon médecin … L’officiant religieux était un aumônier des armées (milieu familial oblige), qui la connaissait, qui l’avait assistée durant les dernières semaines pendant lesquelles elle s’était bien sûr posé de nombreuses questions … Son père avait ouvert la cérémonie, son mari l’avait ponctuée, ses amis, musiciens, également … c’était très émouvant bien sûr.
    Mais le côté chaleureux, et c’est bien là que je voulais en venir, venait de « l’organisation » des choses, orchestrée par un monsieur dont je vais citer le nom et les coordonnées de l’agence (je ne suis pas commissionnée, je vous rassure !), parce que je pense qu’il n’y en a pas de meilleur dans notre beau pays, mes amis, et que je vous recommande, si vous êtes parisien, de faire appel à lui : Agence L’Autres Rive, de Raphâël Confino (http://www.autrerive.fr/). Ce monsieur est en tous points exceptionnels, il s’investit totalement dans son travail, il prend le temps de connaître le défunt, en parle donc très bien, et forme un véritable lien entre les deux rives. Ca peut paraître bizarre ce que je dis, surtout que je suis athée, mais le bien que cet homme a prodigué aux personnes présentes ce jour-là, 5 ans plus tard, date pour date pratiquement, jamais je ne l’oublierai. Rien n’est laissé au hasard, tout coule naturellement, en douceur, en chaleur, c’est un souvenir vraiment extraordinaire.

    La seconde crémation, c’était ma mère. Obsèques préparées à la va-vite pour des raisons matérielles d’organisation, cérémonie pseudo-religieuse bâclée, service religieux indigent, curé qui raconte n’importe quoi, laïcs organisateurs qui ne laissent aucune liberté à la famille (2 personnes seulement, c’est vrai), même pas celle de passer une pauvre musique, religieuse ou pas, d’ailleurs …
    Le clou étant ce funérarium de La Rochelle, d’une froideur inégalée, en tous points semblables à ce que tu décris, roidetrefles, avec ces plantes éthiques et cette insupportable musique d’ascenseur … ce distributeur à café de gare … et cette immense salle ‘quand on est 3 dedans, je vous raconte pas l’ambiance …) de crémation, avec vue directe sur les fours … un vrai bonheur … au moins, remarquez, on ne risque pas d’oublier pourquoi on est venu hein …

    Enfin bref, n’oubliez pas : Raphaël Confino, c’est un être exceptionnel, qui rayonne dans ce domaine pourtant à priori plutôt pas très fun, dirons-nous …

  3. ça a son petit charme Lamoura et j’y ai quelques bons souvenirs mais c’est quand même très paumé en dehors de l’hivers (c’est une petite station de ski) alors une convention sur la crémation là bas, je crois que je ça doit donner envie de rejoindre direct la grand-mère de Snooze…

  4. Idiot que je suis, l’idée de me réveiller dans un cercueil ou dans un four m’angoisse pareillement (et, idiot que je suis, j’aime autant l’idée qu’on se recueille sur mon marbre que celle de « voir » mes cendres dispersées sur un lieu symbolique).
    En fait, l’idéal serait qu’on me laisse pourrir un ou deux mois au grand air. Existe-t-il une loi qui l’interdirait ?
    (Sinon, pour avoir vécu quelques décès, j’aurais été incapable d’annoncer la chose tel que tu t-y es pris).

  5. le crématorium ici sur les hauteurs de liege (belgique) a un personnage à qui je voudrais bien un jour pouvoir lui dire que c’est à la famille et pas à l’employé des lieux à dicter ce qu’il y a lieu de faire et quand ou comment! de quel droit cet ordre impératif de se lever, de se prosterner presque devant une urne dont on n’est même plus certain du contenu ? mais au funérarium, on a eu droit aussi à une leçon d’étiqette, car la directrice des lieux mesure la tristesse ou la nécessité de leur recueillement à l’aune du lien de parenté avec le défunt ! moi je revendique le droit de pouvoir être triste à mourir pour un compagnon de classe d’il y a quanrante ans et par contre garder un esprit serein pour un parent dont je sais que la mort lui est venue comme une délivrance!

  6. Bonjour Manue,

    je ne vous connais pas mais par la force des choses vous me connaissez. Je tombe par hasard sur votre témoignage et tiens seulement à vous dire que ça me fait chaud au coeur de constater que j’ai pu ainsi vous aider à vivre mieux ces derniers moments aux côtés de votre amie. Je me souviens très bien de ses obsèques. Bien sincèrement. Raphaël Confino

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