Gros dodo

J’ai toujours eu un rapport ambigu avec le sommeil. Je suis un gros dormeur et pointe fréquemment du nez après dix heures du soir pour me réveiller généralement de très bonne heure le lendemain. Je déteste les grasses matinées, synonyme de perte de temps. J’aime curieusement la phase d’endormissement mais pas le sommeil en général. Je tente toujours de lutter, mes paupières sont de plus en plus lourdes, je me ressaisis un court moment, mais Morphée est toujours le plus fort. Je me retrouve fréquemment collé contre Snooze, un filet de bave à la bouche, et réveillé par les vibrations de sa manette de jeu. J’ouvre un œil, puis deux, et me dirige, mon doudou dans une main (une vieille couverture en tissu toute pourrave) et mon iPod dans l’autre en direction de notre lit conjugal. Quelques heures plus tard, je me lève et trouve toujours mon mari en train de jouer. Je ne peux m’empêcher de lui faire une réflexion avant de me rendormir. Bon sang, va te coucher bordel, on est déjà demain. Moui moui me répond-t-il.

J’ai un sommeil très agité. Physiquement tout d’abord car je suis somnambule. J’ai passé la semaine dernière deux nuit en Autriche à me lever, à plier mes affaires et à discuter avec de parfaits inconnus. Les chambres d’hôtel représentent généralement un terrain idéal pour de telles crises car je n’y trouve aucun repère familier. Je quitte rarement la chambre et me contente généralement de délirer autour de mon lit. Ces crises sont plus courtes et moins fréquentes à Paris car je connais ma chambre par cœur et me rend rapidement compte que je sucre les fraises. Je commence tout d’abord par pester in petto de m’être fait avoir par mon cher inconscient et me rendors comme un bébé car le somnambulisme est très gourmand en énergie. Je passe également beaucoup de temps à broyer du noir. Le moindre bruit me réveille et me rendormir devient problématique car la boîte de Pandore est grande ouverte et commence à me ronger de l’intérieur.

Trois thèmes principaux viennent en boucle troubler mon sommeil. Je pense tout d’abord à la disparition de mes proches, le plus souvent à la mort de ma grand-mère. Je m’imagine déjà le jour de ses funérailles, une cigarette au bec, en compagnie de ma mère et de sa famille. Je suis très triste et commence à envisager ma vie sans sa présence. En résumé, j’ai bien les boules au beau milieu de la nuit, et j’ai beaucoup de mal à me replonger sereinement au pays de Candy Neige André. Mon travail est également très anxiogène. Je me réveille fréquemment, étant persuadé d’avoir mal géré un problème, oublié d’envoyer un rapport ou de faire une présentation. Le seul moyen de me rassurer est de me connecter au réseau de mon entreprise et de vérifier courriers électroniques et autres tâches. Il m’est déjà arrivé de partir travailler par le premier métro pour être certain de ne pas avoir fait de connerie. Enfin, la maladie est responsable de mes plus belles insomnies. Je suis hypocondriaque et je développe trois ou quatre cancers par ans. J’en ai tous les symptômes. Gliome (cerveau), gastrique, colon. Tout y passe. J’en parle ensuite à Snooze qui me conseille ironiquement d’arrêter la fumette ou de consulter un spécialiste de la spécialité.

Les crises de migraine peuvent également me réveiller brusquement. J’ai bien heureusement une boite de médicaments à portée de main, juste au cas ou. En attendant, je me retourne et trouve toujours un Snooze en plein sommeil profond. J’envie souvent mon nain de mari. Je le regarde, lui caresse doucement le haut du visage. Il ouvre un œil, me sourit et se rendort dans la foulée. Seule une explosion nucléaire pourrait le perturber. Je prends donc mon mal en patience. Je n’allume jamais la lumière pour lire un livre ou le journal, mais privilégie l’écoute de podcasts soigneusement sélectionnés. Je télécharge tous les jours le même programme de chroniques et d’émissions. Deux heures quotidiennes d’écoute sont nécessaires pour combler mes échappées nocturnes. Me réveillant en moyenne toutes les heures et mettant un quart d’heure pour me rendormir, le compte est bon. Je préfère bien évidement cette méthode douce à la prise de somnifères que je n’utilise qu’exceptionnellement en cas de décalage horaire.

Voici donc pourquoi j’ai besoin de beaucoup dormir, la qualité de mon sommeil étant d’une grande médiocrité. Je m’effondre souvent le vendredi soir et me lance très rarement le week-end ou en semaine dans une sortie jusqu’au bout de la nuit avec mon mari qui fait généralement preuve d’une étonnante résistance.

L’idéal pour justifier mon côté casanier et me la jouer Bree à la maison. Et bree à souvent la tête dans le cul.

16 commentaires sur “Gros dodo

  1. Nous serons forcément nombreux à nous reconnaître d’une manière ou d’une autre, ce qui au fond signifiera que tu es assez « normal ». Je vis avec un somnambule et j’ai moi-même un doudou semblable (un très vieux duvet marron-caca que mon chat essaie de s’approprier ; mais il ne l’emportera pas au Paradis !).

  2. que de soucis ! Tant pis pour moi, je mourrai sans doute plus vite que toi et peut-être démente, mais quand je veux dormir, vers 1 ou 2 h du matin, toutes les nuits, j’avale des trucs rose et blanc pour arrêter la machine à penser.

  3. Et pour avoir la tête dans le cul, tu dois faire pas mal d’étirements pendant tes heures de somnanbulisme car il faut être vachement souple dis-moi :blink_tb:

  4. Moi qui dort d’une manière assez épouvantable (cauchemars, réveils nocturnes en hurlant ou à l’autre bout de la pièce…), je ne peux que te comprendre. Pendant ce temps, Toon, lui, il écrase paisiblement…

  5. Je dors plutôt bien, mais cette nuit justement je me suis réveillée avec mal aux yeux et j’aurais dû prendre tout de suite un truc contre la migraine (mais je suis moins prévoyante que toi et trop flemme pour me lever) je vais donc passer mon week end avec une migraine :thumbdown_tb: Le somnambulisme cela doit être terrible non ?

  6. Eh ben !! Ton psy a encore du boulot devant lui pour t’apprendre à gérer tout çà !! J’espère au moins que t’en as un !! Si non, fonce tout de suite chez Mr ou Mme BONHEUR !!

  7. Même genre de sommeil, moins le somnanbulisme… quelle plaie. Remarque, la prochaine fois que je me réveiller en pleine nuit sans pouvoir m’endormir, je saurais qui appeler :clap_tb:

  8. Je crois qu’on en a déjà parlé, mais n’as-tu jamais songé à t’obliger à forcer à te coucher tard afin que ton sommeil soit de toute qualité, et du coup récupérateur, et du coup tu aurais moins besoin de dormir ?

    (bon, je dis ça, je ne dors vraiment pas assez, moi depuis 5 ans déjà, mais n’empêche à part de rares cauchemars (http://www.fotolog.com/gilda_f/28357364), quelle qualité et pas d’insomnies …)

  9. Mouarf en parlant de cul, tu le places où dans tout ça, avec Snooze?? :happy_tb:

    Sinan le coté le coté je-dors-et-pas-ne-bombe-ne-me-réveille j’ai le même à la maison…même une bombe sexuelle ne le réveillerai pas ! :dunce_tb:
    En même temps ça ses avantages…il devient mon objet quant il dort :devil_tb:

  10. Comme ça me parle !! L’hypothétique disparition de Mère-grand s’impose à moi en ce moment.
    Quant au sommeil, je suis sans complexe : en cas d’insomnie, quelle que soit l’heure, je vais dans mon bureau et je travaille. Quelle pov’vie!
    Concernant tes angoisses de mort, tu es mûr pour l’analyse mon p’tit chou. :bye_tb:

  11. ah j’ai l’impression de me reconnaitre, mais moi dans le rôle de ton homme, j’aime dormir, mais se coucher tôt pfff.. et puis faire des parties de psp au lit c’est tellement agréable.. quand son homme dort à côté….

  12. Le coup du podcast, faudra que j’essaie… mes insomnies à moi ressemblent aux tiennes. Je suis un couche-tôt- lève-tôt, aucun problème pour m’endormir mais réveil généralement trop tôt… Et c’est parti pour gamberger sur le travail, la vie, les gens… avec des crampes musculaires diverses et variées si je n’adopte pas la posture « sur le dos » (la moins « endormante » de toutes !). Que la vie est dure…

  13. Youpi et moi qui croyais que j’étais la seule personne à dormir avec un doudou (le mien est un vieux lapin âgé d’exactement 22ans) à 23ans et bien me voilà plus très seul :happy_tb:.

    Pour le somnambulisme, j’ai souvent trouvé ça chouette sur les autres (je ne pratique pas), cependant au delà de la grosse fatigue éprouvé par ce genre de phénomène, je me demande si la personne qui est somnambule est consciente de ses actes mais sans pouvoir réagir, comme un pantin en très gros, a priori en lisant le billet c’est ton cas, t’es tu déjà réveillé la main dans le sac ou alors quand tu pestes c’est toujours de l’inconscient…

    En tout cas bonne chance pour toute les prochaines nuit de ta vie :blush_tb:

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