Ma vie de souillon

Je suis bien conscient qu’il y a des choses plus importantes en ce moment, comme les élections américaines ou la propagation des condylomes ano-génitaux dans le milieu gay parisien, mais s’il y a bien un truc qui me troue le cul et qui pourrait conduire à ma désertion du domicile conjugal, c’est bien la façon dont mon mari gère les tâches du quotidien. Les courses, la lessive, le repassage, c’est très chiant et pas très glamour. Ce n’est donc pas très Snooze. Nous avions bien eu recours il y a quelques années à une charmante aide ménagère, mais nous nous sommes vite aperçu qu’elle ne passait qu’une heure par semaine à ravager les cols nos chemises et ne se préoccupait jamais des moutons de poussières qui avaient pris racine sous le canapé. Bêê bêê. Julia s’est vite révélée être une arme de destruction massive tout droit venue du Pérou et nous n’avons jamais osé la remercier. Notre déménagement fut une occasion très lâche de nous en séparer. C’est bon la lâcheté.

Mais revenons à mon nain qui a pris de bien vilaines habitudes en quarante quatre années de vie communes. Même s’il me serait impossible de me passer de mon mari, j’ai de plus en plus l’impression qu’il me prend pour sa souillon personnelle. Il faut dire que nous n’avons pas la même conception du week-end. Pour moi, samedi et dimanche matins (hors rendez-vous avec mon chouchou) riment avec lessive et traque à la poussière. J’ai l’habitude de me réveiller peu avant huit heures. Je pars courir et j’en profite pour faire les courses à la fraîche. Je ne laisse jamais le loisir à Snooze de se rendre dans un supermarché pour plusieurs raisons. (i) Snooze ne sait pas où se trouvent les supermarchés proches de notre maison et (ii) s’il lui prenait l’envie de remplir notre placard à nourriture, il se rendrait directement à la grande épicerie de Paris, au Lafayette gourmet du boulevard Haussmann ou chez Hédiard, claquant ainsi le PIB de l’Albanie pour refaire son stock de chips au vinaigre.

Côté cuisine, il me laisse le soin de tout briquer car il considère à juste titre que ces douze mètres carrés représentent mon royaume et qu’il serait vite pendu pendu pendu s’il déplaçait le moindre ustensile. Eviter de mettre les pieds dans la cuisine lui permet également de s’affranchir de préparer tout repas le soir ou de s’apercevoir que le lave vaisselle doit être vidé. La planche et le fer à repasser sont également rangés dans cette pièce. Je comprends donc pourquoi il se met à repasser uniquement quand il ne trouve plus aucune chemise à sa disposition. Car selon lui, les jours de repos ne servent qu’à se reposer ou à se remettre des sorties du lundi, du mardi, du mercredi, du jeudi, du vendredi et du samedi. Si je n’ouvre pas les volets de la chambre, la nuit du samedi peut aisément se prolonger jusqu’au dimanche après-midi. Après une pause détente avec sa crétine de console, il pense alors à se pomponner pour sortir de nouveau dans des endroits bien trop branchouilles pour moi, moi qui n’aspire qu’au calme, au luxe et à la volupté avant d’attaquer une semaine bien stressante et chargée.

Mais le pompon, la cerise sur le gâteau, la crème de la crème, est certainement lorsque je pars en mission à l’étranger. L’appartement ne bougera pas d’un iota pendant mon absence. Rien ne sera rangé. Mon mari aura toutefois réussi à ramper entre le canapé et la réserve à gâteaux au chocolat. Quelques traces d’emballage(s) de Dinosaurus ou de Granola auront trahi sa présence. Quand je craque et je commence à faire la grève du ménage façon Melina Mercouri dans « Jamais le dimanche », il tente de botter en touche en me rappelant que je ne fais jamais le lit. A quoi je me permets de préciser qu’une couette se secoue en quelques secondes et qu’il m’est impossible de faire le lit car, lorsque je pars travailler, il est toujours et pour encore longtemps dans les bras de Morphée.

Ce billet est d’une partialité à toute épreuve. Même sous la torture, je ne reconnaîtrais jamais que je suis psychorigide, que je passe la semaine à mettre le bazar un peu partout et que je sème une quantité infinie de sacs à merdes dans tous les recoins de l’appartement (un sac à merdes étant par définition un sac où l’on fourre toute les mini merdasses qu’on ne sait pas mettre ailleurs), et que je ne pourrais laisser le soin à quiconque de nettoyer mon appartement à ma place.

20 commentaires sur “Ma vie de souillon

  1. PREUUUUUUM’s !!!!

    Ha ha ha ! J’adore ! ça me rappelle plein de choses d’ailleurs. Pourtant, le ménage, c’est plutôt Toon. Par contre, les courses, c’est moi !!! J’ADORE :clap_tb:

  2. Deuuuuuuuzzz !!
    Moi aussi ça me rappelle plein de choses. Mon chéri a vite compris que je ne supportais pas de faire le ménage :blush_tb: . Je m’occupe donc de tout ce qui touche à la cuisine, la vaiselle, mon coin à moi quoi. Par contre question repassage et faisage de lit, je préfère m’en occuper… Commencant à travailler nettement plus tôt que mon chéri, je ne peux pas m’occuper de notre tendre petit coin de repos (et de sport :laugh_tb: ) que le soir à mon retour même si, parfois, il s’en est déjà occupé ^^.
    Mais vous connaissez l’état d’un lit fait par quelqu’un qui est « vachement à la bourre » le matin ?? Moi oui :annoyed_tb:

  3. Enfin, enfin j’ai trouvé quelqu’un qui comme moi ne doit pas trouver totalement absurde de passer l’aspirateur tous les jours, voir deux fois par jour ! Et qui quand il le laisse passer par son conjoint ne trouve pas l’appartement aussi propre…

  4. Au bout de 9 ans de vie commune, mon Hector semble avoir trouvé enfin le chemin de la cuisine. Même si il se contente de rester sur le palier de la porte en regardant l’intérieur de la pièce d’un air songeur et en se demandant à quoi tout cela peut bien servir…

    On avance, on avance… :mad_tb:

  5. Je profite de ce billet, qui restera dans les an(n)ales de je ne sais qui, pour te soumettre à toi, le GRAND professionnel et à ton nain de mari le SPECIALISTE du seau et de la serpillière à travelo rigolo, mon problème. Hier soir, j’ai constaté avec effroi que du plafond perlait une goutte d’eau et qui tentait de rejoindre ses sœurs déjà dispersées sur le cuir de mon canapé. :jittery_tb:
    Que dois-je faire?

  6. Moi, j’ai des excuses imparables avec certificats médicaux à l’appui : 1) L’évier est trop bas et m’oblige dangereusement à tirer sur ma scoliose, 2) Asthmatique, je suis aussi allergique à la poussière, 3) etc… (ça va jusqu’à 50) :devil_tb:

  7. Mon dieu en lisant ton article je m’aperçois que Blunt est la copie conforme de Snooze :dunce_tb:
    Je pense qu’il y aurait des études à faire sur la relation être geek / ne jamais s’occuper des tâches ménagères : si un sociologue passe par là…..

  8. héhé, j’adooooore, tu te plains, mais en fait tu jubiles de jouer les cendrillons bobo !!!
    pourquoi ne pas mettre en place un planning ou une répartition plus pragmatique des tâches ? il y a bien quelque chose que Snooze sache faire en dehors des jeux vidéo ?!

  9. Reprends donc une femme de ménage potable, mon garçon, et tu verras que tes we seront améliorés, de même que tes relations conjugales … mais exige qu’elle vienne le vendredi, ou, si tu es en fonds, le vendredi ET le lundi, ainsi we et semaine seront au top !
    Faut savoir ce qu’on veut dans la vie … ou alors tu changes de mari et en plus tu cours chez ton psy … pour ton côté psychorigide !
    Je t’ADORE

  10. De la part d’un mec qui a un blackberry dans une coque bleue pour pô qu’il se salisse je trouve que c’est un peu gonflé de cracher sur ta psychorigidité.
    Si ça se trouve tu es anorgasmique (et tu ne le sais pas!) :huh_tb:

  11. Moi je fais toujours la grève du ménage. Ce n’est pas la grève, d’ailleurs, c’est mon état naturel.
    Personne n’aime les corvées, donc pas question que je fasse une corvée SEULE. C’est à deux (au moins: on est cinq, ça laisse le choix des participants) ou je ne fais rien.

    J’ai un ami qui dit que celui qui fait le ménage détient le pouvoir dans la maison: il sait où sont rangés les choses, etc.

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