Allez viens boire un p’tit coup à la maison

Horreur, malheur
Aaaah!
Oui, je suis Belzébuth
Horreur!
Je suis un bouc, je suis en rut
Horreur, malheur
Oui, oui, oui, je vis dans l’ordure
Horreur
Je pue la sueur et la luxure

Je fume je bois, j’ai tous les vices
Et j’ai du poil partout sur les cuisses
Je vous déteste, je vous maudis
J’suis complèt’ment pourri

Oui, le docteur roidetrefle va encore se transformer en vilaine radadasse qui pue qui pète, qui a le cul comme une trompette, en tordant le cou à une vilaine rumeur et en parlant de terribles maladies bien dégueulasses.

En terme de santé, il devenait vraiment important d’examiner les véritables relations entre consommation de boissons alcoolisées et risque de cancer. La rumeur courait que se taper un petit ballon de rouge quotidien était bénéfique pour le coeur. En résumé, les tanins contenus dans le breuvage des dieux participaient au décrassage intense des artères et assuraient le bon fonctionnement de la chaudière. Mais attention: S’il était recommandé de boire un petit verre tous les jours, il ne fallait surtout pas avoir le coude trop généreux. Il était hors de question de transformer le pays en troupeau de pochards diabétiques (oui oui, l’alcool, c’est avant tout du sucre). C’est ce que les gens intelligents appelaient le « french paradox ». Les français se portaient mieux que les autres grâce à la qualité de leur vin. Rien à voir avec une quelconque pression du lobby vinicole, profession constatant une baisse dramatique de la consommation de gros rouge qui tache dans notre pays.

Trêve de plaisanterie, les suggestions issues de sociétés savantes ou commerciales commencent sérieusement à nous briser les couilles. Et cinq fruits et légumes par jour par ci, et les produits laitiers sont nos amis pour la vie par là, attention à la surconsommation de viande rouge ou encore buvez au moins 1,5 litre d’eau par jour. A noter que cette dernière recommandation a transformé une quantité incroyable de femmes en potomanes œdémateuses, persuadées que boire permettait efficacement de perdre les petites rondeurs et de détoxifier l’organisme. Rien à voir également avec une pression des sociétés française exploitant les nombreuses sources d’eau françaises, mais également la crédulité du consommateur après la canicule de 2003. A l’exception des personnes âgées plus fragiles que les autres, on boit quand on a soif, basta. De l’eau, il y en a un peu partout, même dans un morceau de sucre.

Oui mais voila, une récente publication met clairement en évidence l’augmentation de risque des cancers des voies aérodigestives supérieures (bouche, pharynx, larynx, oesophage), du foie (on pouvait s’en douter), du colon, du rectum et du nichon. Plus important, et contrairement aux conneries véhiculées par le fench paradox, il met en évidence une relation linéaire entre la consommation d’alcool et le risque de cancer, avec surtout l’absence d’une dose sans effet et l’interaction avec d’autres facteurs de risque comme la cigarette. Enfin, il montre que les individus sont inégaux (c’est le principe de la vie) devant ce risque et l’absence d’influence du type de boisson alcoolisée ingurgitée. En résumé, se taper un ballon de vin à 12° équivaut à un demi de bière (25 cl), un verre de whisky (3 cl), un verre de pastis (3 cl) ou un verre de Champagne (10 cl) (désolé Fabrice). Seule l’exposition à l’alcool compte. Par exemple, il existe un effet dose-réponse de la consommation d’alcool sur le risque de cancer du foie. Le risque est augmenté d’un facteur 1.2, 1.4 et 1.8 pour les consommations de 25, 50 et 100 g/j. Plus amusant, une carte montre que plus on réside au nord de la France, plus le nombre d’hommes atteints de cancers des voies aérodigestives supérieures et de l’oesophage est important, passant de 48/100 000 en région PACA à 142/ 100 000 dans le nord. On va arrêter la bière, hein les Ch’tis.

Certains continuent cependant à se faire des pépettes en publiant des bouquins détaillant que consommé avec modération, l’alcool serait protecteur. Non seulement contre les maladies cardiovasculaires mais aussi contre certains cancers à condition d’avoir en parallèle une alimentation proche de la diète méditerranéenne. Et la marmotte met toujours le chocolat dans le papier aluminium. Pour finir, ne pas oublier de coller sur le réfrigérateur le mémo suivant: (i) Plus une goutte d’alcool, (ii) l’obésité est associée à une augmentation du risque de plusieurs cancers (de 8 à 55 % selon les localisations) : œsophage, endomètre, rein, côlon-rectum, pancréas, sein (après la ménopause) et vésicule biliaire, (iii) le risque de cancer colorectal augmenterait de près de 30 % par portion de 100 g de viandes rouges consommée par jour et de 21 % par portion de 50 g de charcuteries consommée par jour, et enfin (iv) la consommation d’aliments salés augmente le risque de cancer de l’estomac. Hé hé, toujours rien de bien sérieux pour la surconsommation de coca-light.

Le pire dans cette histoire est encore une fois que la vie est comparable à la roulette Russe. Rien ne garantit une existence longue et épanouie.

Alors autant trouver le juste équilibre entre le plaisir et la raison. les excès ne sont jamais bons, sauf bien entendu les excès d’amour, de joie, et de plaisir.

16 commentaires sur “Allez viens boire un p’tit coup à la maison

  1. Même si l’expression « potomane oedémateuse » est humoristiquement efficace, elle est physiologiquement inexacte. En effet, d’abord on parle de potomanie lagement au delà de deux ou trois litres d’eau par jour mais ça se situe plus entre 10 et 15 litres, et là c’est une vraie maladie psychiatrique grave et socialement invalidante. Ensuite c’est pas l’eau qui fait l’oedème, mais le sel. Et ça tous les insuffisants cardiaques, hépatiques et rénaux le savent bien. Les oèdemes pulmonaires de Noël dus à une consommation d’huîtres par des patients au coeur fragile sont un grand classique.

    Maintenant sur le fond de ton billet, on va tous mourir. Alors faut-il faire ce dernier voyage avec un corps le mieux entretenu possible et qui sera de toute manière voué à l’incinération ou à la putréfaction ? Ou au contraire vaut-il mieux l’avoir usé jusqu’à la corde ? Quoiqu’il en soit on ne le rendra pas dans l’état dans lequel il nous a été confié, et de mon point de vue c’est tant mieux. Vaut-il mieux donner des années à sa vie ou de la vie à ses années ?
    Alors qu’on arrête de nous casser les burnes avec 5 fruits et légumes, les produits laitiers pour nos os, un verre de vin pour décrasser les artères et le régime crétois et j’en passe. C’est d’abord et avant-tout du prêchi-prêcha de boîtes de marketing avec une vague (très vague) caution scientifique. Et dans ce domaine comme dans d’autres, il y a beaucoup de phénomènes de mode : vérité un jour, aberration le lendemain… Alors vivez en tachant d’être heureux sans vous faire emmerder par les grincheux, ce ne sera déjà pas si mal.
    Je suis bien content, j’aurais déjà pas le cancer de la prostate si j’en crois Matoo :jittery_tb:

  2. Le fameux « French paradox » a surtout été expliqué de manière beaucoup plus convaincante par le fait que les français mangent de petites portions en quantité nécessaire et suffisante par rapport à leur faim. Ce qui pour des américains, habitués à « en avoir pour leur argent » et à tout bouffer en conséquence, a été une révélation bien plus pénible que de croire que seuls le vin et l’huile d’olive jouent un rôle bénéfique.

  3. Euh, le commentaire sur le French paradox ci-dessus est de moi (ça m’apprendra à toucher le PC de mon homme et à ne pas prévisualiser, encore qu’il n’y a pas de prévisualisation possible ici ;-)).

  4. Bon… Ben ma soirée d’hier (que je raconte sur mon blog… merci pour ce moment de pub)va à l’exact encontre de ce billet. Comme Eric je choisis de donner de la vie à mes années. je veux du plaisir, du plaisir et encore du plaisir!!!

  5. Il est évident qu’aucun excès ne fait trop du bien à ce qui nous constitue en dedans, mais on aura beau me raconter qu’il faudrait idéalement ne pas fumer, ne pas boire d’alcool, ne plus manger de viande, de charcuterie, de fromages, de lait, de tout plein de trucs à mesure des dernières trouvailles, et que d’abord si je suis obèse et ménopausée c’est tout ma faute si je tombe malade, je continue à penser qu’on tient surtout depuis un bon paquet d’année à nous culpabiliser individuellement alors que les causes les plus fréquentes des maladies qui tuent sont à rechercher dans nos conditions générales de vie.
    Travailler trop pour gagner peu, respirer de l’air globalement pollué (parce qu’il faut vendre tout plein des voitures et du carburant itou, et surconsommer et surcirculer), travailler dans des bureaux ignifugés à l’amiante, voisiner des centrales nucléaires et stockage de déchets dont les petits frétillements radio-actifs seront rassurez-vous expulsés hors de nos frontières parce que sans-papiers, et se faire surchauffer les cerveaux à coup de cellulaires et d’ondes émises par les relais, sans parler de tous les écrans auxquels nous sommes sans arrêt exposés et des fruits et légumes aux pesticides et bricolés.
    Je crois bien que si les gars du nord crèvent davantage de certains cancers que ceux du sud, ce n’est pas tout à fait uniquement à cause de leurs diverses et personnelles consommations, mais bien des problèmes de niveau de vie, suivi médical, profession première exercée (peu d’anciens mineurs de fonds sur le pont d’Avignon). Sans parler de la corrélation entre niveau de vie et qualité (ou absence de) des produits de prédilection.
    Alors même si les bienfaits de la vie moderne n’étaient pas le sujet de ton billet mais uniquement les méfaits de l’alcool, j’ai comme l’impression qu’il est difficile de faire abstraction.
    La meilleure règle de prudence serait sans doute de varier et en toute consommation rester modéré, et se méfier des modes alimentaires si souvent issues des lobbies (les 1,5 litres d’eau, je me souviens de médecins qui les préconisaient).

  6. roidetrefle, vendu au diet Cherry-Coke® , le Muscadet™ aura ta peau ! Que ta prochaine bouteille d’huile d’olive (1ère pression à froid) se brise dans ton sac et se répande partout sur ton i-pod, ta carte orange et tes clefs usb. Que des régiments de Petit-Beurre™ invesvissent tes pistes cyclables, des troupeaux d’huitres du Morbihan viennent coloniser ta carte FNAC, et tu verras ce qu’il en coûte de s’attaquer aux lobbies (sans compter qu’en plus, que deviendrait le Truithon (©roidetrefle)?)

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