Plus près de toi mon Dieu

L’avion, j’adore ça, mais juste après avoir décollé. Lorsque le trajet est très long, je sors mon arme magique magique qui me permet de faire un saut dans le temps, le merveilleux, l’unique, le formidable, l’ami des voyageurs, le décaleur de décalage horaire, j’ai nommé le Stilnox. Je le prends quelques minutes avant le décollage, juste après m’être bouché les oreilles avec des boules Ear et mis un masque sur les yeux. Ne prenant jamais le moindre médicament pour dormir, je reste très réceptif à son mode d’action. Cerise sur le gâteau, sa demi-vie étant très courte, mon pote de carlingue est rapidement éliminé, évitant ainsi d’arriver à destination dans le pâté.

Ceci est ma confession du jeudi. :dunce_tb:

Lorsque je suis rentré de Chicago il y a cela un peu plus d’un mois, je n’ai pas trouvé ma plaquette de somnifères. Le voyage débutait de la meilleur façon possible: Enregistrement rapide, surcharge de bagages habilement négociée avec un sourire et deux doigts d’humour, place souhaitée obtenue, aucun retard. L’avion a commencé à bouger, s’est lentement dirigé vers la piste de décollage, a commencé à accélérer pour brusquement freiner. La moitié des voyageurs a dégusté le siège d’en face, l’autre a été étouffée par la ceinture de sécurité. Le commandant de bord s’est rapidement adressé à nous en nous expliquant que les sondes ne répondaient plus, que nous allions avoir beaucoup de retard, mais surtout qu’il fallait mieux arriver en retard dans ce monde qu’en avance dans l’autre. Grand silence dans les cabines. Grand moment de solitude.

Ma voisine rapidement sorti un smartphone de son sac à main, s’est connectée sur Google, a tapé deux petits mots « sonde avion » et est instantanément tombée sur le site de l’express qui explique notamment que:

« Si la sonde Pitot fonctionne mal, la mesure de la vitesse de l’appareil est erronée et la vitesse qui s’affiche sur l’anémomètre n’est pas la bonne. Cette fausse information fournie au pilote peut alors avoir des conséquences graves. Si la vitesse est surestimée, il y a un risque de décrochage de l’avion. C’est-à-dire qu’à cause d’une vitesse trop faible, l’appareil risque de tomber. Si la vitesse est sous-estimée, et que l’appareil va plus vite que ce qu’indique l’anémomètre, il existe un risque de déformation, voire de destruction dans les cas les plus extrêmes, de l’avion. »

J’ai soudain entendu un Hiiii très aigu, puis un « Maaiiis ils nous refont le coup du Rio-Paris il y a un an », « on va tous mouriiiiir », réflexion spontanée, mais idéale pour contaminer le reste de l’avion. Le personnel de bord, submergé par les questions des voyageurs terrifiés, a tenté en vain d’être le plus rassurant possible. Nous avons fait demi-tour. Les sondes n’ont pu être réparées et quatre heures ont été nécessaires pour les remplacées. Entre temps, la classe cochon a carburé au soda sucré tiède périmé depuis trois mois alors que la classe fourrure se pintait au Champagne. Ambiance. Juste avant de décoller pour la seconde fois, j’ai directement avalé deux Stilnox. Je me suis naturellement réveillé quelques minutes avant l’atterrissage, un léger filet de bave s’écoulant de ma bouche, et pas vraiment frais.

J’ai repris l’avion depuis ce petit incident, et notamment le week-end dernier pour me rendre à Londres en compagnie de mon cher et tendre. l’occasion était trop belle. Air Fabrice Ltd propose actuellement de s’envoler pour la perfide Albion en A380. Je pensais initialement que Londres n’était qu’une escale avant de repartir pour New-York. Que Nenni. L’avion nécessite deux co-pilotes et un pilote et la compagnie doit former son personnel au nouveau paquebot. La formation ne se comptant pas en heures de vol mais en nombre d’atterrissages et de décollages, la courte distance Paris-Londres a donc été choisie par Air France. Et c’est tant mieux pour nous.

De nombreux passagers avaient choisi de faire un aller-retour express dans la journée, uniquement pour visiter et s’asseoir dans l’avion. On avait presque l’impression de se retrouver quelques décennies en arrière, époque bénie ou l’avion faisait encore rêver. Les zones d’embarquement et de débarquement ont été repensées pour accueillir les nombreux voyageurs. Deux niveaux sont disponibles, pour un total de 92 rangées , en 3-4-3 pour la classe économie: Au premier palier on trouve la classe première suivie de l’éco, au second de longues rangées de sièges affaires également suivies de la classe économie. Les hôtesses et stewards semblaient perdus et tentaient de se trouver de nouveaux repères. Le délai entre décollage et atterrissage étant très court, les boissons et snacks devaient être servis très rapidement. Poisson ou poulet?

Mais le plus croustillant reste la fonction « chat » désormais disponible pour chaque passager. Il est ainsi possible d’utiliser le clavier du téléphone pour communiquer avec ses voisins ou amis. Il suffit de s’incruster dans un salon de discussion ou plus simplement d’en créer un, privé ou public. Cette fonction n’a malheureusement été activée que vingt petites minutes, le vol étant vraiment très court. Des copines avaient déjà crée le salon « Gay Pride London 2010 ». Aucun modérateur ne semblait modérer les discussions. Placenta ou Zezette semblaient déjà bien s’amuser. Un rendez-vous était déjà donné dans les toilettes de la première classe. On imagine facilement dix heures de chat entre Paris et San Francisco. :clap_tb:


Et en exclusivité mondiale, tadahhh, les nouvelles toilettes de l’A380. Oui oui, les ingénieurs ont greffé K 2000 sur le robinet, ont pensé à ajouté un joli halo bleu pour penser à purger la cuvette, et le papier ne déchire plus la rondelle.

Ne manquent plus maintenant que des toilettes à la japonaise. On n’arrête pas le progrès ma bonne dame.

19 commentaires sur “Plus près de toi mon Dieu

  1. Je voudrais pas stresser l’hypocondriaque qui sommeille en toi, mais en dormant pendant tout le trajet, ne risques-tu pas la stase veineuse, puis le caillot, puis l’embolie pulmonaire ?

  2. Virgile >> Il faut voir le bon coté des choses: si l’avion se désintègre en vol à cause des sondes, notre ami roidetrefle n’aura même pas le temps d’avoir peur, puisqu’il dormira tranquillement! :clap_tb:

  3. @Rouge-Cerise: Mouais, chacun sa façon de voir, mais la mort c’est quand même LE truc le plus mystérieux de la vie, donc le plus intéressant. Moi ça me ferait chier de dormir à ce moment-là…

  4. Et à chaque fois que tu prends l’avion c’est comme ça? Tragi-comédie sur gros porteur? merci pour cet excellente chronique qui risque juste de ruiner l’aviation civile. A moins que le salon de causerie se confirme vraiment. Sans modérateur.

  5. Bon, j’y vais de ma petite confession : je n’ai JAMAIS, je dis bien JAMAIS pu pisser dans un avion. Ni faire le reste, d’ailleurs. J’ai dû prendre l’avion plus d’une quinzaine de fois (y compris pour aller à Madagascar en passant par Moscou ! :king_tb:) et je ne sais toujours pas à quoi ressemblent des toilettes aéroportées…

    C’est con, hein ! :bye_tb:

  6. Hiiiii, pour l’embolie, la dose d’aspirine en prévention, et pourquoi pas les jolies chaussettes de contention si bien mises.

    Pour les wawa à la japonaise, oui, cela serait l’ultime progrès :thumbup_tb: :thumbup_tb: :thumbup_tb:

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