Netflix, mon meilleur ami

Note à moi-même et aux autres : Je me souviens d’un temps pas si éloigné que cela où il était douteux de lire un billet consacré à un service ou autre bien de consommation. Ainsi, un blogueur lambda pouvait-il recevoir en cadeau le dernier presse agrume à la mode ou encore un laissez-passer pour une soirée very chic ou un concert. Seule chose à faire, publier un billet complaisant. Cher ami lecteur encore vivant et de passage, sache que je ne me suis jamais prostitué lors de ces neuf années d’écriture. Et je ne vais pas commencer aujourd’hui. Promis juré craché, je ne suis pas une salope.

Octobre 2013 : Snooze et moi-même débarquions comme tous les ans à la même époque depuis vingt ans à Montréal. Ach, Montréal, son meilleur pesto du monde, ses bagels, son métro seventies, ses restaurants, ses bordels, ses épiceries grecques et italiennes, et ses indécentes zones de shoping. Notre ami Éric ayant vendu son appartement de la rue Amherst, nous nous sommes rabattus sur un autre situé quelques mètres plus au sud. Les photographies envoyées par le propriétaire nous avaient mises l’eau à la bouche, tout semblait parfait. Sans attendre d’ouvrir nos bagages, nous sommes rapidement partis faire nos courses à l’IGA voisin (équivalent de Monoprix, ma vie est formidable) et au boulanger du coin. De retour, impossible de résister à l’envie d’allumer le poste de télévision et de me connecter sur V, une sous M6 de très basse qualité qui a le malheur de diffuser « un souper presque parfait ». Horreur, malheur, une télévision était bien à notre disposition, mais elle n’était pas reliée au boitier du câblo-opérateur Vidéotron. Seule option, allumer l’Apple TV et lire ses films sauvegardés sur le cloud ou en acheter de nouveaux.

Seule option ? Pas vraiment. J’ai la fâcheuse habitude d’ouvrir un compte iTunes un peu partout, et me suis souvenu que je possédais un compte canadien. Je me suis donc connecté et ai découvert les véritables fonctions de l’Apple TV qui proposait un accès à de nombreux services dont Netflix. Après avoir cliqué sur l’icône rouge, on me proposait un mois d’abonnement gratuit, et une résiliation dans la minute si je n’étais pas satisfait. Seul un numéro de carte de crédit était demandé, et hop, l’univers Netflix s’ouvrait à moi.

Quezako Netflix ? Cette société Nord-Américaine fondée il y a une quinzaine d’années proposait initialement un service d’abonnement de vidéos à la demande. Le client choisissait un film, le louait et le recevait rapidement par la poste. Netflix a osé il y a quelques années un virage brutal de stratégie en ne proposant que des films ou séries à la demande via internet. Nouveau business model. La société a grossi, pour représenter  jusqu’à un tiers du trafic internet en Amérique du Nord.

En France, on connait Netflix via une série distribuée par Canal Plus, « House of Cards ». Netflix a souhaité s’attaquer aux chaines payantes HBO (Game of Thrones) et Showtime (Dexter) en dynamitant la production télévisée. Cent millions de dollars ont ainsi été libérés pour financer les treize épisodes de la première saison. Casting et production royaux ont été associés à un mode de diffusion inédit. Ainsi, l’intégralité de la première saison a-t-elle été mise d’un coup à la disposition du spectateur. Les producteurs se sont même vantés d’avoir pourri la dernière saint-Valentin en libérant la seconde le 14 février dernier. Moi, cela fait quatre ans que je suis un moine, alors la saint-Valentin.

L’utilisation est élémentaire. Au Canada, un abonnement de 9.99 Can $ (environ 6.5 euros) par mois est proposé. La résiliation est simple. Contrairement à d’autres abonnements, il suffit juste de cliquer sur un bouton rapidement accessible sur le site internet pour suspendre le contrat. Aucune période de préavis, aucun loup. Qui a tenté de résilier son abonnement à Canal Plus appréciera. Une fois abonné, il est possible de visionner plusieurs milliers de films, documentaires ou séries. Tout est illimité. Toujours dans la simplicité d’accès, Netflix est disponible sur ordinateur Mac ou PC, sur tablette, sur Apple TV ou sur smartphone. Les applications sont toutes gratuites et restent intuitives. Un algorithme très bien conçu permet de rapidement cibler les goûts du spectateur. Une première séance facultative permet de noter les derniers films vus. En fonction des résultats, d’autres films sont proposés et permettent ainsi d’affiner les choix disponibles. J’adore les films de filles et les films d’auteur(s), j’ai été rapidement servi.

Tout reste très simple

Les choix sont multiples et variés. Il est ainsi possible de passer du dernier «Star Trek» à «Amour» en un claquement de doigt. Snap.

Rapidement accro au service, j’ai trouvé le moyen de continuer à en profiter à Paris. Un bidouillage légal d’adresse IP via VPN m’a permis de bénéficier de Netflix une fois rentré en France. Habitant une petite semaine à Londres tous les mois, je me suis aperçu que la firme s’était déjà étendue outre-Manche et que les programmes variaient sensiblement d’un pays à l’autre. En modifiant son adresse IP, il est donc possible de bénéficier des flux US, Canadiens, et Britanniques. Ainsi tout comme Matoo, suis-je rapidement devenu intoxiqué par les aventures de Ru Paul. L’intégralité des 5 premières saisons était disponible sur Netflix UK, pas pour les autres pays. Même biais pour des séries telles « American Horror Story » ou encore « Bates Motel ». Seule constance, les séries maison telles « House of cards », « Orange is the new black », « Lilyhammer » ou encore l’effrayante « Hemlock Grove » produite par Gaumont. Sont notamment attendus « Marco Polo » et « Daredevil » pour 2015.

Oui mais voilà, comme indiqué un peu plus haut, il faut un sacré débit pour pouvoir profiter au maximum de ce service. Même en haut débit, la qualité de l’image n’était pas optimale sur mon téléviseur, et tout juste passable sur mon iPad. J’ai donc opté pour la fibre optique chez Free. Deux mois d’attente ont été nécessaires pour pleinement bénéficier de mon abonnement. Enfin, si les programmes sont proposés par nouveautés, genres, ou propositions suite aux précédents visionnages, il reste indispensable de comprendre ou lire l’anglais. Seuls certains rares programmes canadiens sont sous-titrés en français. Cependant, tout risque de rapidement changer.

Depuis peu, la presse annonce l’installation de Netflix en France. Toutefois, tout est fait pour saborder son arrivée. On peut lire que la société propose un catalogue au rabais constitué de vieux films et séries dépassées. On peut lire que la firme fait tout pour contourner la loi Française. On peut lire que Netflix risque de flinguer l’exception culturelle Française. On peut lire que le service ne fonctionne pas. Des lois sont modifiées pour plomber son activité, et les concurrents font massivement pression sur les pouvoirs publics. Orange vient même d’annoncer qu’elle ne distribuera pas Netflix. Bla bla bla. Côté Ministère de la culture, c’est la fête du slip. L’Etat reste totalement schizophrène en punissant le téléchargement illégal via HADOPI tout en bloquant l’arrivée d’alternatives légales. Allo Sigmund?

Si de vieux films produits il y a quelques sont bien proposés, un nombre certain est disponible bien avant que Canal plus ne daigne les mettre à l’antenne. Oui il est possible d’y trouver un bon gros nanard des familles, mais oui il est possible de trouver une quantité incroyable et variée de films, de tous les pays. Même chose pour les documentaires.

Netflix pense à tous les publics, des enfants aux plus séniors, en passant par les  pédégouines.


Point positif, Canal Plus propose (enfin) depuis quelque semaine une application sur iPad permettant de se faire un programme à la carte via un abonnement Canal Plus ou Canal Sat, et se vante d’avoir développé un logiciel exclusif permettant de proposer des programmes taillés sur mesure. Canal Play, l’offre Canal Plus indécemment pompée sur Netflix, a également baissé ses tarifs.

Autre différence, et elle reste majeure, un abonnement Netflix reste près de six fois moins cher qu’un abonnement à Canal Plus. Oui, je ne soutiens pas directement la production française, mais oui je ne soutiens pas les clubs de football dont je n’ai rien à cirer, ni même les dividendes de Vivendi. Point positif, l’arrivée de ce service va dynamiser le secteur et permettre de le rendre accessible au plus grand nombre.

En résumé oui, je le cris haut et fort, et je l’écris, Netflix est mon nouvel ami. Vivement son arrivée en France en septembre, arrivée qui correspondra à la mise en place de nouveaux serveurs qui risquent d’améliorer encore plus la qualité des programmes disponibles. On dit même qu’une fiction purement française serait rapidement proposée, dingue non ?

Note de bas de page: En relisant ce billet, je le trouve dégoulinant de complaisance. J’ai un peu honte, mais je vous jure Thérèse, je n’ai pas été payé pour l’écrire. Quand j’aime, je le fais juste savoir.

 

 

 

 

6 commentaires sur “Netflix, mon meilleur ami

  1. Tu as gagné ! Rien qu’en parcourant ton billet, j’ai commencé à devenir accro :bye_tb: :thumbup_tb:
    Maintenant ce qui me fait le plus plaisir est de relire ta prose :happy_tb: Ca m’avait beaucoup manqué :jittery_tb:

  2. Hiiii ! Je suis comme une pucelle en chaleur ! Je guette le moindre article concernant l’arrivée. merci de me l’avoir fait découvrir.

  3. Mais est-ce que Netflix va décoller en France où les gens veulent pas toujours payer des trucs qu’ils arrivent à pirater? Aux USA ça cartonne car il y a la culture / l’habitude de payer pour toutes les chaines du câble et d’ailleurs c’est un budget.

    et quel sera le catalogue de contenus c’est ça la vraie … question

  4. Si c’est aussi simple et riche en choix que tu l’écris, je suis très tentée. Tu as le droit de parler de ton engouement sans te faire insulter tu sais !
    Ravie de te lire, un vrai plaisir.

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