Competition means different things to different people
In suburbia, it means keeping up with the Joneses
On Courteline lane, that means keeping up with Bree Van de Picpus
Everyone knew Bree had the nicest lawn in the neighborhood
And no one begrudged her this
No one, that is, except Jessifer Lopes, the fucking caretaker
Whose own lawn paled in comparison
No matter how carefully she trimmed
Or how lovingly she watered
Or how generously she fertilized
Flowers were always more beautiful on the other side of the yard…

Bree van de Kamp, Bree van de Saint-Maur, Bree van de Picpus: la révolution est en marche. Bree de tous pays, unissez-vous.

Nous habitons un petit rez-de-chaussée sur cour. Cette cour est à l’abris du vent et est baignée de soleil tout l’après-midi. C’est donc l’endroit idéal pour faire des plantations. J’ai commencé par y installer un pot, puis deux. Au départ, le mari de ma concierge essayait par tous les moyens de me décourager en renversant mes pots, en les empilant sur le rebord de ma fenêtre, ou en faisant claquer mes plantes.

Les Lopes étant absents pendant tout le mois d’août, j’ai donc profité de leur départ pour envahir le petit lopin de béton inexploité faisant face à notre appartement. Je me suis rendu au Truffaut le plus proche et ai acheté des litres et des litres de terre. A leur retour, il était trop tard. Je m’étais déjà approprié cinq bons mètres carrés et le père Lopes était vert de rage. La machine était lancée et rien ne pouvait l’arrêter. Trois sapins, un cerisier, un marronnier, un pêcher et un pommier plus tard, tous les pots sont liés et recouverts d’une vingtaine de mètres carrés de lierre et il est maintenant impossible d’enlever toute cette verdure de la cour.

Madame Lopes essaye désormais de faire la même chose dans l’autre cour de l’immeuble. Cependant, le soleil n’a que très peu accès à cette cour et elle n’a pas trop la main verte. Elle passe son temps à mettre de l’engrais sur ses plantes mais rien n’y fait. Elles végètent toutes. Bree van de Picpus a encore frappé sur Courteline lane.

J’adore les mois d’avril et de mai. Le printemps est la période la plus agréable pour en profiter même si ce petit jardin est fleuri presque toute l’année. Une quinzaine de rosiers alternent avec les plants de tomates, les fraisiers et les framboisiers. Le jasmin parfume délicatement le salon.

L’été, je fais fréquemment la sieste à l’ombre du cerisier sur un transat. J’évacue ainsi tout le stress accumulé pendant la semaine. N’ayant hélas pas la possibilité de déposer une petite graine dans un utérus, j’ai semmé à tout vent dans ma cour. J’ai donc des milliers de petits bébés que je regarde grandir, jour après jour.

C’est mon petit jardin secret.