Simon Boccanegra et la Saint Alexandre (quel joli prénom)

J’ai encore fait le tapin il y a un mois pour obtenir les places secrètes qui sont vachement bien placées. Il y avait bien moins de monde devant les portes de l’opéra Bastille. Les habitués s’étaient donné rendez-vous. J’ai obtenu le numéro 19 en arrivant vers 7h00 du matin. Un véritable record. Tout ça pour obtenir des places pour Simon Boccanegra. Les programmateurs ont fait preuve d’originalité en proposant l’opéra le plus politique de Verdi en plein milieu des élections présidentielle. Gilda et Kozlika m’avaient pourtant prévenu. C’est un opéra difficile et la mise en scène de Johan Simons Donald Cardwell et les décors de Bert Neumann Roger Hart sont à chier. Qu’importe. Verdi, c’est Verdi, et j’assume mon statut de pétasse lyrique. Au pire, je fermerais les yeux, l’important étant de passer une très bonne soirée entre amis.

La plupart des gens qui m’entouraient ne parlait que d’une chose : la prochaine mise en vente de billets. Pour Simon Boccanegra, il était très facile d’obtenir de bonnes places en arrivant par le premier métro. Pour Lohengrin, les choses allaient être plus compliquées et certains pensaient déjà camper la veille devant les marches. D’autres proposaient déjà de partager un taxi. Tout le monde espérait qu’il serait possible d’acheter quatre places par personnes. Bref, on se moquait du Verdi et on ne parlait que de Wagner.

Mon arrivée matinale m’a permis de rentrer d’arriver parmi les premiers aux caisses. J’ai encore sorti ma carte as du volant (et non ma carte pétasse du désert de Gobi) et c’est en jeune homme bien élevé que j’ai demandé huit place à la gentille caissière. Elle m’a gentiment fait comprendre qu’il ne fallait pas pousser mémé dans les orties. J’ai donc tenté le tout pour le tout. Je l’ai regardée en faisant une petite mou toute triste de ne pas pouvoir prendre des places pour ses grands parents (vraiment très malades) qui se faisaient déjà une joie d’assister au spectacle mais qui n’ont pas pu se rendre d’aussi bonne heure aux caisses. Bingo. Elle m’a finalement refilé huit places pour deux dates différentes. Vroumette, Fauvette, Corbillo et Traou allaient pouvoir assister à la représentation.

Cet opéra est une vague histoire d’élection, d’amour et de trahison. Tout se passe en Italie, patrie de l’amour, du Chianti et du risotto.

Conseil du docteur roidetrefle: Prendre deux comprimés effervescents de Guronsan dans un double expresso avant de lire les trois prochains paragraphes :

Deux hommes tentent de faire élire doge de Gênes le corsaire Simon Boccanegra. Boccanegra se moque de cette élection car il ne pense qu’à une seule chose : continuer de roucouler avec la belle maria avec qui il a déjà eu une fille. Mais Fiesco, le père de Maria, le trouve trop prolo. Le titre de doge pourrait donc le faire changer d’avis. Le jour de son élection, il souhaite rendre visite à Maria. Horreur , malheur : il la trouve morte dans le palais de son père.

Vingt-cinq ans plus tard, Fiesco tente de renverser Simon en convainquant Adorno, noble issu d’une famille en mauvais terme avec le doge, de lui filer un coup de main. Adorno gazouille de son côté avec Amelia, la fille adoptive des Grimaldi (famille bannie par Boccanegra). Cependant, le doge veut la caser avec son favoris, Paolo.
Mais c’est sans compter sur un retournement de situation inattendu. Simon reconnait en Amelia sa fille et refuse finalement de la confier à son favori. Qu’importe. Paolo va faire enlever la belle Amelia.

Simon se rend compte que Paolo n’est pas étranger à l’enlèvement. Entre temps, Amelia a été sauvée des griffes de son ravisseur. Paolo décide de se venger en versant du poison dans la coupe de Simon. Il fait également sortir de prison Fiesco et Adorno en espérant qu’ils poignarderont Simon. Deux tentatives de meurtre valent mieux qu’une.
Mais tout se passe plutôt bien. Fiesco et Adorno sont pardonnés et ne tentent pas de zigouiller le doge, et l’affreux Paolo est exécuté. Manque de chance, le poison fait effet et Simon meurt après avoir nommé Adorno son successeur.

Pour le reste, je ne peux pas en dire plus. J’assiste ce soir à la représentation. Je peux juste être certain que les femmes vont encore prendre d’assaut les toilettes des hommes à l’entracte (c’est une tradition à Bastille) et que nous allons être entourés de gens qui vont passer leur temps à se racler la gorge.

Mais pourquoi évoquer la Saint-Alexandre dans le titre de ce billet?

Tout simplement parce que ce prénom est vraiment très joli :king_tb: . Saviez-vous que Saint-Alexandre fut martyr à Lyon avec Saint-Epipode ? Ces deux jeunes chrétiens avaient échappé au carnage dont fut victime saint Pothin, leur évêque. Saint-Epipode fut décapité et saint Alexandre crucifié. Accessoirement, la Saint-Alexandre tombe le 22 avril.

Et le 22 avril, on va tous s’exprimer dans les urnes. En parlant d’urne (t’ain’, quelle transition), je suis tombé cette semaine sur un article publié dans le Figaro. Le journaliste s’intéressait aux éventuelles conséquences boursières relatives à l’élection de Nicolas Sarkozy ou de Ségolène Royal. On est bien loin du mini krach provoquée par la première élection de Mitterrand. On ne vend plus massivement mais on spécule sur certaines valeurs phares. Ainsi, d’après ce journal, si la candidate socialiste l’emporte, « il faudra acheter du Michelin (impact favorable de la modulation du taux d’IS), Dexia (renforcement de la décentralisation) ou encore Veolia (application du Pacte Hulot). Si c’est Nicolas Sarkozy qui gagne, vite se précipiter sur Accor (consolidation des 39 heures hebdomadaires dans le secteur de la restauration), Axa (libéralisation du marché de la santé) ou TF1 (assouplissement de la loi sur les concentrations). »

Quelqu’un aurait-il besoin d’argent pour partir aux Seychelles prochainement ?

roidetrefle@23h00: Mise en scène de Johan Simons effectivement très particulière et minimaliste. Dmitri Hvorostovsky (Boccanegra), Stephano Secco (Adorno) et Olga Guryakova (Amelia) ont vraiment assuré. Signe du temps, la couleur de Boccanegra est l’orange.

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