La crise des raviolis qui puent et la chaise électrique de Céline Dion

Beijing a beaucoup changé en trois ans. Les gratte-ciels sont encore plus nombreux et les hutongs se sont réduits à peau de chagrin. La ville est bien plus propre que auparavant. Des poubelles sont abondantes et les trottoirs sont constamment nettoyés. La ville s’est fortement occidentalisée et c’est un peu frustrant pour le touriste lambda. On sent cependant se profiler une bonne grosse crise sanitaire d’ici quelques années. Cigarettes qui arrachent les poumons, alimentation et mode(s) de vie occidentaux vont certainement faire des ravages. Il a également été demandé à la population locale de ne plus cracher. La Chine doit véhiculer une image lisse à l’approche des jeux et l’idée de voir des pages de journaux occidentaux consacrées au sport national (raclage de gorge et lancé de molard gras et gluant) n’excite pas plus que cela les autorités.

Chaque fois que je pars en Chine, je m’amuse à parcourir les blogs des français expatriés, à l’image de Rouge Cerise lorsqu’il était à Shanghai. Je suis tombé par hasard sur le blog de Camille en Chine qui nous présente pour la Saint-Lamentin la dernière couverture du Marie-Claire local. Si le pays n’est pas encore réputé pour son respect des droits de l’homme, c’est en revanche un grand bon en avant pour les droits de la femme. Je rassure les puritains, le numéro de mars est bien plus décent. Camille évoque aussi l’arrivée de Céline Dion en Chine et se demande comment la diva québécoise va pouvoir gérer son imposante coiffure avec l’électricité statique qu’il y a à Pékin. Il y a du boulot. A mon arrivée, j’étais persuadé de trop frotter les semelles de mes chaussures sur la moquette de ma chambre. Je me suis vite aperçu que cela n’avait rien à voir avec mes chaussures mais que le climat favorisait ces décharges permanentes. A force, c’est un peu fatiguant de passer sur la chaise électrique toutes les cinq minutes. J’ai l’impression de ressembler à Claude Gensac dans le gendarme se marie.

Bonne nouvelle. China Daily (le journal de propagande en anglais) a annoncé hier matin que la vague de froid n’aurait été responsable que de la mort de 107 personnes. Une goutte d’eau sur les 1 300 000 000 âmes que compte le pays. Plus grave cependant, le désastre aurait également causé une perte économique de 15,4 milliards de dollars. Plus d’un million d’habitants auraient été évacués. Vingt-cinq millions d’hectares auraient été touchés et 350 000 habitations auraient été détruites. Ces informations sont aussi importantes que la crise sino-japonaise des raviolis pourris qui auraient intoxiqué une dizaine de japonais. Non Madame, ici, on ne produit que de la nourriture de première qualité. C’est certainement un complot. Si si.

Côté visite, je reproduis au mètre près notre précédent séjour à Pékin, avec une différence d’une cinquantaine de degrés. Le ciel bleu immaculé permet cependant de prendre de jolies photographies. Après avoir visité la cité interdite, nous avons passé la journée au Nord de la ville. En sortant par la porte nord de la cité, on peut directement accéder à la colline au charbon, artificiellement élevée avec la terre provenant des douves du palais impérial et créée dans le but de protéger symboliquement la cité par le nord (trucs compliqués de géomancie). La colline est notamment truffée de cinq pagodes qui abritaient initialement des bouddhas , statues volés par la bande des huit nation (Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Allemagne, Italie, Autriche-Hongrie, Russie et Japon, voir encore une fois les 55 jours de Pékin pour plus d’amour et de romance) au tout début du XIXème siècle. Ces huit pays ont été responsables de l’affaiblissement et de l’humiliation de la Chine suite à la guerre des boxers et sont, à juste titre, systématiquement montrés du doigt et assimilés à des pilleurs et surtout à des destructeurs de biens culturels chinois. Cependant, et bien curieusement, les plaques placées au pied de chaque monument ne mentionnent jamais la période ou la bande à Mao et le parti chiait sur tout ce qui était culturel, laissait à l’abandon l’héritage national et enfermait/zigouillait la plupart des intellectuels.

La promenade continue naturellement en direction de l’île aux hortensias que domine un dagoba blanc de type tibétain, dressé en début de règne de la dynastie Quing (XVIIème) à l’occasion de la visite du Dalaï Lama, venu rendre hommage aux Mandchous qui remplaçaient les Mongols dans leur rôle traditionnel de suzerains du Tibet. Place ensuite à la berge nord-ouest et son mur en céramiques représentant neuf dragons puis à la ville Tartare ( ou Mandchoue), autrefois fief de la noblesse (contrairement au sud de la ville réservé au habitants modestes). Cette partie de Beijing conserve le plus de Hutongs (ruelles) et de Siheyuans (petites maisons avec cour). L’honorable touriste crevé par une journée de marche tentera de monter les marches de la tour au tambour et de la tour à la cloche (vue magnifique du nord de la ville) tout en évitant de se faire alpaguer par les nombreux pousse-pousse et autres marchands du temple.

Voila, c’est tout pour aujourd’hui. Je ne suis toujours pas en prison, internet fonctionne (des fois) et je n’ai même pas le temps de penser à mon mari, ni au boulot. Bref, de vraies vacances.

11 commentaires sur “La crise des raviolis qui puent et la chaise électrique de Céline Dion

  1. Très belles photos :thumbup_tb:
    Fais gaffe quand même sinon Snooze risque d’être jaloux :furious_tb: de ton lieu de vacances à force de dire que tu n’as pas le temps de penser à lui :laugh_tb:
    Quant à ne pas penser au boulot, c’est le but des vacances non ?! :happy_tb:

  2. @ JM: Il n’en sait rien car il ne met pas les pieds ici (et puis il me téléphone tous les soir) :laugh_tb:

    @ Filsdelarepublique: Rien que pour toi, j’ai fait attention. :bye_tb:
    Et bien ouiiiiiii, j’ai vu deux noirs hier (qui parlaient français et étaient certainement présentes pour affaires).

    @ Mavie: Une dizaine de jours, mais ce n’est certainement pas suffisant pour visiter la ville, même en trottant. :huh_tb:

    @ Philoo: Merci Philoo, c’est gentil. :wub_tb:
    En même temps, quand le paysage est joli, c’est assez facile de prendre des photos correctes.

    @ Psykokwak: J’y suis allé il y a trois ans. Nous avions failli crever de chaud à l’époque. Je me souviens encore de l’imposante pagode centrale et de la vue du haut de la colline. :thumbup_tb:

    @ The 6L20: Mais j’espère bien. Et il faut vite y aller avant que la ville ne ressemble à Shanghai. :huh_tb:

    @ Polyphème: Je ne sais pas si Pékin est la ville des amoureux, mais se balader avec son chéri, c’est toujours un peu romantique.
    Ah l’amuuuur. Par contre, les bisous devant le portrait de Mao, pas certain que cela ne passe. :dunce_tb:

    @ TarValanion: Je n’y connais rien en physique mais je crois que le temps extrêmement sec est responsable de ce phénomène. Et c’est vraiment chiant de se prendre en permanence des décharges. :furious_tb:

    @ Laurent: Un Pentax reflex numérique (plus tout jeune) avec filtre anti-UV et polarisateur.
    Sans les filtres, les photographies sont plus fades, vraiment plus fades. :happy_tb:

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *