« Oui » à la Recherche

Pas de commentaire à chaud sur les résultats d’hier soir. Un post pour penser à tous les doctorants et chercheurs qui sont toujours dans la merde. Ainsi est-il très regrettable que la loi d’orientation et de programmation pour la recherche (LOPR), annoncée par le Président de la République pour la fin 2004, ne soit aujourd’hui qu’à l’état de « fiches », et que les principaux éléments de programmation ne soient toujours pas connus. A quelques jours de la date prévue pour le dépôt du projet de loi au conseil d’état et au conseil économique et social, SLR (Sauvons La Recherche) réitère sa demande que des négociations s’ouvrent immédiatement sur le volet programmation de la loi.
Ce retard pris par le gouvernement ne saurait justifier un nouveau report des mesures budgétaires les plus urgentes, absentes du budget 2005, qui seules permettront d’attirer de nouveau les étudiants vers les métiers de la recherche.
Depuis 18 mois, SLR n’a cessé de tirer l’alarme sur les ravages que provoquera pour le pays, à terme, le phénomène dramatique de perte de confiance des étudiants pour les études doctorales. Nous voyons dans nos universités de moins en moins d’étudiants s’inscrire en thèse, la plupart préférant s’orienter vers des carrières qui leur paraissent aujourd’hui moins aléatoires (euh…ce qui fut mon cas…). Pour qu’elles aient un véritable impact sur ce phénomène, ces mesures devront se traduire par des améliorations tangibles, dès 2006, des conditions d’accès aux métiers de la recherche et de l’enseignement supérieur et de leurs conditions d’exercice. Elles doivent donc être prioritaires dans les arbitrages budgétaires qui seront rendus prochainement pour l’année 2006. Ces mesures devront permettre :
Des allègements des services d’enseignement dès la rentrée 2007 pour tous les maîtres de conférence recrutés depuis 2005, ainsi que des possibilités d’accueil dans les organismes en nombre significatif pour les enseignants-chercheurs déjà en poste.
Une revalorisation des allocations de recherche de 15% et leur indexation sur le SMIC, l’abandon complet dès 2006 du système de libéralités. Par ailleurs, tout doctorant bénéficiant d’un financement (allocation de recherche, allocation régionale, bourse CNRS, contrat CIFRE …) devrait se voir proposer un monitorat.
Un déblocage des carrières et une revalorisation des salaires pour toutes les catégories de personnels, notamment les ITA/IATOS, avec un effort particulier en faveur des débuts de carrières.
En ce qui concerne les financements des laboratoires, là encore, le retard pris par le gouvernement dans l’élaboration de la loi ne peut justifier le renforcement en 2006 de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) au détriment des organismes et des universités, ce qui préempterait de fait les évolutions de l’organisation de la recherche qui devront être précisées par la loi.
SLR a souligné à plusieurs reprises que la mise en place d’une agence de moyens fortement dotée, dans la plus totale précipitation, était porteuse de risques importants de déstructuration du système de recherche français. Les Etats Généraux de la Recherche avaient fait un certain nombre de recommandations quant au fonctionnement, aux objectifs, et au budget d’une telle agence. Elles ont été pour l’essentiel ignorées :
1 – Alors que l’agence aurait dû répondre à des critères de transparence dans le choix des thématiques soutenues et l’évaluation des projets, la mise en place des programmes de l’ANR s’est faite dans une totale opacité. Outre le gâchis probable qui en résultera (l’ANR distribuant cette année 700 millions d’euros en autorisations de programme, soit 3 fois les crédits de base annuels du CNRS), ces dysfonctionnements risquent de décrédibiliser cette agence au niveau européen, cadre dans lequel elle devrait à terme s’inscrire.
2 – Alors que l’Agence aurait dû jouer un rôle complémentaire aux organismes et aux universités, l’absence d’une croissance significative et préalable des crédits de base confiés à ces derniers confère de fait à l’ANR un rôle clé dans la définition de la politique scientifique nationale. A ce titre, les propos récents du directeur général du CNRS, se félicitant de la clarification des rôles entre un CNRS « opérateur-employeur », et une ANR agence de moyens, confirment le risque de voir l’Agence restreindre fortement la capacité d’initiative des organismes.
3 – Alors qu’un contrôle attentif du recours au CDD dans le cadre des contrats offerts par l’ANR aurait dû être mis en place, en parallèle à une croissance de l’emploi statutaire, l’absence de garde-fous associée à une forte croissance des moyens contractuels distribués ne peut qu’entraîner une extension rapide de la précarité au sein de toutes les catégories de personnel.
C’est pourquoi, SLR demande pour 2006 un moratoire sur la croissance des crédits de paiements de l’ANR. Nous demandons que dès Janvier 2006 soit mis en place un audit, sous la responsabilité du Haut Conseil à la Science, qui permette d’évaluer les conditions d’attribution des crédits au regard des bonnes pratiques internationales, les conséquences de l’ANR sur l’emploi (nombre de CDD créés), sur les équilibres entre disciplines et sur la politique des organismes. Nous demandons que dans la loi de finances 2006, l’effort supplémentaire en matière de financement de la recherche publique soit intégralement consacré aux mesures évoquées ci-dessus, en faveur des doctorants, des carrières et des crédits des organismes (EPST et EPIC) et des universités. Au terme de cette première année, et en fonction des résultats de l’audit et des réformes des procédures d’évaluations, l’évolution des moyens attribués à l’ANR et ceux attribués aux organismes sera définie par le Haut Conseil à la Science pour les années 2007-2010.
L’année 2006 constituera une étape cruciale pour la mise en place d’une nouvelle dynamique pour la recherche. SLR compte bien, en parallèle aux négociations sur la LOPR, faire valoir ces propositions que nous considérons comme déterminantes pour l’avenir. L’ensemble du monde de la recherche n’acceptera pas que l’espoir, né du mouvement de ces derniers mois, d’une amélioration significative des conditions d’exercice de la recherche soit anéanti par une politique inconséquente, privilégiant les effets d’annonces sur un véritable travail de construction d’un système de recherche équilibré, respectueux des individus et des logiques de fonctionnement de ce secteur.
Et le “non” à 55 % d’hier risque de compliquer les choses si le gouvernement saute. Il faudra très certainement encore plus de temps pour qu’un nouveau gouvernement songe à s’occuper des pauvres petits chercheurs…et en plus les caisses sont vides…

aïe.

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