Le palais d’été

Direction le palais d’été, à une vingtaine de kilomètres au nord de Pékin.

Tout le monde dit que c’est merveilleux. L’ensemble fait partie du patrimoine mondial de l’UNESCO. Nous partons un peu tardivement et attrapons un taxi vers 11 heures. Le temps n’est pas optimal. Il fait chaud et cela sent l’orage. La climatisation tourne à fond dans notre Citroën ZX rouge. Le compteur est baissé par le chauffeur. Nous remontons vers le nord en passant près du toujours très bobo « lotus lane », puis près de la tour du Tambour. Nous passons le premier périphérique et nous engouffrons dans la circulation très dense. Il y a un brouillard de pollution et de chaleur. Nous sortons petit à petit de Pékin. Il y a des immeubles à perte de vue. On se croirait à la Courneuve, en pire. Les bâtiments, très marqués années 80 (probablement bâtis il y a peu), sont carrés et font une quinzaine d’étages. Ils sont rouges, verts, saumons, mais tous délavés par la pollution. La climatisation tourne à plein régime. C’est sans doute le miracle chinois. Vive le progrès.
Nous distinguons une pagode sur une colline dans la brume. Nous sommes enfin arrivés au bout de 45 minutes. Le prix de la course est ridicule, seulement 45 Yuans.
Après avoir acheté nos billets et pris un audio guide, nous pénétrons par la porte est. C’est très impressionnant. En face se déploie l’immense lac Kunming avec le fameux pont aux 17 arches reliant l’île du sud. A droite se profilent les toits recourbés des bâtiments impériaux. Au nord se dresse la colline de la longévité, coiffée des forets de pins. Au pied de l’ensemble, une galerie extérieure ornée de magnifiques peintures et longue de plus de 700 mètres. C’est la plus longue du monde et les chinois en sont fiers. L’audioguide entretient bien la propagande.
D’après notre guide, le palais fut reconstruit par Cixi à la fin du XIX è siècle, le premier palais ayant été pillé et brûlé par les Anglais et les Français en 1860 (ce premier palais est 5 Km plus loin et laissé complètement à l’abandon). Elle se fit construire un parc de détente, d’amusement et de repos personnel. Il lui servait également à gouverner mais ce fut plus son joujou. Elle s’est également servie de ce palais pour assigner à résidence son neveu Guangxu, trop réformateur à son goût. Ce fut son lieu de refuge pendant et après la révolte des boxers. Elle piqua alors dans les caisses de la marine impériale pour faire rénover ses palais. Elle a même fait construire un gigantesque bateau en marbre pour se servir de salon de thé. Chacun son Versailles. C’est délirant et gigantesque.
Seulement, avec plus de six millions de visiteurs par an, à moins d’arriver à 6 heures du matin hors saison touristique, on est vite noyé dans le flot de touristes. Malheureusement, comme pour la cité interdite et le temple du ciel, certaines pièces maîtresses (pavillon des fragrances bouddhiques, palais des nuages ordonnés, pavillon pour écouter le chant du rossignol) sont en réfection, ce qui augmente encore plus notre sentiment de frustration.
Il fait super chaud et je passe mon temps à manger des glaces. Il y a des grappes de touristes partout. Nous terminons par le fameux pont aux 17 arches et courrons pour rendre notre audio guide, car cela fait plus de 5 heures que nous marchons et nous devons le rendre avant 17 h 00. A deux minutes près, nous gardions le boîtier en souvenir.
Retour en taxi sous la pluie. Nous avions déjà senti quelques gouttes avant de quitter le palais. Nous pénétrons à nouveau dans la grisaille Pékinoise. La pluie accentue le sentiment de tristesse et de desespoir créé par cette urbanisation massive et non contrôlée.

L’hôtel propose certains services. Piscine, salle de sport, soins du corps, coiffeur. Nous décidons de tenter une manucure. Je n’en ai jamais fait. Nous pénétrons au troisième étage du bâtiment, accueillis par une multitude d’employés. Nous sommes seuls. On nous guide dans un salon privé. D’énormes fauteuils nous attendent. L’atmosphère est paisible, les couleurs dorées et douces, la lumière très feutrée. Une douce musique résonne. C’est le lotus bleu, il ne manque plus que les pipes à opium.
Chacun son fauteuil. Je choisis une manucure et une pédicure, Cécile rajoute un massage de 45 minutes des pieds et Snooze opte pour une manucure et un massage/nettoyage des oreilles. Un serveur nous apporte du thé au Jasmin. Je suis gêné. Personne ne s’est jamais occupé de moi comme cela. J’ai l’impression d’être Paris Hilton. Je suis bercé par l’ambiance et dorloté par mon hôtesse qui passe son temps à sourire. Je suis sous le charme et passe mon temps à lui dire « sié sié », ce qui la fait rire. Mon accent doit être à chier, elle m’explique gentiment et poliment que la bonne prononciation est « chié chié ». Si cela se trouve, cela fait 10 jours que je traite sans le savoir de grosse salope la moitié de la ville (…). Vive le luxe.

Les amis de Cécile sont arrivés à l’hôtel ce matin, et elle décide de leur rendre visite. Snooze et moi glandons dans la chambre et zappons sur HBO et V (vchinese.com), la chaîne musicale locale qui passe à la chaîne des clips asiatiques plus hallucinant les uns que les autres. Ils n’ont vraiment plus rien à apprendre. Les vidéos sont mieux torchées que celles qui passent sur MTV USA.
21h30 : On sonne à la porte. Les trois petites tailleuses débarquent dans notre chambre. Elles sont charmantes. Je vais dans la salle de bain pour essayer mon costume. La couleur, la doublure et la coupe sont magnifiques. Problème : le pantalon semble un peu court et les épaules un peu larges. Tout d’un coup, une des tailleuse explose de rire, présente ses excuses et m’indique que j’essaye le costume de Snooze. Ils avaient inversé les doublures et j’héritais de la magnifique doublure pourpre de Snooze. J’essaye enfin mon costume. Parfait, rien à dire, tout est parfait au millimètre près. Ma tailleuse me dit qu’elle aime beaucoup la doublure et que je devrais la garder…elle n’arrête pas de dire « keep it, keep it, you should keep it ! ». Je plaisante avec elle, elle n’arrête pas de sourire et ses petits yeux sont malicieux. Je lui explique que je n’ai qu’un seul regret, c’est de ne pas avoir commandé deux costumes. Elle m’explique que tout est possible et qu’un autre costume peut être prêt pour samedi minuit. Elle descend les dix étages, et remonte avec des échantillons de tissus. Elle me dit qu’elle possède un splendide deep dark red en doublure et que cela serait du meilleur effet sur mon nouveau costume. Snooze se laisse tenter et en commande lui aussi un second.
J’essaye mes deux autres pantalons en lin. Un crème et un blanc. Rien à dire. Le sur mesure, il n’y a que cela de vrai. La vie va sembler bien dure en rentrant à Paris.
Cécile passe la soirée avec ses amis et retourne au restaurant du fameux blanched chicken. Nous décidons de notre côté d’aller boire un verre du côté de Sanlitun, le quartier de la plus célèbre rue des bars qui regroupe à lui seul plus d’une centaine d’établissements. Cette rue se trouve près du parc Tuanjiehu. Le taxi comprend l’accent de Snooze (trop cool) et nous conduit au centre de Sanlitun (il y a un côté est et un côté ouest). Manque de chance, l’électricité à sauté et tous les lampions rouges qui forment un toit sur la rue sont éteints. C’est sans compter sur les propriétaires de bars qui bidouillent les fils et permettent au courant d’arriver de nouveau (c’est pas la norme NF). Nous sommes alpagués par des rabatteurs. L’endroit grouille de touristes, des néons de toutes les couleurs flashent en permanence. Il y a de la publicité pour de nombreuses boissons alcoolisées occidentales. On se croirait sur South street à Philadelphie. Un immeuble est recouvert de néons qui changent de couleur. L’immeuble est bleu, puis pourpre, puis rouge. Nous sommes maintenant sur Time square.
Nous pénétrons finalement dans un bar au hasard. Trois jeunes femmes très légèrement vêtues reprennent des standards pop occidentaux. L’établissement est cosmopolite. Derrière nous, des chinois jouent aux dés. Les prix pratiqués sont presque parisiens : 85 Yuans pour un Diet Coke tiède, une bière et des oignon rings. On est un peu sur le cul par autant d’occidentalisme. Un des serveurs nous propose le DVD piraté de « Batman et Robin 5 », Nous rions et déclinons l’offre. On trouve la même chose sur Wangfujing. En sortant, on nous propose des body massages : Y’a même des putes. C’est malheureusement le futur de la ville.
Nous prenons un taxi et lui demandons de nous conduire place Tien An Men. Nous souhaitons découvrir la place de nuit. Le taxi prend « l’ East Third Ring Road » pour tourner sur « l’East Chang An Avenue ». Cette avenue est perpendiculaire à Wangfujing. C’est le temple des grands hôtels et boutiques de luxe. Nous sommes maintenant à Las Vegas. Tous ces gigantesques bâtiments clinquants et luxueux sont impressionnants et magnifiques. Une nuée de pousse-pousses attend les touristes à la sortie des établissements. L’avenue donne sur la place Tien An Men, côté nord de la cité interdite. Nous descendons du taxi et contemplons le grand portrait de Mao. Des Chinois dorment sur la pelouse longeant la cité pourpre. Nous sommes un peu déçus car la place et la cité interdite ne sont pas mises en valeur. Tout est sombre. Seule l’avenue est éclairée par de gigantesques candélabres. Nous remontons jusqu’à l’oriental plazza pour reprendre Wangfujing, tout en étant coursés par des grappes de puputes. Nous sommes arrivés à Bangkok.

Nous profitons des dernières heures et remontons lentement l’avenue. L’hôtel est devant nous, et je m’arrête pour acheter une glace. Nous arrivons à notre chambre : Les mollets de Cécile ont gonflé après le massage, elle a l’impression d’avoir une phlébite, mais elle est morte de rire. Tout le monde se couche en se marrant et en pensant à notre future journée shoping du lendemain.

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