La France d’avant

Lu dans « Le Monde » daté de mardi :

Ennuis d’argent, chronique société de L. Greilsamer :

« Dans la France d’avant, vous pouviez faire des études de médecine avec votre courage et votre intelligence et acquittant des frais d’inscription modestes à l’université. Aujourd’hui, vous n’avez quasiment aucune chance de franchir le cap de la première année sans suivre les cours d’un institut de préparation privé. Pour un semestre, cela vous reviendra entre 1000 et 1300 euros. »

De quelle France d’avant parle-t-on ?

La France de l’après guerre ?

Il était alors très difficile de s’orienter vers certaines professions sans argent. Médecine ou droit étaient des voies réservées et les enfants issus des classes modestes se songeaient même pas à s’y aventurer. On se dirigeait alors vers médecine ou l’école des bleues selon sa classe sociale. Ce fut le cas pour ma mère. Le mandarinat se transmettait de père en fils.

La France des années soixante-dix ?

Choisir d’être médecin ou pharmacien, c’est choisir de faire de longues études et donc de ne rentrer que très tardivement dans la vie active. Les bourses n’ont jamais permis de vivre décemment en étudiant. Choisir d’être pharmacien d’officine, ce n’est pas choisir d’être assistant. Comment un étudiant issu d’une classe modeste pouvait-il espérer pouvoir acquérir une officine ? Les élèves brillants mais sans argent ne pouvaient que choisir la voie de l’internat et rêver d’une voie hospitalo-universitaire.

La France des années quatre-vingt-dix ?

Les concours ont été officialisés depuis presque 10 ans. Un nombre limité d’élèves peut franchir le cap de la première année. A Paris V, plus de 1000 étudiants sont inscrits en première année. Seuls 220 auront la chance de poursuivre leurs études.
Les cours sont dispensés d’octobre à mai. Cela laisse quatre mois de liberté pour trouver un job d’été. Comme beaucoup d’autres, j’ai fréquenté ces écoles parallèles. A l’époque, nous devions nous acquitter d’environ 3000 francs par matière. Tout en sachant qu’en première année de pharmacie une quinzaine de disciplines sont enseignées, on fait vite le compte. Nous nous rendions à la faculté dans la journée et passions nos débuts de soirées dans ces écoles à faire du bachotage intensif. D’autres élèves avaient choisi de faire une ou deux années de préparation avant d’intégrer la faculté de pharmacie. Cette option était difficilement envisageable pour une grande majorité d’étudiant. De plus, si l’on échouait après deux premières années de pharmacie, on passait à médecine et vice-versa.
J’avais la grande chance de résider à Paris et donc d’éviter de longues heures de transport. D’autres amis proches habitaient en grande banlieue et passaient jusqu’à trois heures quotidiennes dans les transports en commun. L’argent a donc toujours été un moyen de sélection et il serait bien naïf de penser que la France d’aujourd’hui soit bien différente de la France d’hier.

Pas envie de commenter le point de vue de Nicolas Sarkozy dans « Le Monde » daté d’hier. Il semble s’étonner que notre pays se place à la douzième place mondiale pour l’impact global de ses travaux de recherche et nous apprend que la moitié des élèves inscrits en début de premier cycle universitaire échouent sans obtenir le moindre diplôme. Quelle information! Va-t-il bientôt nous apprendre qu’il y a plus de 10 % de chomeurs et que le déficit public est abyssal?

Je ne suis pas certain que l’idée de faire une thèse tout en recevant une allocation de recherche imposable de misère (6123,50 F il y a cinq ans) pour finir sans emploi à bac+8 excite un grand nombre d’étudiant. Sans compter le nombre d’élèves n’ayant pas la chance d’obtenir une telle allocation.

1 commentaire sur “La France d’avant

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *