Putain, deux ans (I)

J’ai commencé à fumer en 1990. J’ai arrêté de fumer le samedi 11 octobre 2003.

J’étais en profonde détresse. Je ne voulais pas crever comme une grosse merde bouffée de l’intérieur. Je n’avais curieusement pas peur de développer un cancer du poumon ou de la gorge, mais de la bronchite chronique. Je me voyais déjà raccordé à une bombonne d’oxygène, n’ayant plus d’autonomie.
Avant d’arriver dans mon agence, je fumais moins de dix cigarettes par jour. Au bout de cinq ans, je pouvais monter à un paquet quotidien dans les périodes d’activité intense.
Cela faisait quelques moisque j’y pensais. Pourquoi continuer à fumer. Comment arrêter. Ma vie sera vide sans la cigarette. Lorsque l’on s’ennuie ou en cas de stress, on en grille une. La cigarette est conviviale. Elle est agréable en fin de repas. C’est ma meilleure amie. J’avais peur de ne pas pouvoir survivre sans nicotine. C’était vraiment absurde. Je détestais l’idée de devoir me rendre dans un tabac pour obtenir ma dose. J’étais drogué et j’en étais parfaitement conscient.

J’avais acheté la veille des patchs. J’ai commencé à en mettre un premier le vendredi matin. J’avais toujours envie. J’en ai mis un deuxième, puis un troisième. C’était compulsif. Je ne souhaitais plus porter à ma bouche une seule cigarette. Au bout de quelques heures, j’ai commencé à palpiter. J’avais les mains moites. Je tremblais. J’ai tout enlevé. Une heure plus tard, je fumais une clope.

Je me suis rendu à la fnac acheter un bouquin « miracle ». Un collègue vantait les mérites de ce livre. La méthode simple pour arrêter de fumer. L’auteur proposait une méthode infaillible pour stopper sa consommation de tabac. J’ai lu le livre en une heure. C’était du bourrage de crane. Une véritable connerie. Le tabac c’est mal. J’avais de toutes les façons une envie maladive d’arrêter. Le livre n’a été qu’un catalyseur.

Le samedi matin, je me suis rendu à la piscine Pontoise. Il y avait trop de monde. J’ai décidé de marcher jusqu’à Notre-Dame. Je me suis installé sur un banc, ai porté une cigarette à ma bouche. Elle n’était pas bonne. J’ai broyé le paquet en la fumant. Ce fut ma dernière clope. Je me suis ensuite empressé de mettre un patch.
Le soir, j’ai pris une barrette de Lexo. Le dimanche fut difficile. Même comédie. Ne pas succomber à la tentation. Je ne pensais qu’à la cigarette. Elle m’obsédait. J’avais l’impression de devenir fou. D’après mes lectures, il fallait tenir le coup pendant au moins trois semaines. Après, tout devenait plus facile. Le lundi matin, je décidais de ne plus devenir esclave de la nicotine sous toutes ses formes.

J’arrachais mon patch.

Ma vie était un enfer mais je me sentais vraiment libre.

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