Mes Tocs à moi

S’il y a bien une chose qui me dépasse, c’est bien mes tics et mes tocs. Je suis très cartésien, les superstitions me donnent généralement la gratouille et l’astrologie des bubons verdâtres et purulents.
Je suis l’apôtre du statistiquement significatif, le Patrick le Lay du cliniquement prouvé, le grand Babou de la preuve scientifique, la Chicholina du rationnel. Et pourtant, je suis bourré de gentils tocs. Rien de bien sérieux, juste assez pour en rire en fin de soirée avec des amis. Tout à commencé il y a bien longtemps, un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître (perche pour fcrank).

Je me rendais en vacances à Bort-les-Orgues chez ma grand-mère, non loin de chez Madeleine. J’étais heureux de retrouver la petite maison familiale corrézienne, mais j’étais complètement flippé à l’idée de dormir dans une ville située au pied d’un barrage de 110 mètres de haut supportant plus de trois milliards de mètres cubes d’eau. Rhalala, c’était quand même énorme. Que se passerait-il s’il venait à lâcher ? Les rumeurs les plus alarmantes affirmaient que son effondrement provoquerait un raz-de-marée gigantesque sur la Dordogne et que même la ville de Bordeaux serait inondée. Cerise sur le gâteau, les concepteurs du barrage étaient les mêmes que ceux du barrage de Fréjus qui avait eu la bonne idée de céder à la fin des années 50. Une vague de plus de 40 mètres avait alors provoqué la mort de 423 personnes, mais également la disparition de 1000 moutons et la perte de 80 000 hectolitres de vin. Ambiance.

Avant d’arriver chez mamie, je devais prendre un car à Ussel et parcourir une vingtaine de kilomètres. La fée Rizette Bernadette Chirac m’est alors apparue pour la première fois et m’a conseillé de compter les bandes blanches séparant les deux voies. Si, en arrivant chez ma grand-mère le nombre de bandes était un nombre pair, le barrage n’allait pas céder pendant mon séjour. Dans le cas contraire, j’avais tout intérêt à apprendre à courir très vite, à nager dans la boue, et accessoirement à construire un gros radeau très résistant.

Je n’ai jamais compris l’obsession du pair. Deux, c’est joli. Trois, cinq, sept, neuf sont des nombres moches. Même chose pour le carré, forme bien plus Gucci-Prada que le triangle.

Le comptage de bandes blanches s’est généralisé et systématisé avec le temps. Je me suis mis à tout compter. Les marches, les étages, les pierres sur les trottoirs, mais également les sous-titres des films. Je ne procède jamais à un comptage en règle. Il serait bien trop fastidieux et difficile de compter de 1 à 1127456 et la concentration requise m’empêcherait d’apprécier le film. Je compte juste tous les deux mots de façon binaire. Ma tête est remplie de 1 et de 0, un peu comme un ordinateur.
Et que se passerait-t-il, si par malheur je tombais sur un nombre impair en fin de film ? Certainement pas grand chose. Cependant, je me débrouille toujours pour arriver à un chiffre pair. Et tous les moyens sont bons. Je peux ainsi compter les accents ou les points pour arriver à mes fins.

Je n’ai pas que l’obsession du chiffre : lorsque j’étais étudiant en DEA, je devais terminer dans les deux premiers de la promotion car seules deux allocations de recherche étaient accordées en fin d’année. Ces allocations étaient vitales car elles représentaient un précieux sésame pour effectuer dans les meilleures conditions trois années de thèse. Afin de mettre toutes les chances de mon côté, je me suis persuadé que je devais toujours arriver dans les deux premiers voyageurs en haut de l’escalier mécanique de la station de métro Pyrénées. Le rituel était le même chaque soir. Je me plaçais en tête de rame et étais dans les starting -blocks à l’ouverture des portes.

J’ai depuis les plus belles cuisses du 19ème arrondissement de Paris. :king_tb:

Les personnes qui me connaissent ne perçoivent pas toujours à quel point je peux être atteint. Snooze connaît certains de mes petits secrets. Il sait que j’essaye toujours de sortir le premier de la station de métro Picpus. Il essaye donc d’arriver avant moi en haut des marches. Jusqu’ici, ce petit bâtard n’y est jamais arrivé.

Mais mon dieu, c’est déjà lundi! :jittery_tb:

J’allais oublier les prévisions rationnelles de Caroline Moisan dans mon Voici préféré.

Lion : Vous avez prévu d’être bon et généreux. Vous faites donc en sorte que cela se voie.

Vie privée : Vous vous dévouez pour lui et le faites remarquer au cas où votre sacrifice passerait inaperçu. On comprend que vous ne fassiez pas tout ça pour la gloire mais cette façon de demander de la gratitude devient lourdingue (merde, je suis démasqué).

Vie professionnelle : Si vous ne faites pas bouger les choses, vous serez encore là dans des années. Cet immobilisme vous terrifie plus que le danger de changer.

Vitalité : Boutons et petits problèmes de peau. Le stress se lit sur votre visage (merde, c’est encore tout moi).

Elle est super forte cette Caro.

Addendum @ 23h46: Rien à voir avec la choucroute mais demain, c’est la journée mondiale de l’hémophilie. Hop hop hop, on se connecte pour tout savoir sur cette maladie.

4 commentaires sur “Mes Tocs à moi

  1. Bonjour,

    Je suis journaliste. Je travaille pour une émission de santé sur les « troubles anxieux » présentée par deux médecins (Michel Cymes et Marina Carrere d’Encausse), qui sera diffusée début mai à 20h30 sur France 3. Je prépare un reportage sur les « arithmomanes », ces personnes qui comptent beaucoup et qui associent des chiffres à des superstitions. Dans votre post sur les tocs, vous semblez répondre à cette définition… Accepteriez-vous d’en parler ? (au téléphone ou par mail, dans un premier temps…)

    Cordialement,

    Magali Cotard (magalicotard-temoignage@yahoo.fr)

  2. Je tombe sur ce post par hasard. Dingue, je ne suis pas seul !
    Moi je compte les sieges de cinema, le nombre d’ampoules du lustre, les lames de parquets, les bandes de passages pietons tout le temps. Et dans ma tete je les organise en 5 comme sur un dé et je cherche a obtenir un multiple de 5.

    Ou alors je dis que si j’arrive a traverser le passage piéton en marchant sur les bandes avant que le bonhomme ne clignote, alors tel ou tel truc va m’arriver.

    Personne dans mon entourage le sait.

    Je suis aussi super cartésien pourtant, étant informaticien.

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