La presqu’île de la tentation

Nous avons posé comme chaque dernière semaine d’août nos valises à Saint-Pierre Quiberon dans la maison familiale des Snooze. J’attendais avec impatience cette pause bretonne. Mon agence ne m’a pas laissé cette année l’opportunité de prendre plus d’une semaine de congés pendant la période estivale et je comptais bien en profiter même si le programme comprenait le sacrifice de quelques heures de farniente à mon travail. Mais qu’importe. Le beurre salé, les crêpes et l’eau vivifiante allaient nous requinquer après trois mois d’agitation, de fatigue et de travaux inhérents à l’acquisition de notre nouveau chez-nous. Tradition oblige, c’est en empruntant le tire-bouchon à Auray que nous sommes arrivés à la maison. Les parents Snooze nous attendaient. Son frère, sa belle sœur et ses nièces également. La table était dressée et un repas pantagruélique nous attendait. J’étais tombé dans un piège. La mère de Snooze avait décidé de nous truithonner en nous gavant de bons produits régionaux tous très légers à base de lard, de sucre et de beurre salé. Elle testait certainement un nouveau concept de téléréalité, « la presqu’île de la tentation », en remplaçant les tentatrices chaudasses pas des Kouign Amann et des gâteaux bretons.

Tous les soirs, nous avions le droit à l’épreuve du feu de camp après un passage par le glacier local. J’en ai encore les dents du fond qui baignent. Car nous avons mangé encore plus calorique que ça : Un gâteau breton fourré au caramel au beurre salé. Passer du temps en Bretagne, c’est également profiter de la famille de Snooze. Contrairement à ma mère qui reste d’une froideur à toute épreuve avec Snooze, ses parents m’ont immédiatement accueilli au sein de leur famille. Ils se moquaient bien que Snooze aime la bite et la mienne en particulier. L’important pour eux était que nous soyons heureux. Ils étaient même plutôt rassurés qu’il sorte avec moi. Juste avant de partir, j’ai même trouvé une gentille lettre du grand-père de Snooze qui pensait bien fort à moi pour mon anniversaire. En résumé, et pour la jouer « Sans Famille » les larmes en moins, j’ai véritablement été adopté par la plus adorable des familles.

Rien que pour sa tribu, cela vaut vraiment le coup de piper Snooze :king_tb: .

Seul petit bémol jusqu’à l’année dernière : sa plus petite nièce Justine. Le courant ne passait pas entre nous et ses parents et grands-parents déployaient toutes les ruses possibles et imaginables pour me faire accepter par le petit monstre. Rien n’y faisait et la situation me pesait. Son regard était méprisant et je l’avais même surnommée « Damien, l’enfant du mal ». Son caractère a heureusement changé et elle s’est considérablement adoucie avec le temps. Nous vivons même une grande histoire d’amour depuis un an.

L’attitude des deux nièces est même touchante :

« Dis tonton, tu es le chat de Papou et Nanou, et Alex est ton doudou et ton bébé, et tu es aussi le doudou d’Alex. Ninou et Océane sont les chéries de papou et moi je suis le bébé de papa et de maman. C’est amusant, hein ? »

Parfois, la vérité sort de la bouche des enfants et la vie parait extrêmement simple. Les deux nièces de Snooze nous ont toujours connus ensemble et il ne leur viendrait pas une seconde l’idée de porter un jugement sur notre couple. Deux hommes vivant ensemble leur paraissent aussi normal qu’un couple dit « normal ». Ce genre de regard est bien évidement porteur d’espoir. La situation est bien entendue biaisée, les deux enfants étant éduquées par des parents et grands parents extrêmement tolérants. La situation serait évidemment différente si ses deux nièces entendaient à longueur de journée les pédés au bucher ou sales enculés. Mais ce n’est heureusement pas de cas et je reçois des avalanches de bisous et de câlins. Je me suis même mis à jouer à Mario Kart DS pour leur faire plaisir. Snooze était sur le cul et a immortalisé le moment en me mitraillant avec son appareil photo. J’étais le roi du circuit Meuh Meuh sous les traits de Yoshi et son fabuleux kart Ectoblast 4000. Snooze était à deux doigts de connaitre à son tour la traversée du désert de Gobi.

Etonnant, hein Peter :jittery_tb: ?

Le temps a été pourri. Pas si catastrophique que ça car il n’a pratiquement pas plu. Nono n’était pas dans les parages cette année (bricolage oblige) et Snooze n’a donc pas pu mener une vie de patachon en sa compagnie. Nous n’avons même pas eu le temps de monter voir Michounet et faire une caresse à B et C. Petite pause sympatoche avec la visite de Mimi Zonzon, de Nico et de Chiara, venus nous faire un coucou en voisins. En résumé, la semaine a été merdique du début jusqu’à la fin. J’ai même terminé chez le bobologue local qui m’a refilé une quantité incroyable de granules homéopathiques. Mon travail me stressait trop et il fallait libérer mes chakras. Je n’ai pas osé lui avouer ce que je pensais de la thérapie par le sucre et me suis retrouvé avec tubes de toutes les couleurs. Apprendre à dire non : C’est l’objectif de la rentrée.

Dernier coup de stress dimanche soir en pensant à la nuée de collègues hystériques que j’allais retrouver le lendemain chez Bonum. La plupart aura pris quatre semaines de congés et sera déjà extenuée d’avoir posé leurs culs grassouillets dans le métro le matin pour se rendre au bureau. Ecouter les mêmes anecdotes sans intérêt, sourire, faire semblant d’écouter, entendre les plaintes, compatir. Une seule solution : faire l’asocial, s’enfermer de bon matin dans son bureau et ne surtout pas en sortir avant la fin de la journée.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *