Préparation H

Ou comment bien se préparer avant d’affronter une connasse à l’hôpital. J’ai ainsi une nouvelle fois testé les urgences migraine céphalée de l’hôpital Lariboisière. Ma tête était à deux doigts de l’implosion et je n’avais plus de médicament miracle. Je m’étais fait un shoot dans la cuise la nuit passée et avais utilisé ma dernière cartouche. J’avais les boules, c’était la loose, j’étais en manque et j’en avais raz-la-cacahuète que mon co-locataire Snooze me reproche de ne pas aller voir un neurologue. De son côté, il ne semblait pourtant pas gêné de cracher ses BK depuis quinze jours toutes les nuits et de me pourrir un sommeil déjà léger. Le crétin.

Les urgences céphalées sont comparables au pays des Bisounours. Le patient est accueilli dans un espace bleuté et insonorisé. Il n’y a aucune attente. Quelques secondes seulement après avoir pénétré dans cet endroit douillet, un infirmier vous prend votre tension et vous fait un bilan sanguin. En cas de doute, on vous envoie en quelques minutes passer un scanner. Contrairement à un service d’urgences classiques, tout va très vite et un spécialiste vous chouchoute. Migraine, céphalée ou algie vasculaire, le diagnostic est vite réalisé. On vous explique ensuite comment mieux vivre avec et surtout comment gérer les prochaines crises si crise(s) il y a. Encore faut-il pouvoir y pénétrer.

Car les clefs du paradis ont un prix. Il faut pouvoir passer le cerbère à l’accueil. Une femme antipathique vous demande la raison de votre présence. J’ai eu le malheur de lui expliquer que j’étais déjà venu dix-huit mois auparavant. Elle m’a ensuite signifié que je n’avais rien à faire dans son service et que je devais m’adresser directement à un neurologue. Même en insistant lourdement (ouhlala j’ai maaaal à la tête, siiii vous saaaaaviez Maaaadaaaameuh), on vous invite à dégager. Il faut donc prévoir un plan B et botter en touche en sortant une excuse imparable. L’aide soignante m’a regardé d’un air méprisant et m’a indiqué qu’exceptionnellement elle allait me laisser entrer en agitant rapidement un index réprobateur. Ma nouvelle amie m’a ensuite demandé mon nom et mon prénom. Elle a commencé à rentrer ces informations dans son ordinateur en tapant lentement et d’un seul doigt sur son clavier. Ses ongles venaient de passer par des mains expertes. Sa french manucure était parfaite.

Je me moquais du diagnostic. Il me fallait juste une nouvelle ordonnance. En quinze petites minutes j’obtenais mon précieux sésame. Je n’ai pas pu m’empêcher de demander pourquoi l’accès au service était aussi restreint. On m’a expliqué que la dame aux ongles parfaits faisait certainement de l’excès de zèle et que je pouvais revenir aussi souvent que je le souhaitais. C’est en tendant l’ordonnance à mon pharmacien que nous nous sommes aperçus que la durée de traitement n’était pas indiquée. Après avoir tenté de joindre par téléphone les urgences et être successivement passés par les services de psychiatrie, de rééducation neurologique et de réanimation neurologique, nous avons décidé de laisser tomber. Je suis retourné aux urgences pour modifier la fichue ordonnance.

J’en avais pour trois mois. A raison de deux injections possibles par 24 heures, le pharmacien pouvait me commander 60 seringues préremplies. C’est en réalisant le coût exorbitant de l’opération que je me suis permis de ne commander qu’une dizaine d’injections. Un traitement de trois mois revenait à près de cinq mille euros. Le pharmacien d’officine m’a juste signifié que je ne devais pas avoir de problèmes existentiels. Ce n’est pas moi qui allait régler (directement) la note. Si j’avais un cancer, je ne me poserais pas autant de questions et le coût journalier d’une cure serait certainement plus élevé pour la communauté. Euh, dit comme ça, je suis finalement heureux de n’avoir que des céphalées. Je suis surtout heureux de bénéficier d’un système de santé qui permet encore à tous de se soigner, même si l’achat de médicament est pour beaucoup indolore et inodore.

Je suis malheureusement convaincu que ce système vit ses dernières heures et que la maladie a de belles heures devant elle chez les futurs exclus du système. La messe n’est-elle pas dite depuis mai dernier?

20 commentaires sur “Préparation H

  1. « Un traitement de trois mois revenait à près de cinq mille euros »
    Wouaaaahh eh bien roidetrefle, ça c’est du traitement. :dunce_tb:
    J’espère que tu n’as pas fait une attaque en apprenant le prix de ton traitement ?! Ca serait le ponpon non :laugh_tb:
    Quant à ce « cerbère de l’accueil », la prochaine fois, emporte une seringue hypodermique pour l’endormir :devil_tb:
    Rien n’est plus emmerdant que quelqu’un qui fait de l’excès de zèle alors qu’on n’est pas bien du tout (surtout dans ton cas)
    Bon rétablissement :bye_tb:

  2. Bon courage… eh maintenant voilà que la SS ne voudrait plus rembourser les lunettes. Il est vrai que porter des lunettes c’est vrai qu’il s’agit simplement de confort. :furious_tb:

  3. C’est simple, si nous n’avions pas la sécurité sociale eh bien nous serions sous les ponts avec le traitement de mon fils et de mon mari. Depuis trois mois la partenelle fait des miracles pour mes migraines(mais il est vrai que ce sont des migraines cataméniales, ce qui n’est pas ton cas :jittery_tb: )

  4. Binjour, j’ai tout intindu, j’étais habilemint dissimulée derrière cette patère…
    La messe n’est pas dite, NIN! Je me battrai jusqu’à min dernier souffle pour que les seins siliconés soient rimboursés par notre système de sinté! c’est une questi-in de vie ou de mort! :jittery_tb:

    Plus sérieusement, bon courage pour tes migraines… Je suis sujet à des migraines ophtalmiques, mais certainement rien de comparable avec toi, et je mesure à quel point ça doit être douloureux…

  5. Mon père est dialysé, chaque séance coute plus de 1000€ (prix du rein artificiel a usage unique), en centre d’autodyalise il paye une partie de sa dyalise (la nourriture et les consultation du spécialiste qui ne fait que passer ramasser ses cheques :furious_tb:) en centre lourd il n’y payes rien (les autres)…
    si en france on passe au système anglais a ce niveau, du jour ou il sera a la retraite, ce sera a lui de payer ses dyalises totalement. autant dire qu’il ne survivre qu’une semaine et encore. car les dyalise c’est 3 par semaines.

  6. Je partage hélas ton pessimisme sur le sujet (d’où : aller voir un neurologue avant, histoire que tu puisses ne pas choisir entre un diagnostic et les remboursements de ton appart, non ?)

    Remets toi bien, surtout.

  7. La messe n’est-elle pas dite depuis mai dernier? Entièrement d’accord avec toi malheureusement ! Mais j’imagine que certains français, bien trop nombreux, pensent qu’ils vont s’en sortir, individuellement !

  8. Contente que tu sois parvenu à passer le barrage du zèle (un des plus difficile à contourner).

    Traitements remboursés : en plus comme le système veut qu’on ne soit correctement payés (si tant est qu’on ait pu passer les différents filtres de l’accès au travail) que si on est jugés performants ce qui implique qu’on soit au moins suffisamment en forme suffisamment souvent pour pouvoir faire semblant d’être jeune et dynamique (ne surtout pas compter sur l’indulgence que pourrait apporter un travail malgré tout bien effectué). Donc on va se retrouver dans une situation où les malades, globalement moins thunés que la moyenne des gens, auront à faire face à des frais difficiles à couvrir.
    Peut-être ben que c’est une politique comme ça destinée à ce que les pas-winners encombrent moins longtemps ?

    Bon courage à toi en tout cas.

  9. Oui, c’est comme de lire un billet sur le paradis que je viens de lire, moi qui vis dans un pays où seule la foi (du charbonnier ?) me permets finalement de survivre, jusqu’au jour où (? sortez les gris-gris, vite !) l’un de nous trois devrait peut-être frapper à l’une des portes des E.R. (emergency rooms) pour se faire finalement jeter parce qu’on n’a pas de quoi les payer… j’exagère, on ne se ferait pas jeter, mais on ne se ferait pas soigner non plus, juste maintenir en vie histoire que l’hôpital n’ait pas un homicide involontaire sur les bras.

    Gardez votre système de santé publique, c’est essentiel et je suis étonnée que cela ne fasse pas plus de débats dans la société, comme si les gestionnaires du système n’étaient pas soumis au contrôle de la démocratie ?

  10. @ JM: Je n’ai pris que le nécessaire et me suis payé un billet pour les Seychelles en revendant le reste sur eBay. :devil_tb:

    @ Psykokwak: oui, tout le monde sait ça. Mais j’ai entendu dire qu’elle souhaitait faire rembourser les liposuccions. :thumbup_tb:

    @ Linkiseb: Les plus défavorisés/fragiles vont payer chèrement les abus. Comme toujours. :huh_tb:

    @ Rouge-cerise: On va tous terminer en Chine si cela continue. Ou pire, à Moscou. :bye_tb:

    @ MarcelD: Bien tenté Marcelchoo :thumbup_tb:

    @ MarcelD bis: Oui, mais ma coloscopie du samedi. Mon tube digestif est éclairé en rouge. En semaine, c’est en bleu. Je la change ce soir rien que pour toi. :wub_tb:

    @ TarValanion: Naaaaaaaaaaaaan! :jittery_tb:

    @ Valérie: Je suis vraiment de tout coeur avec toi. :bye_tb:

    @ Ashley: Ouiiii, votons pour le remboursement des gros nichons! :thumbup_tb:

    @ The 6L20: Je n’ose imaginer que les dialyses ne soient plus prises en charge. :dunce_tb:

    @ Anne: Ah non, c’est l’appartement avant tout! :furious_tb:

    @ Madeleine: Un point pour l’individualisme. :blush_tb:

    @ Gilda: Oui, c’est une tentative pour se débarrasser des pas winners :blink_tb:

    @ Otir: Notre système de santé reste exceptionnel. L’époque, les déficits chroniques, les abus de tous poils, la politique. Tout est aujourd’hui rassemblé pour réformer de façon brusque la sécurité sociale. Je suis bien entendu effaré lorsque je rencontre des individus user du système. Mais pour assurer l’accès aux soins à tous, de tels abus doivent être pris en compte et ne surtout pas pénaliser les plus faibles. C’est très compliqué tout cela. :huh_tb:

    @ Polyphème: Fallait pas m’laisser, tu vois, il est beau le résultat, je fais rien que des bêtises quand t’es pas là. :bye_tb:

  11. J’ai eu moi-meme à expérimenter récemment le système hospitalier public français (rien de grave, une petite hospitalisation de jour, mais les cadeaux feront toujours plaisir). Je dois dire que j’ai été surpris par l’amabilité générale du personnel soignant et « hotelier ». Clairement ils ont peu de moyens, mais globalement ils semblaient avoir un bon moral pour des gens avec des horaires délirants et des salaires qui ne le sont certainement pas. Bien sur, il y a des mal baisé(e)s moches et reveches comme dans tout biotope parisien, mais à part la bouffe (que j’aurais du photograpier), le reste était franchement très bien. Je me suis dis, moi aussi, pourvou qué ça doure !!!!
    PS: mon petit séjour hospitalier n’a couté que 200 Euros à la collectivité, je l’en remercie néanmoins.

  12. En lisant ce billet, je sens déjà l’étau qui me prend la tête… Arrête roidetrefle, au secours ! File-moi vite une piquouze !
    Ben, on va peut-être lutter avant de se faire bouffer la Sécu à nous qu’on a, non ?

  13. Je voudrais pas avoir l’air de prendre le parti de ton « colocataire », mais il a raison, quand même, non, au fond ? tu devrais pas consulter ? Si ce n’est que pour lui, fais-le, il doit drôlement s’inquiéter … Et tu me croire, c’est quelqu’un qui ne se soigne JAMAIS (on en a déjà parlé) alors qu’elle le devrait, qui t’écrit, alors tu penses si je suis sûre de ce que je te dis ! Biz réparatrices !

  14. et il parait que l’approche médicale de la douleur est très différente maintenant ! que tu peux en parler! mais bientôt ne faudra t’il pas d’abord verser l’acompte avant d’en parler ? triste quand on connait les progrès de la médecine et que chaque cas traité peut encore la faire progresser

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *