La SeNeCeFe, c’est Bleussipo

C’est la tradition. Nous nous rendons toujours au marché de Quiberon les samedis matins. Les touristes arpentent les allées et remplissent leurs paniers de spécialités locales. Andouille, saucisson, confiture, gâteau breton, tout y passe. Qu’il est bon d’emporter avec soi un morceau de Bretagne et d’en profiter en rentrant chez soi. Les commerçants connaissent parfaitement ce point faible et usent et abusent des ruses les plus subtiles pour refourguer leurs denrées. Les marchands de cochonnaille ou de chouchen ne sont pas les seuls à attirer le badaud. La fameuse pierre d’Alun est ainsi idéale pour mettre fin aux rillettes sous les bras, aux boutons de fièvre ou d’acné, aux coupures et aux brûlures, au feu du rasoir ou aux irritations causées par l’épilation. Finis les cheveux cassés ou abîmés avec le peigne magique, la nouveauté pour les cheveux de toutes les mamans, les mamies, les ados et les enfants. Le galet épilatoire (vu à la télé) et sa crème post-épilatoire est le moyen le plus économique, efficace, rapide, indolore et esthétique pour lutter contre le poil disgracieux. La lotion Balsan ramollie, gélifie et élimine de son côté corne, oeil de perdrix et autres durillons. On peut également profiter d’un passage par le marché pour retaper ses chaises de salle à manger, se faire un tatouage temporaire un peu dégueulasse ou acheter un t-shirt improbable qui ne sera jamais porté en rentrant de vacances.

Se rendre au marché à été l’occasion de faire scission avec une partie de la famille Snooze. Les deux frères étant caractériels, l’ambiance a été tendue comme un string dès le premier jour de notre arrivée. Les années précédentes, nous évitions pourtant de nous retrouver en même temps en Bretagne. Ce ne fut malencontreusement pas le cas cet été. Julien n’a jamais vraiment compris Snooze qui passe a ses yeux comme le comble de l’exotisme. Contrairement a mon mari, il n’a jamais coupé les ponts avec le nid familial et a même inconsciemment recrée le schéma établi par ses parents. Ainsi s’est-il installé non loin de chez eux dans une maison comparable (jardin, barbecue, même décoration d’intérieur, mêmes goûts, mêmes loisirs). Sa vie est aussi planifiée que l’économie soviétique des années soixante. Il peut également compter en permanence sur ses parents pour la garde de ses enfants pendant les vacances scolaires, les déjeuners en semaine et pour aller les chercher à la sortie de l’école, économisant accessoirement temps et argent. Petit à petit, Julien s’est transformé en sociopathe. Ni sa femme, ni ses parents ne lui font la moindre réflexion de peur de le contrarier. D’après eux, cela ne sert à rien, juste à l’énerver un peu plus.

Trois jours après notre arrivée, Snooze et moi même avons cessé d’adresser la parole à son frère. Ambiance. Julien avait alors sèchement ordonné à Snooze de ne plus s’occuper de ses filles. Ce petit imprévu prévisible m’a permis de jouer à l’asocial, de terminer l’écriture de mon mémoire de master et m’a surtout donné un alibi béton pour travailler sur deux ou trois dossiers emportés en douce dans les valises. Ayant prévu de rentrer en voiture ensemble, il nous a donc fallu trouver un plan B, le seul envisageable étant de se rendre à la gare de Quiberon et acheter deux billets de train à la dernière minute. Seulement voila, la SNCF s’est transformée ces dernières années en nébuleuse en cultivant l’opacité la plus totale sur ses tarifs et en proposant des services de plus en plus réduits. L’agent nous a ainsi proposé un strapontin entre les toilettes et les porte-bagages en première pour 220 euros, un strapontin (toujours à côté des ouaouas) en seconde pour 150 euros ou enfin deux places assises en seconde pour 160 euros (l’aller en première nous étant revenu à 110 euros, moins qu’en seconde, va comprendre Charles). On nous a expliqué qu’à l’instar d’Air France, la SNCF pratiquait le surbooking en proposant à ses clients plus de places que celles effectivement disponibles, en comptant sur les désistements de dernière minute.

Chacun est donc rentré de son côté. :blink_tb:

Nous avons constaté avec le plus grand des bonheurs qu’aucun incident majeur n’avait eu lieu pendant notre absence. Point de cambriolage, d’explosion liée au gaz, de feu causé par un court-circuit, de fuite d’eau ou même de merde baveuse refoulée dans notre baignoire.

C’est ça le bonheur.

15 commentaires sur “La SeNeCeFe, c’est Bleussipo

  1. « Ce petit imprévu prévisible m’a permis de jouer à l’asocial, de terminer l’écriture de mon mémoire de master et m’a surtout donné un alibi béton pour travailler sur deux ou trois dossiers emportés en douce dans les valises. »
    Tu as bien de la chance d’avoir pu faire ça. Si j’avais voulu faire ça dans la belle-famille de mon chéri (surtout celle basée dans le centre de la France), je n’aurais pas pu avec tous les hurlements de ses « gentils » neveux et nièces autour de moi :furious_tb:

  2. ah ben je m’attendais un peu à une chute telle que tu nous racontes, vu la description déjà faite du beauf ! Je vois donc que la douceur de l’air breton n’agit pas sur les sociopathes.

  3. Bon, bah, je vois que fille ou garçon, une belle-famille reste une belle famille !!!!!
    Moi, j’en ai testé 3 à moi toute seule alors vous pensez bien que je sais de quoi je parle et que je compatis avec mon vieux copain.
    Bisoussssssss
    PS : Dis-donc, ce sont tes pieds sur la bannière ???? Mais ce sont de vrais pieds de poupon !!!!!!!!!!

  4. Dommage, tout de même, de ne pas avoir le plaisir des relations familiales (si, si, quand ça se passe bien, ça peut faire vraiment plaisir)!…

    Mais bon, s’il faut composer avec un sociopathe…

  5. Ben même si tu le racontes drôle, je pense combien pour Snooze ça doit être pesant, moi dont la soeur de famille a aussi une vie « aussi planifiée que l’économie soviétique des années soixante » avec ses beaux parents venus s’installer à 5km et le pavillon, le barbecue toussa et qui suis l’exotique de service. (mais personne n’est caractériel, juste eux un peu racistes (probablement homophobes aussi, mais le cas ne s’étant pas concrètement présenté, je soupçonne peut-être injustement) et moi, même « un peu », je ne supporte pas ; il y a des domaines où « un peu » c’est déjà trop).

  6. PS : Et moi aussi je reviens d’un petit saut en train où les premières étaient moins chères que les secondes, du coup l’inévitable « bébé-qui-pleure-tout-le-long-du-chemin » de ma malédiction ferroviaire se trouve transplanté en premières comme moi car ses parents ont saisi la même occase, au bout du compte à part une collation, la largeur des sièges et que comme en avion high-cost quelqu’un vient vous solliciter toutes les 30 secondes pour ci ou ça (la lingette rafraîchissante, le café, le petit carré de chocolat, le taxi à la sortie … – pas moyen de lire en paix -), ça ne change pas (grand-chose).

  7. Je crois que c’est un classique, mais je l’oublie, alors moi je note l’expression « une ambiance tendue comme un string », ça peut servir. A détendre l’atmosphère. D’autant qu’il y a eu de ça, aussi, dans mes vacances. Et dans celles que d’autres m’ont raconté, du coup un espoir me vient : tu es sûr qu’il est sociopathe, ton beauf ? Ce serait pas juste une mauvaise conjonction astrale qui nous aurait pourri nos vacances respectives ??

  8. « Il peut également compter en permanence sur ses parents pour la garde de ses enfants pendant les vacances scolaires, les déjeuners en semaine et pour aller les chercher à la sortie de l’école, économisant accessoirement temps et argent. »

    Grblmtttllmm.
    Argh.
    ça y est je suis morte.
    Non, je ne sais pas, tout simplement pas l’expliquer, mais là, c’est le comble du cauchemar. Et à Noël ils s’offrent en cadeau des machines à repasser à la vapeur et des cuits-vapeur?

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