Comment se retrouver au poste et se la jouer Midnight Express

L’Inde, c’est bon mangez-en. La preuve: Après avoir ingurgité une quantité incroyable de nourriture pendant une semaine et avoir accessoirement visité l’Etat du Karnataka en bus, nous nous sommes séparés du reste de la troupe pour nous rendre un peu plus au Nord du pays. Nous avions décidé de prendre le train pour nous rendre à Hampi, certainement l’un des endroits les plus magiques que j’ai pu visiter. C’est en attendant notre train que nous nous sommes finalement mêlés pour la première fois à la population locale. Les européens sont assez rares et se font rapidement repérer. On se fait prendre en photographie en douce et quelques mendiants tentent de nous soutirer une pièce. l’ambiance est chaleureuse. On partage des biscuits, une bouteille d’eau ou du chocolat. On a peur de se planter de train car le système semble compliqué lorsqu’on l’expérimente pour la première fois. Huit classes sont mises à la disposition des voyageurs. La différence entre la classe HA1 et la classe sleeper est considérable. Si la classe HA1 s’apparente à un compartiment de deux ou quatre couchettes avec couvertures moelleuses, lavabo et air conditionné, la classe sleeper ressemble plus à un wagon à bestiaux et fait curieusement penser à un passé pas si lointain que cela. Les voyageurs sont entassés debout, compressés les uns aux autres, s’agrippant parfois aux barreaux des fenêtres. Assez traumatisant.

Nous sommes finalement arrivés à Hampi dix heures plus tard (pour 400 kilomètres). On y trouve un ensemble de magnifiques temples et de constructions bâtis au XVème siècle, le tout s’étendant sur 30 kilomètres carrés. Le site est classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Aucun mot ne pourrait décrire l’ambiance, la chaleur et la beauté dégagées par la ville, cernées de rizières et de bananeraies luxuriantes. C’est un Eden situé au centre de l’Inde. C’est beau, magique, somptueux, émouvant, et surtout presque sans touriste. Note à moi-même. Ne plus jamais parcourir ce genre de site torse nu, évitant ainsi de se faire rôtir la peau. Un peu con quand on est blond.



Quelques restaurants se sont installés en ville. Nous sommes tombés par hazard sur le Mango Tree restaurant et en avons fait notre cantine. Le restaurant est constitué de tentures sous un manguier géant et domine la rivière. Y dîner pendant un coucher de soleil vaut le détour. Je sais maintenant à quoi ressemble le paradis.




Autre expérience hors du commun: le conducteur du rickshaw qui nous a ramené vers la gare est tombé dans une sorte de coma après avoir fumé une quantité non négligeable de beuh. Son copilote a repris in extremis le volant avant que nous finissions en plein ravin. Snooze à eu la peur de sa vie (le nain a très peu d’humour), je me suis de mon côté pissé dessus de rire. Le taré a fini la tête en arrière, nous bavant dessus, pendant tout le reste du parcours. Je me suis même amusé à le prendre en photo.

Nous sommes finalement rentrés quelques jours plus tard à Bangalore pour nous envoler pour Bombay. L’arrivée fut agitée. Alors que tout n’avait été que tranquillité depuis le début de notre séjour, nous nous sommes rapidement sentis agressés par l’agitation ambiante. Vingt millions de personnes habitent à Bombay, véritable capitale économique du pays. L’atterrissage est spectaculaire car les piste forment une brèche au beau milieu du plus grand bidonville d’Asie. On a l’impression que l’avion va se crasher entre deux baraques. Dès la descente de l’appareil, l’environnement et le climat, chaud et humide, sont radicalement différents et étouffent le visiteur. La deuxième couche l’achève. Une nuée de taxis se rue sur les touristes. Une personne prend une valise, une autre un sac pour la diriger vers le coffre d’un véhicule. Les gens crient, s’insultent et se bousculent. Ayant été effrayés par l’agitation ambiante, nous avons choisi l’option taxi prépayé, option permettant de s’affranchir de la nuée de rapaces. Nous avons finalement fini dans un taxi minuscule intégralement tapissé d’une moquette turquoise/marron épaisse, un peu pourave et hyperallergénique. Le coffre ne fermait pas et nous avons serré les fesses jusqu’à notre arrivée à l’hôtel, situé sur la pointe sud de la ville.


La circulation reste le point faible de Bombay. Le merdier est indescriptible. Il n’y a aucun métro et les voies sont naturellement destinées à être bouchées. Les rickshaws étant interdits, le taxi reste donc le moyen de transport le plus pratique et rapide. Afin de désengorger la cité, un gigantesque pont vient d’être inauguré. Le pont Bandra-Worli, long de plus de cinq kilomètres, relie la banlieue nord de Bandra au quartier de Worli situé au sud, et est supposé réduire le temps de transport de quarante à sept minutes entre les deux parties de la ville. Nous sommes finalement arrivés au pied de notre hôtel après presque deux heures d’embouteillages.

Snooze et moi-même avions passé un deal. Oui pour partir en Inde, oui pour crapahuter, oui pour se taper une tourista, mais finissons notre séjour dans un bel hôtel et glandons autour d’une piscine. Hors de question de rentrer en France crevés. Nous avons donc choisi de rester presque une semaine dans l’un des plus beaux établissements d’Inde, le Taj Mahal Palace. Propriété de la famille Tata (comme presque tout à Bombay), l’hôtel fut bâti au début du siècle dernier après qu’un représentant de la famille fut considéré comme persona non grata dans un établissement réservé aux colons. Il décida de construire le plus beau et le plus luxueux des hôtels face à la mer d’Arabie et à la Porte des Indes. D’inspiration maure, orientale et florentine, l’hôtel est rapidement devenu l’un des emblèmes de la ville. La légende veut que l’architecte, venu inspecter la fin du projet, se soit donné la mort en sautant du haut du dôme, les plans n’ayant pas été respectés (l’hôtel fut construit le dos face à la mer). Cible d’attentats meurtriers en novembre dernier (comme l’Oberoi et le Trident), le visiteur doit montrer patte blanche. Les moteurs et le dessous des véhicules sont inspectés scrupuleusement et tous les sacs sont passés au scanner. De grands et imposants vigiles coiffés de turbans montent la garde. On se croirait presque dans Indiana Jones 2.


Une fois l’étape fouille passée, le gentil touriste pénètre dans un havre de luxe, de calme et de volupté. Les bagages disparaissent comme par magie. Une hôtesse vêtue d’un splendide sari nous a souhaité la bienvenue. Elle s’est présentée comme notre référent pour toute la durée de notre séjour, nous a fait visiter une partie de l’hôtel et nous a accompagnés jusqu’à notre chambre ou nos bagages nous attendaient, prêts à être ouverts et rangés. Des fruits, de l’eau (tata), du thé (Tata), des biscuits (Tata) et du café (Tata) étaient à notre disposition. Notre chambre donnait sur la ville et non sur la mer (supplément). Plusieurs restaurants étaient à notre disposition, ainsi qu’un splendide SPA, une vraie piscine et une salle de sport. Le personnel était extrêmement présent, toujours à notre disposition mais jamais obséquieux. La chambre était visitée une bonne dizaine de fois par jour. Nous avons même pensé qu’il y avait un détecteur de déchets dans les poubelles.


Nous nous sommes rapidement dirigés vers la ville. Contrairement aux autres lieux que nous venions de visiter, les touristes sont vite harcelés par les vendeurs ou les taxis. Les marchands du temple sont pléthore et vendent tout et n’importe quoi, du vibromasseur à pile couleur chair (très à la mode), aux écharpes en vrai-fausse soie en passant par du matériel électronique très cheap et des faux DVDs. Le Royaume-Uni reste ultra présent via les vestiges de l’architecture coloniale, l’exemple le plus flagrant demeurant la gare Victoria. Depuis une dizaine d’années, et sous l’impulsion d’un parti nationaliste, les noms anglais sont petit à petit remplacés par des noms indiens. Ainsi la ville a-t-elle été rebaptisée Mumbai, la gare Victoria est-elle devenue Chhatrapati Shivaji Terminus, et le musée du Prince de Galles s’est-il transformé en Chhatrapati Shivaji museum. Un peu compliqué à prononcer tout ça.

C’est en visitant la gare que nous avons été refroidis par le fameux accueil indien. Je m’amusais à prendre en photographie certaines scènes de vie dans la gare et l’architecture du bâtiment en bon touriste. Quelques minutes après notre arrivée, un groupe de cinq ou six personnes nous a abordé et nous a demandé de le suivre sans poser de question. N’étant pas spécialement rassuré, je me suis précipité vers un militaire et lui ai demandé qui étaient ces personnes que je n’avais absolument pas envie de suivre. Le militaire m’a confirmé que mes nouveaux amis, pas rigolos pour un sou, étaient des policiers en service, policiers qui ont fini par sortir leur carte toute pourrie. Nous étions arrêtés car nous avions pris des photographies de l’intérieur de la gare. C’était illégal et nous allions finir au poste. Problème: l’interdiction de photographier n’était inscrite nulle part, ni indiquée dans les guides. L’aventure nous a permis de nous perdre dans de vieux couloirs glauques et de finir dans un bureau miteux et décrépi. Au bout de quelques minutes, nous avons plaidé notre cas devant le supérieur du crétin qui nous avait embarqués. Nous avons finalement été conviés de quitter la gare fissa fissa, sans même avoir à effacer les photographies déjà prises. Les cons.

Homophobiiiiiie! :furious_tb:




La ville se mérite. On doit se perdre dans les petites rues, visiter les marchés et les nombreux jardins, rencontrer et parler avec des habitants et enfin se laisser tenter par les nombreux restaurants qu’offre Bombay. La fin du mois d’août correspondant à la célébration de Ganesh, de nombreux chars parcourent les rues. Les habitants chantent et dansent, et les enfants s’amusent à répandre des poudres colorées un peu partout. Ne surtout pas s’en approcher lorsqu’on est vêtu d’un t-shirt blanc.


Nous avons notamment suivi les conseil de Fab et nous sommes laissés tenter par la carte du fameux Indigo. Nous avons également testé de nombreux restaurants dits traditionnels, et ceux de notre hôtel. Bombay est également truffée de boutiques spécialement destinées aux bobos parisiens. Les Emporium contiennent des spécialités provenant de toutes les provinces Indiennes. Ces magasins sont donc parfaits pour les cadeaux de dernière minute. Sans oublier le fabuleux Fabindia, un magasin presque entièrement consacré à la maison. Mention spéciale à Monsieur Shama, parfumeur à l’ancienne spécialisé dans les attar, essences naturelles pures mélangées à une base d’huile. Nous avons été émerveillés par sa boutique et son amour du parfum. Il est également possible de se rendre sur l’île d’Elephanta (plus d’une heure de bateau au sud) et de visiter ses grottes et ses temples hindous consacrés au dieu Shiva. Si les temples n’ont rien d’exceptionnels, l’île est truffée de singes peu farouches, assez gloutons, a grosses couilles et très distrayants.

Toutes les bonnes choses ont une fin. Nous avions été prévenu que le retour risquait d’être cauchemardesque. L’aéroport est totalement inadapté aux grands mouvements de touristes. Il est compliqué d’y pénétrer sans billet (pratique lorsqu’on a choisi l’option billet électronique), l’organisation y est inexistante et franchir la douane s’apparente à un parcours du combattant. En résumé, on est heureux de pouvoir enfin poser ses fesses dans l’avion.

Pour finir, et parce que trop de texte tue le billet, le reste de notre séjour en images. J’espère notamment battre le record du billet contenant le plus de photographies, cinquante sept au total.

Hop hop, place au bon gros diaporama des familles! :dunce_tb:























15 commentaires sur “Comment se retrouver au poste et se la jouer Midnight Express

  1. Tes photos st magnifiques (merde d’autres l’ont déjà dit avt moi) ! certaines choses que tu dis me font vraiment penser à ce que j’ai ressenti pdt mes vacs en Indonésie (parallèle entre bombay et jakarta : étouffant)
    Si c’est pas indiscret, ça revient à cb des vacs de rêve en Inde comme ça 🙂 ?

  2. Un seul mot (en fait plusieurs) : tu me donnes envie d’y revenir. Même si le nord que j’ai visité n’a rien à voir avec le sud que tu as traversé. j’ai aimé l’Inde comme aucun autre pays.

  3. Bon, pour mon premier commentaire ici, je ne redirai pas ce qui a déjà été dit …
    Juste une chose : jusque là, n’ayant pas vu sa frimousse, je m’étais demandé si Lapinoo faisait partie du voyage … me voilà rassurée …

  4. WOOOUUUUAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAh !!!!

    Une petite excption, car je ne commente jamais (une fois peut-être ?), mais je lis très régulièrement ton blog.

    Ton récit est vraiment bien construit et agréable à lire (comme tous tes billets en fait ;), ça donne envie d’y aller (quoique … certains coins sont à éviter !).
    Les photos sont superbes.
    Ce sont des vacances de rêves … et tu nous les fais partager … merci !
    Mais je me pose une question : Lapinou a-t-il aimé ces vacances ?

  5. J’adore voyager avec toi, ça fait « vrai » !!! Crise de rire … mais avec tout ça, tu ne nous as toujours pas raconté comment s’étaient résolus tes problèmes intestinaux ? faut-il nous référer au livre que tu as récemment promotionné ? et si oui, à quel chapitre ????

  6. Il est croquignolesque ton lapinou.

    Les photos sublimes, envie de faire un voyage au pays des senteurs mais décidement l’accueil des autorités refroidit quand même un peu, mais la magie reste, c’est le principal.

  7. je me suis toujours demandé quelle tête faisaient les passants quand ils te voient faire poser monsieur Lapin…
    Ceci dit j’adore aussi le récit du voyage. Me rappelle celui que mon frère a fait dans le Radjasthan l’été dernier. Sans lapin.
    Mais ça avait l’air bien quand même 🙂

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