Ça sent la guimauve, c’est écœurant.

Noël a toujours été pour moi un mélange de joie et de tristesse. Mes parents s’étant rapidement séparés pour le meilleur et le meilleur, cette période a toujours été tendue comme un string. Je ne m’en suis curieusement jamais aperçu sur le moment. Ce n’est qu’en me penchant sur le passé que j’arrive à relier certains signes ou événements. Je me rends alors compte que j’étais très loin d’évoluer au pays des Bisounours. Même si mes parents ne s’entendaient pas, ils respectaient cependant la trêve des confiseurs. La famille faisait tout pour m’anesthésier. C’était un peu cela la magie de Noël.

Mes premiers souvenirs sont liés à cette période de l’année. Des bruits, ceux du crépitement des pas dans la neige ou ceux, plus imaginaires, du père Noël descendant par la cheminée et déposant mes cadeaux autour du sapin. Des odeurs, celui du parfum de ma maman, des plats mijotant dans la cuisine, du sapin, de la cheminée, de tabac froid le matin au réveil. Du goût, celui des escargots en praliné, des fondants en sucre, des petits Jésus rose* ou jaunes, des boules de sapin en chocolat, du pain d’épice. Des couleurs, celles des décorations, des guirlandes électriques, des vitrines des grands magasins.

Je me souviens parfaitement du Noël de mes cinq ans. Je le passais en Corrèze. Ma grand-mère avait acheté un affreux sapin en plastique. Nous avions sorti les santons et la crèche du grenier. Le jardin était couvert de neige. Je n’avais bien évidement pas réussi à veiller jusqu’à minuit. Le matin du 25 décembre, des cadeaux m’attendaient près de la fenêtre du salon. Le père Noël m’avait gâté. Il avait déposé une jolie montre Lip. Ma première montre. Je me souviens également d’une usine miniature, et d’une grosse Matriochka, certainement un cadeau de mon oncle Russe. Je me souviens également du Noël suivant. Mon père avait passé le réveillon en notre compagnie à Paris. J’avais encore été très gâté. Le lendemain, nous sommes partis chez ses parents en Bourgogne. Le père Noël était également passé par la maison car des cadeaux m’attendaient sous la cheminée en briques. Je me souviens d’un Télécran, d’un Spirographe et d’un Monopoly.

Quand j’étais petit, Noël commençait à la fin du mois de novembre. Le début des hostilités était déclenché par la publication des catalogues de jouets par les grands magasins. Je passais alors des heures à les feuilleter, même si, in fine, j’étais toujours attiré par la même chose: des Lego, encore des Lego, toujours des Lego. Des Lego jusqu’à écœurement. J’ai rarement fait des infidélités à cette marque, ma chambre étant tapissée de briques et de plaques en plastique. Une année pourtant, j’ai souhaité recevoir la navette spatiale Ulysse 31. Une folie. Un peu plus tard, les fameux « Game and Watch » Nintendo ont fait leur apparition. Qui ne rêvait pas de se voir offrir les fameux jeux doubles écrans « Donkey Kong »? Arrivèrent ensuite les premiers ordinateurs. Sinclair, Oric, Amstrad. Les cassettes puis les disquettes de jeux ont alors vite remplacé les jouets plus traditionnels sous le sapin.

Noël était également signe de décoration de notre appartement. La première étape était de se rendre chez le marchand de couleurs et d’acheter du blanc d’Espagne. Cette poudre magique me permettait de dessiner des sapins et autres affreux motifs sur les carreaux des fenêtres (merci maman pour ta tolérance et ta patience). La seconde était de choisir un joli sapin, puis de le décorer. Enfin, nous sortions la crèche et cachions le petit Jésus dans une boite à bonbons jusqu’au 25 décembre au matin. La touche finale était la réalisation de la couronne que nous accrochions sur la porte d’entrée.

Un autre facteur différenciait cette période du reste de l’année: J’avais le droit de regarder, presque à volonté, la télévision. Ma mère n’a jamais considéré cet obscur objet du désir comme primordial. Nous avons longtemps conservé une vieille télévision toute pourrie en noir et blanc. J’avais uniquement le droit de regarder « Récré A2 » et le dessin animé sur FR3 juste avant 20 heures. Pendant les fêtes de fin d’année, tout était différent. Je me gorgeais de films et d’émissions. Je ne ratais jamais un numéro des visiteurs de Noël, tout en me gavant de sucreries et de crottes en chocolat.

Tous ces souvenirs sentent bon les épices et le sucre. Mon enfance a été très douce.

Aujourd’hui, je suis devenu l’adulte de la famille et je dois naturellement prendre soin de mes proches. Nous organisons depuis quelques années le réveillon à la maison. Je passe beaucoup de temps à cuisiner. Lorsque ma mère et ma grand-mère arrivent, tout est prêt. L’appartement est décoré et des cadeaux sont disposés au pied du sapin. Elles ne s’occupent de rien. [Attention, passage au mode guimauve dégoulinant] Je souhaite juste qu’elles se sentent bien et soient heureuses. Nous formons une toute petite famille, mais nous sommes très complices et nous nous aimons sincèrement et profondément. C’est encore ça la magie de Noël. Chez nous, c’est maintenant toute l’année.

Noël est maintenant passé, une nouvelle année arrive. Tic tac, tic tac, tic tac.

J’ai des projets plein la tête. Je suis heureux. J’ai encore beaucoup de chance.

Deux mille dix sera encore plus belle que deux mille neuf, j’en suis persuadé.

Très belle année 2010. :happy_tb:

*Rose ne s’accorde pas.

18 commentaires sur “Ça sent la guimauve, c’est écœurant.

  1. La magie de Noël a encore frappé :thumbup_tb:
    Pas un seul gros mot :thumbdown_tb: , pas la moindre petite bite ni de gros caca dans ce billet :blink_tb: :huh_tb: :furious_tb:

  2. Quand la guimauve est sincère, elle est bien moins écoeurante.

    Ah, toi aussi, tu dis des crottes en chocolat ? Parce que je me souviens d’avoir proposé « une petite crotte ? » à des amis lyonnais sur le départ…. ben….

  3. Quoi ?! Rose ne s’accorde pas ?! Homophobiiiiiiiiiiiiiiie !
    Joyeux Nawel !Que la félicité se répande sur toi comme une crème anti-ride sur les vieilles bourges fripées de courchevel !

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