Jiminy Cricket

Snooze m’a toujours reproché le manque de confiance que j’avais envers les autres. Déceptions diverses, peur de s’ouvrir, de se confier, manque de confiance en moi, complexe d’infériorité, cette méfiance maladive mériterait de longues séances d’analyse. Un peu comme si un ami ne pouvait le devenir avant d’avoir fait ses preuves. J’ai tout simplement besoin de fidélité, de savoir que je peux réellement compter sur quelqu’un et surtout de faire comprendre que je suis toujours disponible, pour le meilleur et pour le pire. En résumé, si mon cercle de proches reste restreint, je suis persuadé qu’il est de qualité et surtout fidèle. Un peu comme dans un couple finalement.

L’écriture de billets m’a beaucoup aidé à m’ouvrir. Sur le papier mais aussi dans la vraie vie. J’ai perdu en timidité et gagné en confiance. Tout à commencé le jour ou j’ai rencontré en chair et en os des blogueurs que je suivais depuis longtemps à l’occasion d’une représentation de Rigoletto à l’opéra Bastille. J’ai ensuite osé mettre les pieds à Paris Carnet. Après plusieurs tentatives, j’ai finalement réussi à me mêler à une des réunions mensuelles, même si je suis resté deux heures debout devant la porte des toilettes, raid comme un piquet.

J’ai fait une belle rencontre via Snooze et me suis rapidement lié d’amitié avec un blogueur qui, tout comme moi, était extrêmement méfiant. Nous avions tout pour nous rencontrer: nous avions beaucoup de goûts et de dégoûts en commun, nous vivions tous les deux en couple et aimions très fort nos conjoints respectifs, nos conjoints partageaient également certaines passions. Tout comme moi il était complexé et décomplexé à la fois, il avait certains côtés touchants et chose primordiale, il me faisait énormément rire. Nous avons tout d’abord commencé à nous voir en assistant aux premières séances de cinéma le samedi matin. Nous avons ensuite pris l’habitude de nous donner rendez-vous tous les samedis matins, à neuf heures trente, dans le même café, nos culs sur les mêmes fauteuils.

Notre relation a connu des hauts et des bas et s’est momentanément interrompue. Il ne comprenait alors pas mon mode de fonctionnement et pensais que j’évitais de répondre à ses appels ou à ses textos. Avant l’apparition de l’iPhone, le téléphone n’a jamais été mon mode de communication préféré, et il m’arrivait fréquemment d’égarer au fond d’un tiroir le précieux instrument sans m’en soucier le moins du monde. Si quelqu’un veut me joindre, le plus simple reste toujours de me contacter via mon téléphone fixe à la maison. Pensant être blacklisté, il s’est éloigné de moi. Nous nous sommes ensuite retrouvés quelques mois plus tard. Son moral était assez bas, et j’ai compris que je l’avais inconsciemment blessé. J’ai également compris qu’il tenait à notre relation mais surtout que j’y tenais aussi. De mon côté, elle a toujours été désintéressée. Oui, je suis un peu complexe, c’est comme ça.

Je suis rentré depuis le début de l’année dans une spirale infernale au travail qui a eu d’énormes répercussions sur ma vie. Cette spirale n’a pas, au début, affecté notre relation. J’ai toutefois décelé un changement dans son comportement. Connaissant son sale caractère, je n’ai pas tout de suite osé lui en parler, de peur de le vexer. Je me suis lancé, et lui ai finalement dit certaines vérités vraies qui n’étaient certainement pas bonnes à dire. Je reste persuadé que j’avais à l’époque raison, que je jouais à la perfection mon rôle de Jiminy Cricket surtout qu’il en avait besoin. De son côté, voyant que j’étais affecté par ma situation professionnelle, il m’a mis en garde et ma plusieurs fois conseillé de renoncer. Etant plus qu’engagé dans une bataille stupide et aveuglante, je ne l’ai pas écouté. Il avait pourtant raison.

J’ai constaté un jour qu’il m’avait rayé de ses contacts. Je n’ai pas cherché à le joindre pour m’expliquer car je m’y attendais et je n’en avais pas l’envie. Si je pense toujours qu’à un moment de sa vie il a eu besoin, d’une manière ou d’une autre, de moi, il n’a malheureusement pas été présent à l’instant où j’ai eu besoin de quelqu’un à qui parler, à qui me confier, à un moment certainement le plus compliqué de ma vie. Je ne lui en veux pas, c’est comme ça. Tout comme le répète ma chère maman avec beaucoup de classe et distinction, ce n’est pas une fois qu’on a fait dans les draps qu’il faut serrer les fesses.

Je lui souhaite toutefois tout le bonheur du monde, même si je reste toujours persuadé qu’il aura beaucoup de mal à trouver, ne serait-ce qu’une simple forme de sérénité. Karma un jour, karma toujours.

Mazel tov ! Deux billets en moins de trente-six heures. :dunce_tb:

4 commentaires sur “Jiminy Cricket

  1. Il y a des amis qu’on perd de vue pendant des années, parfois même après des mots pas gentils, et puis qu’on retrouve un bon jour ou était ce une nuit comme si de rien ne s’était passé, ou plutôt si, enrichi du manque et de l’apaisement.
    Je le sais, j’ai des amis perdus de vue qui sont reviendus!

  2. Difficile à accepter pour moi (j’ai beaucoup de mal avec le changement) mais certaines amitiés ne sont faites que pour passer dans notre vie. Pas pour y rester. L’amitié que tu évoques semble, de plus, être une passion amicale… Intense et destructrice. C’est beau… Mais ça fait mal. Des bises

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