La famille

Dimanche dernier, Paulo, le grand-père de Snooze, a fêté ses quatre-vingt-cinq ans.

Paulo a réuni toute sa famille pour cette grande occasion. Il a également convié des amis de sa génération et des amis résistants. Paulo est communiste depuis la guerre. Sa femme l’était aussi. Mamée est décédée un 24 août. C’était aussi le jour du mariage de Julien, le frère de Snooze.
J’ai été invité en tant que conjoint. Trente-deux personnes sont attendues au restaurant. L’établissement est à quelques kilomètres de la maison de Paulo.
Nous nous étions donné rendez-vous à dix heure en bas de notre immeuble. Nous sommes arrivés à 10h02. Ce retard a semblé contrarier la sœur de Snooze. Nous arrivons finalement un quart d’heure avant l’heure du rendez-vous gare Saint-Lazare. Nous devions retrouver Robert, cousin allemand, Marion, cousine de Snooze, et Manuel, le fils de la dernière compagne de l’oncle de Snooze. Nous nous retrouvons et montons dans le train. L’ambiance semble un peu tendue. Chacun semble chercher quelque chose à dire à son voisin.
Paulo et Julien nous attendent à la gare et nous conduisent directement au restaurant. La famille arrive petit à petit. Marine et Clément, les deux autres cousins, arrivent avec leurs parents. Ils sont joyeux. Marine adore son grand-père. Elle semble très protectrice. Les deux petits enfants sont taquins. Ils avaient un temps souhaité faire médecine comme leurs parents. Quand Clément était plus jeune, il voulait « faire comme Maman : se lever tard et bien gagner sa vie ». Ils n’ont pas eu la chance de passer en seconde année, mais semblent avoir trouvé leurs voies. Clément vient de passer une année en Australie. Marion est maintenant journaliste. Ce sont deux bobos. Je les aime beaucoup.

Tous les invités sont présents, sauf Tinh, la mère de Manu. Tinh était la compagne de Jean, le fils de Paulo et donc l’oncle de Snooze. Ils vivaient ensemble, mais Jean n’avait jamais pu divorcer. Ils est décédé il y a quelques années de cela. Les choses semblent s’être mal passées entre Marion et sa mère, et Tinh.

Le reste des convives arrive. Tout le monde se présente.

« Je te présente roidetrefle, l’ami de Snooze »
« Bonjour Madame »
« Ah, vous êtes un ami du petit fils de Paulo, c’est bien cela ? »
« Oui Madame, enchanté de faire votre connaissance »

Une grande table en u est dressée. Paulo est au centre, entouré de ses deux filles. Les anciens se trouvent à sa gauche, les plus jeunes à sa droite. Marine, Clément, Aurore (l’amie de Clément) et Manu se débrouillent pour être assis ensemble. Ils se retrouvent au bout de la table des vieux. Marine est assise à côté de Marius.
Je suis assis à côté de Snooze et face à Robert et Marion. Je n’ai rien à leur dire et je cherche constamment mes mots. Ils n’ont pas plus de chose à me dire. Les banalités défilent. Snooze fait des allers-retours entre notre table et celle de Marine et Clément. J’aurais bien aimé être en leur compagnie. Nous avons passé une délicieuse soirée ensemble il y a quelques mois.

Le repas est gargantuesque. Les pauses cigarette se succèdent. Il est près de 17h00 et nous passons enfin au dessert. Paulo fait un émouvant discours. Il parle de sa famille allemande, du nazisme, de son passé. Il est très fier de Robert. C’est un brillant avocat qui vient de réussir son agrégation. Il est tout jeune et déjà Professeur en droit. Tout le monde applaudit.

Nous rentrons finalement dans la maison familiale. Tout le monde prend ses aises. La chaleur est tombée. Le temps est agréable et la famille se retrouve dans le jardin. Les arrières petites filles vont à la chasse aux prunes. Les cousins semblent complices. La troupe se sépare en début de soirée. Tout le monde s’embrasse et promet de vite se revoir. J’aime bien cette ambiance. Cependant, je ne me suis pas senti à ma place. Ce fut un sentiment curieux. Je ne peux pas le décrire.
Les parents de Snooze nous ont raccompagné sur Paris. Ils ont également raccompagné Manu. Je suis très heureux d’avoir fait sa connaissance. C’est un ovni. Il est interprète pour un député finnois au parlement européen à Bruxelles. Il parle couramment le finlandais, l’anglais, le suédois, le russe, l’allemand, l’italien et bientôt le polonais. Il a une passion pour la grammaire. Il est resté boire un verre à la maison. Nous avons discuté et j’ai vraiment apprécié sa compagnie. Il est modeste, très cultivé, curieux de tout, attentionné et très calme. J’espère pouvoir avoir l’occasion de mieux le connaître.

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