Provigraphe

Ceci est ma participation à la chaîne pornographique Kozlikesque de soutien à Garfieldd. Ce billet, publié il y a un an et consacré à Simone Veil, est terriblement subversif et pornographique. J’en ai froid dans le dos.

« Simone Veil

Par Garfieldd, Jeudi 27 Janvier 2005 :

Le 24 janvier dernier, sur RTL Jean Yves Chaperon entamait sa revue de presse matinale en citant Christine Clerc, éditorialiste de Marianne :

« Mais qu’est ce qu’on attend pour décerner la légion d’honneur à Simone Veil ?
On découvre que Simone Veil est grand officier de l’ordre de l’Empire britannique, mais même pas chevalier de la légion d’honneur française. Alors, on nous explique qu’on lui a proposé il y a quelques années au titre « d’ancienne déportée », ce qui l’avait choquée. « Vous honore-t’on pour avoir été une victime ? », avait dit à l’époque Simone Veil, qui refusa donc le ruban rouge, et « la République n’en parla plus ».

Hélas.

Comme elle est triste cette République quand on consulte la dernière liste en date des promus au grade de chevalier de la Légion d’Honneur…

Claude Pinoteau, Alain Duhamel, Alain Bougrain-Dubourg, Pierre Troisgros, Jean-Louis Foulquier, ont été nommés au grade de Chevalier.

Que dire de la décoration accordée à la journaliste Suzy Menkes, dont la chronique « fashion » au Herald Tribune fait, parait-il, la pluie et le beau temps dans le monde de la mode.

On a rappelé l’histoire le 20 décembre dernier, qui marquait le 30ème anniversaire du vote de la loi sur l’avortement dont elle fut le défenseur éclairé et raisonné. On la rappelle aujourd’hui comme témoin directement concernée mais toujours digne de l’horreur des camps de concentration.

J’insiste sur « toujours digne ». Capable d’expliquer il y a deux jours dans l’émission « Trans Europ Express » qu’il fallait être prudent dans la médiatisation des commémorations pour éviter la saturation qui irait à l’encontre du but recherché. Digne, militante et réfléchie.
Elle est brillamment relayée (ou inspirée ?) dans cette réflexion par l’académicien Bertrand Poirot Delpech qui écrivait il y a quelques jours dans Le Monde : « La commémoration devient un sport national, coincée entre deux dimanches de foot. Le cérémonial s’use, le consensus banalise le souvenir qu’il est censé honorer. La mémoire de la Shoah n’avait pas besoin de ça ».

Simone Veil est une grande dame que la République ne veut pas voir comme autre chose qu’une ancienne déportée. Alors qu’il s’agit d’une figure emblématique de l’Europe qui ne peut se bâtir que parce que, capable de se projeter dans l’avenir, elle sait se souvenir de son passé…

Simone Veil, emblématique première présidente du Parlement européen.
Simone Veil, remarquable Ministre de la Santé.
Simone Veil, infatigable militante des droits de l’homme.
Simone Veil, respectable porte parole des rescapés de la Shoah.
Simone Veil, une femme admirable tout simplement, selon mes valeurs à moi.

Et on cherche encore des raisons de l’honorer ? Ce n’est pas Simone Veil qui serait honorée en fait. C’est la République qui s’honorerait d’oser enfin la distinguer parmi les siens.
« «Plus jamais ça», c’est ce que disaient les déportés. Nous avions très peur de disparaître tous et qu’il n’y ait aucun survivant pour raconter cette tragédie. Il fallait que certains survivent pour pouvoir dire ce qui s’était passé et qu’il n’y ait plus jamais de semblable catastrophe. » (Simone Veil)

J’ai toujours pensé que ce serait diminuer son talent que de la qualifier d’homme politique… »

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