La concession française et le Fake Market

Les réveils sont de plus en plus difficiles.

Il est déjà 9h00. J’enfile mes chaussures et descend faire mon jogging quotidien sur la promenade du Bund. Je continue de courir par habitude, mais je ne suis pas certain que faire du sport en plein soleil et respirer l’air pollué de la ville soit vraiment conseillé. Autant se mettre à fumer les cigarettes chinoises. De l’autre côté de la rive, Pudong est presque entièrement masqué par un nuage provoqué par la chaleur et la pollution.

Nous tentons le petit-déjeuner proposé par l‘hôtel. Contrairement à la veille, nous sommes prêts avant l’heure de fermeture. Différents plats sont proposés. Bouchées chinoises, raviolis, viennoiseries. Le choix est plus restreint qu’au « Prime Hotel » à Beijing. La qualité aussi.
Il fait encore plus chaud. Nous décidons de visiter les parcs de la ville. Nous remontons Nanjing Donglu, artère presque entièrement piétonne sur environ un kilomètre, et nous faisons encore accoster tous les trois mètres par des Chinois nous proposant tout d’abord des Rolex, des Dividi’s, des Ladies Bar’s et même de la marijuana.

De telles propositions étaient improbables à Pékin. Nous commençons à devenir des pros du Bu Xièxie et du Bu Yao (Non merci, je n’en veux pas). La capitale n’est pas aussi ouverte que Shanghai. C’est encore le symbole du pouvoir central et du communisme. Shanghai fait figure de Sodome et Gomorrhe. On trouve très peu de symboles du communisme. Ici, le fric semble roi.

Nous tombons sur La place du Peuple. Au centre, deux parcs abritent trois musées :

Le Shanghai Art Museum est dédié à l’art contemporain et accueille actuellement une exposition sur le design Italien. Le bâtiment fait face à un petit lac couvert de nénuphars. De l’autre côté du parc, le Shanghai Planning Exhibition Hall fait face à Xizang Zhonglu. C’est le centre de l’urbanisme de la ville, inauguré en 2000. Il présente l’histoire de la ville et les nombreux projets architecturaux, tous aussi délirants les uns que les autres. Enfin, au sud de la place, le Shanghai Museum. Ce musée est constitué de dix galeries thématiques réparties sur quatre niveaux et présentant de nombreux trésors artistiques chinois. Alors que Pékin présente palais, temples et demeures quasiment vidés de leurs contenus historiques (reconstitués cependant par des reproductions), ce musée offre aux visiteurs des trésors de peintures, sculptures, calligraphies et céramiques originales. Je crois me souvenir que les vrais trésors chinois se trouvent à Taiwan, les nationalistes ayant emporté de nombreuses pièces pendant leur exil.

La place est bordée de buildings imposants et délirants. Une soucoupe volante est posée sur le toit du Radisson building. Une construction ressemble à une guêpe géante, l’autre à un diamant. La ville à l’air d’être le laboratoire de l’architecture moderne, avec ses réussites indéniables, mais également avec ses immeubles hideux et ratés. Les architectes s’amusent, les habitants trinquent. On a l’impression que la ville est atteinte du syndrome « j’ai la plus grosse ». Plus on construit futuriste et haut, plus on est puissant et plus on a d’argent.

Nous descendons Xizang Nanlu (perpendiculaire à Nanjing Nanlu) Jusqu’à Huaihai Zhonglu. Si Nanjing semble être la rue Lafayette locale, la première partie de Huaihai fait penser aux Champs Elysées. C’est l’avenue favorite des Shanghaïens. Les grands noms de la mode, du design et de l’électronique s’affichent et nous trouvons de nombreux centres commerciaux qui pourraient faire pâlir de jalousie les plus belles galeries marchandes de Montréal. Nous tombons sur certaines enseignes alimentaires que nous apprécions particulièrement. « Ten Fu », le spécialiste du thé vert (nous avions déjà assisté à une cérémonie du thé dans un magasin du groupe l’année dernière à Pékin), mais également « Bread Talk », une chaîne de boulangerie industrielle.
Nous continuons notre route et croisons le Fuxing Park, en plein milieu de l’ex-concession française. Ce parc, l’un des plus vieux de la ville, a été aménagé par les Français en 1909. Les bancs sont les mêmes qu’aux Buttes-Chaumont.

C’est un parc à la française, entre le Luco et le parc Montsouris. Vraiment rien d’exceptionnel pour nous. Il était initialement dénommé parc Gujiazai ou parc français car il était réservé aux colons à cette époque. En 1944, il fut rebaptisé parc Daxing puis Fuxing en 1946.

Un peu plus loin, la foule devient de plus en plus dense. On nous propose à nouveau des DVDs, des montres et des sacs Vuitton. Nous arrivons au croisement de Huaihai et Xiangyang. Les guides appellent ce marché le Shanghai « Xiangyang Clothing Gifts Market » et le décrivent comme un grand marché coloré de surplus et d’invendus. Il faut traduire en bienvenue au fameux « Fake Market » de Shanghai. Ici, impossible de trouver autre chose que du faux : Louis Vulvons, AlbertCrombie, Giorgio Mariani, Addadas, Puma-Ferrari. C’est le temple de la contrefaçon.

Il est indiqué à l’entrée qu’il est interdit d’acquérir un objet copié. L’Etat Chinois se donne bonne conscience. Il n’en a rien à battre. Seules les marques occidentales sont contrefaites.
J’ai acquis l’année dernière avec Cécilou une petite expérience du marchandage. Il est hors de question que nous ramenions du faux. Je marchande le prix d’une horrible pashmina en « 100% pashmina », de cravates et de petits sacs chinois promis à ma mère. Je ne résiste pas à l’idée de marchander une fausse paire de puma, après avoir parcouru l’excellent blog de Céline en Chine qui a réussi à obtenir deux paires pour 130 RMB. Résultat : Une paire de Puma à 65 RMB (6, 5 Euros) proposées initialement 180 RMB (sympathiques pour marcher à Shanghai, à jeter avant de rentrer), 4 jolies cravates en soie non griffées pour 5 RMB pièce (50 centimes d’euro, rabais de 50 %), et 5 petits sacs Chinois pour 4 RMB pièce (le vendeur réclamait 35 RMB par sac au début des négociations). Snooze a un peu honte de moi, surtout pour avoir autant marchandé les cravates. La vendeuses n’est pas contente et me balance un truc en Chinois qui doit vouloir dire « que ta famille soit maudite et se tape des polypes au cul et des oxyures pendant 7 générations ».

Une dernière épreuve nous attend : rentrer à l’hôtel en empruntant le métro en pleine heure de pointe. Et s’il y a une chose qu’il faut savoir, c’est que les chinois sont de véritables brutes dans les transports en commun.

On bouscule, fonce dans la foule, rentre dans la rame et laisse descendre ensuite. Bref, on a une chance sur deux de rater sa station sans entraînement.

8 commentaires sur “La concession française et le Fake Market

  1. Bravo pour le marchandage, c’est un bonheur, la bas… Mlle de Bourge m’avais fait baisse le spuma a 80 (parti de 320). Mon meilleur score, c’est a Beijing: cravate annoncee a 400, obtenu a 25! :jittery_tb: (c’etait les derniers jours, apres 6 mois, j’etais impitoyable)…

    Bonne continuation! :bye_tb:

  2. @ Rouge Cerice: je pense vraiment a toi tous les jours. Ne pas etre ici en touriste doit etre une experience formidable. Et moi aussi j’adooooore le marchandage. Je crois que je vais y retourner pour m’amuser, meme si je risque de me choper des polypes! :laugh_tb:

    @ Mich: les oxyres dans l’avion du retour…non, pas terrible :furious_tb:

    @ Nonochou: Je creche chez l’oncle de Tri-Tinh: c’est le roi des putes a Shanghai. Quant a Tri-Tinh, je lui ai trouve une magnifique robe Balanciagra. :thumbup_tb:

  3. Allez mon roidetrefle! Nouveau challenge….la cravatte cadeau (apres avoir simule une violente dispute avec Snooze par exemple !) Je suis sure que Snooze finira par apprecier le marchandage! C’est trop grisant!
    Au fait, vous avez trouver le rayon bebe-tout-deja-fait ?…

  4. @ Tri cherie. je t’ai commande une usine de robes taille 36 ma perle de la mer de Chine :wub_tb:

    @ Ceciloo: J’ai fait pire pour le marchandage et nous sommes alles dans des endroits que Snooze n’a pas franchement apprecie. Pour les bebes, il y en a plus qu’a Beijing, et ils sont aussi chouux que Nonooooo!

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