Le testament

J’ai le sentiment d’avoir embarqué Snooze dans une galère financière.

Nous allons bouffer des patates en long, en carré et en triangle pendant les vingt prochaines années.

Tout a commencé il y a un mois. Nous sortions tranquillement de chez Nono et passions par le plus grand des hasards devant l’agence immobilière par laquelle il était passé pour acquérir son appartement. Sainte Thérèse de Lisieux m’est brusquement apparue. Elle m’a révélé que ma vie était pourrie mais le serait peut-être moins si nous achetions un appartement. J’étais au zénith de mon coup de pompe. J’avais envie de bouger, de me donner des objectifs pour me sortir du trou dans lequel je ne cessais de m’enfoncer.

Nous sommes donc rentrés tous les trois dans l’agence. Grands sourires, serrage de mains virils. On nous propose un appartement donnant sur le canal Saint-Martin. Nous le visitons une semaine plus tard. Je pousse Snooze à faire une proposition d’achat qui sera vite acceptée par les vendeurs. La scène ressemblait à la damnation de Faust. L’appartement me plaisait mais Snooze ne semblait pas satisfait. Petite cuisine, petite salle de bains, petite chambre mais grand séjour lumineux. Il avait raison. L’appartement était bourré de charme mais nous ne pouvions pas y habiter.

L’achat d’un bien constituait avant tout « une poire pour la soif ». Les prix de l’immobilier à Paris étant déraisonnables, nous n’avions aucune garantie d’avoir les moyens de louer ad vitam aeternam un appartement dans Paris intra muros. Nous nous plaisions dans notre nid actuel car nous l’avions pensé et crée. La solution miracle fut donc la suivante. Nous allions acheter l’appartement du Canal Saint-Martin, le louer et nous servir du capital reçu chaque mois pour payer notre propre loyer. L’équation semblait tentante mais était cependant biaisée et dangereuse : (i) la location constituait un revenu supplémentaire imposable et nous risquions de sauter une tranche, (ii) il fallait impérativement que le loyer reçu couvre les charges et notre loyer actuel, et enfin (iii) il fallait que nous montions une société immobilière.

Snooze tirait de plus en plus la gueule et nous passions notre temps à nous engueuler.

Notre couple, si épanoui depuis 42 ans (Matoo connasse), n’allait certainement pas passer la quarante-troisième année. Le divorce était proche.

Nous avons donc renoncé.

Une semaine plus tard, l’agence nous proposa de visiter un nouvel appartement. Il était situé à quelques mètres du métro Jacques Bonsergent. Immeuble datant de 1850, lumineux, plus grand que notre actuelle location, très grande cuisine et beaucoup de charme. Seul défaut : Une chambre de 21 mètres carrés. Idéale pour monter un bordel à partouzes, mais perte de place dans le cas contraire. L’ensemble était cependant craquant. Je me voyais déjà femme au foyer passant mon temps dans la cuisine à préparer des bons petits plats à mon mari. Bree était revenue. RexSnooze trouvait l’appartement à son goût. Nous avons donc fait une proposition quelques minutes après la visite.

La journée fut éprouvante. L’agence n’arrêtait pas de nous contacter. Trois agences étaient sur le coup et des contre-propositions avaient été réalisées. Nous devions ré-enchérir si nous souhaitions vraiment l’appartement. F et Nono étaient à la maison et assistaient aux échanges. J’ai l’impression que Snooze a changé d’avis après que Nono ait indiqué trouver le prix plutôt raisonnable pour le quartier. Quelques minutes plus tard, nous envoyions un fax faisant office de proposition au prix demandé par le vendeur. Deux autres personnes s’étaient également alignées, mais la propriétaire préféra passer un marché avec deux gentils pédés stériles travaillant dans la fonction publique.

C’était l’appartement de mes nos rêves et nous allions bientôt y habiter.

Le lendemain, nous étions invités chez ma mère pour déjeuner. J’angoissais à l’idée d’aborder le thème de l’achat d’appartement. Elle qui pense encore que Snooze et moi ne sommes que deux colocataires vierges et asexués (une chambre, un grand lit) risquait de s’étouffer en apprenant la nouvelle.

Et bien non. J’étais sur le cul.

« Mickey, c’est formidable. C’est une grande nouvelle. Tu sais, j’ai été endettée toute ma vie. L’appartement vous plait ? Vous avez raison, vous êtes jeunes, foncez ! »

Snooze n’en revenait pas lui aussi.

« Mais attention, non pas que je souhaite que tu te casses la pipe, mais vous devriez être prudents. Pacsez-vous vite, on ne sais jamais »

Elle était à deux doigts de nous conseiller de nous exiler au Canada pour nous marier.

« Oh mon dieu ! Mais j’y pense. Il faut que vous fassiez un testament. Dans le cas ou tu décèderais prématurément, c’est ta salope de belle mère qui toucherait le jackpot. Et il n’en est pas question, plutôt mourir que d’assister à cela »

Ma mère, dans son petit tailleur façon Channel et son chignon impeccable jurait comme un Chartier. Jacky Sardou et Régine avaient pris possession de son corps, il fallait l’exorciser de toute urgence. Soudain, ma grand-mère, du haut de ses quatre-vingt-quinze printemps, somnolant dans un fauteuil est sortie brusquement de sa torpeur :

« Ah cette maudite truie briseuse de ménage ! Il en est hors de question. »

J’en étais désormais certains. J’avais été adopté par les Thénardier.

36 commentaires sur “Le testament

  1. Les femmes de ta famille sont… étonnantes, mais pas uniques. j’en ai également quelques modèles du même genre (pas proches heureusement) dont de toute façon je n’ai plus aucune nouvelle depuis que je me suis mariée avec un nègre…

    pour le repassage, je veux bien venir voir comment tu le fais tout en papotant avec Vroumette (et les enfants, on les fera garder par Snooze ?) :jittery_tb:

  2. @ Orpheus: Bon…ça va! (Ma grand-mère m’appelle Titou)

    @ Peter: Non, pas de Donald, pas encore. Juste S, avec de la distance…

    @ Matoo: Malheureusement non. Juste une petite pause de lucidité dans un océan de déni (sujet du dernier billet de Samantdi). Son but était de me pousser à acheter. Si nous n’avions pas accepté cet appart, elle souhaitait que j’achète seul un studio, rien que pour moi, afin de le louer. Mais je dois reconnaitre que son support inattendu dans cette histoire m’a beaucoup aidé. Avant de me reprocher indirectement d’être homosexuel d’ic quelques semaines et me prendre un scud en plein dans les dents. :dunce_tb:

    @ Nono: et toi, tu préfère quel surnom: Riri, Fifi ou Loulou. :king_tb:
    Tu parles de Grand-maman, noublie pas!

    @ Victor: Chouette, nous pourrons nous retrouver quand nos maris respectifs nous gaveront avec leurs maudits jeux-vidéos :furious_tb:

    @ Akynou: Je suis un maniaque du repassage: Je repasse même les chaussettes. Et oui quelle bonne idée. Organiser un goûter repassage pendant que le Snooze garde les enfants! :clap_tb:

  3. Il y a au moins 2 choses qui m’interpellent dans la phrase suivant (un indice : c’est au tout début et à la toute fin !) : « Mickey, c’est formidable. C’est une grande nouvelle. Tu sais, j’ai été endettée toute ma vie. L’appartement vous plait ? Vous avez raison, vous êtes jeunes, foncez ! »

  4. @ fcrank: Je t’aime moi aussi mon lapin en sucre. :wub_tb:
    Mais pourquoi es-tu soi méchant?

    @ Fiuuu: Aaaaa Fiuuu, tu me fais peur tout d’un coup…. :jittery_tb:

    @ Madeleine: Tu sais, les Auvergnates, elles sont capables de tout! :happy_tb:

    @ Cécilou: Et moi donc, le snif est bien présent et très très gros :huh_tb:

    @ Pedro: J’ai une famille de pétroleuses :thumbup_tb:

    @ Charlène: C’est impossible, je suis ta fille! :jittery_tb: :jittery_tb: :jittery_tb:
    CHARLEEEENE PRESIDENTE!

  5. Note à moi même :
    – 2 Crémaillères à venir : chez les Lamb et les Disney !
    – Ai trouvé une victime à qui refiler ma pile de repassage …
    Et sinon : Félicitations !!!

  6. > Fiuuu : C’est vrai qu’il fout un peu les boules ce forum ! Bon, j’en ai pris pour vingt ans aussi : on verra bien, dans dix ans, ce que vaudront mes 40m2 neufs ! Hein ?! Qui sait qui a quoi là ?! :furious_tb:

  7. @ Nawal: Et tu vas venir aux crémaillères accompagnée de LLM? :bye_tb:

    @ fiuuu: tu es devenu pédé? :laugh_tb:
    Et tu sais, si cela peut te réconforter, lorsque tu parles de prix frolants les 3000 euros le m2 à Orléans, tu es vachement content quand tu tombes sur le double à Paris. Effet bulle?

    @ Victor: Du neuf? Tu n’auras pas au moins de travaux comme dans notre futur chez-nous… :huh_tb:

    @ Nono: Nooooooooon, tu crois? Mon fils est formidaaaaable! :clap_tb:

    @ Fcrank: Mais je t’ai dit que je t’aimais. Que te faut-il de plus? :wub_tb:

  8. J’aurais bien aimé assister à l’entretien ! Poilant quand même les réactions de Maman et GrandMa ! Une bonne avancée quand même, ne sois pas aussi pessimiste ! Elle sait bien où vous en êtes va !
    Je suis passée dans votre future rue dimanche dernier : vous allez être très bien.

    (Pour le repassage, si tu cherches de l’ouvrage je veux bien déposer ma corbeille chez toi et venir la reprendre avant d’aller travailler le matin…. Sauf les chaussettes car cela abîme l’élastique la chaleur du fer tu le sais ?

  9. @ Celui qui…: On me dit souvent que je devrais me faire interner :jittery_tb:

    @ Fauvette: Avec le crédit sur le dos, je vais être obligé de faire des passes repassages le week-end…
    Et elle est jolie, notre rue, et on peut facilement la bloquer avec des poubelles :thumbup_tb:

    @ Fcranky d’amour :wub_tb: : Il faut que ton « gravatar  » soit validé avant d’être diffusé. Imagine par exemple que l’équipe de chez gravatar considère la photo envoyée comme hautement pornographique. Et bien tu serais automatiquement blacklisté. Il faudra attendre quelques jours avant de voir apparaitre ta jolie photo d’oranginaaa rouge :king_tb:

  10. @ Roméo: C’est Fernanda Lopez, la mère de Charlèn et de Maria :clap_tb:

    @ Fcrank: On ne peut pas à la fois être moche, vieux et con ma caille en sucre. :wub_tb:

    @ Samantdi: Lorsque tu passeras sur Paris, la chambre à Partouze sera toute à toi :king_tb:

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