La mafia des repasseuses péruviennes

J’ai toujours eu une sainte horreur du repassage.

Vincent, un ami de Snooze, nous avait recommandé la personne qui s’occupait de l’entretien de l’appartement de sa grand-mère. Cette personne se prénommait Julia. Comme je me tapais en permanence le repassage de cette grosse fainéasse de Snooze, cela commençait à me gaver sévèrement. Julia vivait depuis une dizaine d’année en France. Elle était originaire du Pérou. J’ai donc tenté de la contacter par téléphone. Son français étant approximatif et mon espagnol inexistant, nous n’avons pas réussi à nous comprendre. Vincent lui a donc laissé un message et elle est passée quelques jours plus tard à la maison.
Les premiers essais furent chaotiques. Julia cramait de nombreuses affaires. Parallèlement, ma concierge avait repéré qu’une personne passait une fois par semaine. Vexée de ne pas avoir été sollicité pour ces petits travaux ménagers, je recevais systématiquement mon courrier avec un ou deux jours de retard. Suite à un flingage intense de T-shirt (dont mon préféré avec la grosse carotte rayée), je décidais d’avoir une petite discussion avec Julia afin de lui passer quelques consignes. J’ai donc attendu son arrivée à la maison. A ma grande surprise, Julia avait perdu quelques centimètres en hauteur mais avait gagné quelques décimètres en largeur.

Moi (timide) : Euh Bonjour Madame, vous êtes bien Julia ?

Julissa alias Julia (ou quelqu’un d’autre) : Ah bonyou’l no Julia malade moi pas Julia moi Julissa .

Moi (surpris) : Ah ben alors bonjour Julissa, bienvenue. Et vous êtes qui ?

Elle : no Julia pas Julia moi Julissa.

Moi : Ah bon… :grrr_ee:

Un autre jour de congé, je vis débarquer à la maison Juanita, la tante de Julia, mais également Maria, la maman de Julissa, donc celle de Julia et donc la sœur de Juanita et de Theresa.

Moi : Euh Snooze, y’a une mafia péruvienne qui débarque tous les mardis à la maison.

Snooze : Hein ? Qu’est-ce que tu racontes encore comme conneries?

Moi : Ben oui, c’est jamais la même.

Snooze téléphona immédiatement à Vincent qui lui raconta qu’il n’y avait pas de problème, que c’était toujours comme ça mais que toutes repassaient très bien (ce qui n’était pas tout à fait vrai). Nous avons donc fermé les yeux (en serrant les fesses de peur de rentrer un jour dans un appartement vide car nos nouvelles copines avaient nos clefs), et, après avoir passé la consigne de repasser les t-shirts imprimés à l’envers et de veiller à ne pas flinguer les cols des chemises, notre vie a changé. Lorsque je rentre du boulot le mardi soir, l’appartement sent bon la cire et toutes nos affaires sont déposées sur le lit.
J’ai donc conseillé à mon tour à Céciloo et Jean-Guimauve d’engager Julia. Ils sont vraiment contents. Ils pensaient que Julia passait chez eux mais je crois qu’ils confondent avec Julissa ou Maria.
En septembre dernier, Julissa nous a annoncé qu’elle partait pour un mois au Pérou. Cela faisait près de sept années qu’elle(s) ne s’étai(en)t pas rendue(s) en Amérique du sud. Céciloo et Jean-Guimauve ont eu la bonne idée de lui glisser une petite enveloppe pour ses (leurs) vacances. J’ai un peu honte de ne pas y avoir pensé.

Julia, ou Maria, ou Julissa à (ont) été très touchée(s) et a (ont) ramené à Céciloo et Jean-Guimauve un très beau cadeau du Pérou. Il s’agit d’une fort jolie réplique artisanale d’un bateau péruvien digne des horreurs Fifièsques de Juju. C’est vraiment gentil d’avoir pensé à eux. En plus, le machin a du prendre un maximum de place dans les valise. Cécile suppute que toutes les repasseuses péruviennes sont habiles de leurs mains et n’exclue pas que l’horrible le joli bateau ait été fabriqué et monté en France.

null

Dans tous les cas, ils sont dans la merde. Comme Juanita, Julia, Maria, Tritinh, Julissa, ou Theresa passent toutes les semaines, ils sont obligés de laisser bien en vue le bateau dans leur salon. Ils ont trouvé un endroit idéal, juste au-dessus de la télévision.

Un soir, nous prenions l’appéro chez eux. Soudain, une odeur de moule rance a envahi la pièce. Céciloo a immédiatement déclenché une migraine.
L’odeur provenait de la télévision, exceptionnellement allumée. Nous avons vite résolu le mystère de la moule fantôme de l’espace qui pue. La télé chauffait le bateau, et donc le mini crabe immonde, collé sous la voile, et apparemment non vidé.

Le bateau a terminé la soirée sur le rebord de la fenêtre.

Il a retrouvé sa place quelques heures plus tard. Le gang péruvien ne devait rien remarquer.

2 commentaires sur “La mafia des repasseuses péruviennes

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *