Le week-end avec la joyeuse troupe de syndicalistes

Les employeurs de ma mère proposent chaque année un week-end au ski. Je ne connaissais pas le milieu du syndicalisme et le milieu politique en général. On ne parlait pas politique à la maison, même si mon père était clairement de droite extrême et ma mère de gauche. Je me souviens tout juste d’une engueulade lorsque ma mère a avoué avec un malin plaisir à mon père qu’elle avait voté Mitterrand en 81. Tu es complètement folle. Des communistes au pouvoir. Dans six mois, l’armée rouge débarque à Paris.

Revenons au ski. Pour la seconde année, j’ai suivi ma mère et ses nouveaux camarades dans les alpes. L’ambiance était dès le départ très festive. Un demi wagon de TGV était réservé. Tout le monde se connaissait. Une jeune femme distribuait des cahuètes et du saucisson. On nous proposait des rafraîchissements. Un couple de retraités avait pris des billets en première pour voyager tranquillement. Mauvaise pioche.
Nous partions tous à la neige. Cependant, j’étais mal à l’aise. Je suis timide. C’est maladif. Je peux facilement passer pour un mec asocial. J’avais du mal à parler aux personnes qui m’entouraient. Je souriais niaisement bêtement. C’est tout ce que je pouvais faire. J’ai finalement entouré ma tête d’une écharpe et me suis endormi jusqu’à l’arrivée à Chambéry. Nous avons ensuite emprunté un car qui nous a conduit jusqu’à la station des Aillons. Une chambre nous a été attribuée. Un étage était réservé à la Cégété. Un autre à l’association des pompiers UMP. Ambiance.
Réveil à l’aube et départ pour les pistes. Il suffisait de traverser la route. Toujours parlé à personne. Je devrais me mettre à picoler, cela me permettrait peut-être d’aborder plus facilement mon entourage.
Je n’ai bien évidemment trouvé personne pour skier en ma compagnie en même temps, fallait peut-être proposer à quelqu’un ducon. J’ai donc branché mon iPod et me suis retrouvé en haut des pistes en compagnie de Violetta. C’était superbe. Pas un nuage. Pas un skieur. J’étais tout seul sur les pistes.

J’ai glissé au rythme du trop lyrique Verdi. La station était vide. Vide mais petite. J’avais vite fait le tour des pistes. Je me suis donc amusé à prendre les bosses. Une première fois, une seconde fois. La troisième fois, j’ai déchaussé en plein milieu et j’ai dévalé cette vacherie de piste sur le cul et les cervicales. J’ai heureusement été rattrapé par un filet dont j’ai eu grand mal à me dépêtrer ouhaaa la honte. J’entendais Germont hurler en cœur avec Violetta…

« Piangi, o misera…Supremo, il veggo »

C’est ça, laisse Violetta pleurer mais putain ta gueule, j’suis cassé de partout.

Je n’ai pas prolongé le plaisir et suis rentré déjeuner. Je me suis pissé dessus tellement j’ai eu peur. Tout le monde était déjà à table. Ma mère m’attendait sagement. Elle n’avait pas osé s’incruster à une table. Nous avons donc commencé à déjeuner seuls comme des glands grands pendant que le reste des Cégétistes biberonnait festoyait gaiement. Il restait heureusement deux places à la table voisine et nous avons migré de quelques mètres mais pas plus parlé. Putain faut que je me décoince. Un mec était face à moi. Il avait une vingtaine d’année, était accompagné lui aussi de sa mère et devait être une copine Mouais un pédé de plus.

Je suis reparti le bassin en compote sur les pistes. J’ai retenté les pistes à risque(s) et tout s’est bien passé. Le soir, même pensum. Nous devions nous mêler à la troupe. Je flippais à l’avance. Heureusement, ma mère avait passé la journée à faire des raquettes et s’était fait une nouvelle amie Merci la nouvelle amie d’avoir supporté môman pendant 3 heures. Nous avons donc dîné en sa compagnie et celle de son fils resté muet. Le menu était diététique. Soufflé au bleu, salade mexicaine, tartiflette, charcuterie savoyarde et tarte aux myrtilles. N’étant pas venu pour me faire pousser le cul, je me suis rabattu sur la salade.
Une soirée était prévue. Le comité d’entreprise était redoutable. Tout était planifié de A à Z. L’organisation était parfaite. Je regrette de ne pas avoir pu me mêler au reste de la troupe. Ayant vraiment mal au dos, je me suis éclipsé lâchementet ai laissé ma mère représenter dignement la famille.
Le lendemain, même programme. Nous devions rendre nos chaussures et nos skis vers 16h00. Juste avant de rentrer sur Paris, j’ai retrouvé une personne rencontrée brièvement l’année dernière. Elle ne savait pas faire de ski mais était alors montée avec ses deux enfants en haut des pistes. Elle était morte de trouille et ne savait pas comment redescendre. Je lui ai proposé de descendre collée à moi en chasse-neige. Lorsqu’elle m’a reconnu, elle a dit : oh ! mon héro. Elle m’a fait marrer. Nous avons commencé à discuter, et cela sans s’arrêter jusqu’à Paris. C’était une dingue d’histoire. D’origine kabyle, elle m’a longuement parlé de l’Algérie. La discussion fut passionnante. C’est avec regret que nous nous sommes quittés.
Trop con de l’avoir retrouvée juste avant le départ. Je ne me suis pas fait beaucoup de copains parmi les joyeux syndicalistes, mais ce n’est pas grave. Je pense tenter une nouvelle fois ma chance l’année prochaine.

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